L'intelligence au service de l'amour
Chapitre 8 - L'intelligence au service de l'amour
Au grand étonnement de Râleuse, la reine Bertille la Bienheureuse, sa mère, vint ce même jour, s’asseoir et converser avec elle. En tapotant sa main qu'elle serrait entre les siennes, sa mère lui dit sa fierté d'avoir une fille avec une telle sagesse et lui redit sa tendresse. Cette fois-ci, alors que d'ordinaire elle rejetait les gestes d'affection et tous les mots d'amour, Râleuse accueillit joyeusement les compliments et les mots d'amour, puis se laissa caresser. Encouragée par l'attitude de sa fille, la reine l'enseigna :
— Sache ma chère fille, que ta vie durant, tu seras la seule à pouvoir protéger ton cœur des faussetés et des saletés. La seule en capacité d'avoir un regard aimant et aimable sur ton environnement, sur les situations et aussi sur ton prochain.
Après ces quelques conseils, la reine Bertille la Bienheureuse, sa mère, céda la place au roi Salomontil le Sage, son père.
— Tu es si intelligente, lui dit-il. Tu es même la plus intelligente de mes six enfants. Seulement, tu as enfermé tes talents derrière des murailles de jérémiades et emprisonné sous des monticules d'amertumes. Pendant dix-sept longues années, bientôt dix-huit, tu as gaspillé ton temps, ton énergie et tes dons en plaintes répétitives.
— Tu as parfaitement raison...
— Tiens, je vais te raconter une petite histoire qui devrait, j'en suis certain, te faire t'interroger :
" Il était une fois un vieil homme assis à l'entrée d'une ville du Moyen-Orient. Un jeune homme s'approcha de lui et demanda :
— Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme lui répondit par une question :
— Comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
— Égoïstes et méchants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais bien content de partir, dit le jeune homme.
Le vieillard répondit :
— Ici, tu trouveras les mêmes gens.
Un peu plus tard, un autre jeune homme s'approcha du vieil homme et lui posa la même question :
— Je viens d'arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme répondit de même :
— Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
— Ils étaient bons, accueillant et honnêtes. J'y avais de bons amis et j'ai eu beaucoup de mal à la quitter, répondit le jeune homme.
— Tu trouveras les mêmes ici, répondit le vieil homme.
Un marchand qui faisait boire ses chameaux non loin de là avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme se fut éloigné, il s'adressa au vieillard sur un ton de reproche :
— Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ?
Le vieil homme lui répondit :
— Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur. "
(Anonyme)
— Râleuse, ma fille chérie, ma benjamine, ajouta le roi son père. Toi que j'aime exactement comme tes cinq frères et sœurs. Tant que tu n'avais pas essuyé le verre encrassé du bout de ta lorgnette et que tu ne t'étais pas décentrée de ton petit nombril, tu étais en incapacité de discerner le vrai du faux, d'apprécier tes faveurs et de voir le meilleur en toi, mais aussi en chacun. Par chance, ton œil ne voit plus faussement et ta vision des choses m'apparait comme plus juste. Attention, toutefois. Ton changement d'attitude est une aubaine, mais désormais, il te faudra veiller sur l'état de ton cœur et te protéger de toutes pensées trompeuses et négatives.
— Oui, père.
— Allez, il est temps pour moi de m'en aller et te laisser méditer sur cela.
— Bien, père.
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