Chapitre 25
Le vent hurlait dans les montagnes, portant avec lui une neige dense qui recouvrait tout d’un manteau blanc. À l’intérieur du chalet, le silence régnait, seulement troublé par le crépitement de la cheminée et le souffle faible de Vincent. Elsa, assise près de lui, ne bougeait pas. Elle lui tenait la main, cherchant désespérément une lueur d’espoir dans son visage pâle et marqué par la douleur.
Karim entra discrètement, son regard sérieux.
— Elsa, on doit partir, dit-il doucement.
Elle leva les yeux vers lui, le regard dur.
— Je ne le laisserai pas.
Karim soupira, passant une main nerveuse dans ses cheveux.
— Écoute, Jano est mort. Mais son empire ne s’est pas effondré pour autant. Ses associés, ses hommes… ils vont vouloir se venger. Nous sommes tous des cibles, Elsa. Rester ici, c’est signer notre arrêt de mort.
— Alors partez sans moi, répondit-elle, déterminée.
— Tu sais que ce n’est pas une option, rétorqua Karim. Tu comptes pour nous tous. Et lui…
Il désigna Vincent d’un geste.
— … il ne voudrait pas que tu restes là à attendre une fin qui pourrait être la sienne.
Elsa détourna les yeux, serrant la main de Vincent un peu plus fort.
— Il pourrait se réveiller, murmura-t-elle.
— Et si ce n’est pas le cas ? Si ceux qui cherchent à se venger arrivent avant ça ?
Karim s’agenouilla près d’elle, son ton devenant plus pressant.
— Je ne dis pas ça pour te blesser, Elsa. Mais on ne peut pas sauver tout le monde. Si tu restes ici, tu meurs avec lui, et tout ce qu’on a fait pour abattre Jano n’aura servi à rien.
Un silence pesant s’installa. Les larmes d’Elsa commencèrent à couler, silencieuses.
— Il n’a pas le droit de partir, murmura-t-elle, comme pour elle-même.
Karim posa une main ferme mais douce sur son épaule.
— Peut-être qu’il reviendra. Mais toi, tu dois vivre.
La nuit continua de tomber, plongeant le chalet dans une obscurité presque totale. Elsa restait agenouillée près de Vincent, refusant de bouger.
Karim entra à nouveau, cette fois accompagné de Samir.
— Elsa, on part maintenant, dit-il d’une voix ferme.
Elsa secoua la tête.
— Je ne peux pas.
Samir, habituellement nerveux et silencieux, prit la parole.
— Elsa… il s’est battu pour que tout ça soit possible. Pour qu’on ait une chance de vivre après Jano. Si tu restes ici, tu piétines son sacrifice.
Ses mots frappèrent Elsa comme un coup de poignard. Elle ferma les yeux, laissant les larmes couler librement.
Finalement, elle se releva, tremblante.
— Si je pars… et qu’il se réveille… il sera seul.
Karim hocha la tête.
— S’il se réveille, il saura quoi faire. C’est Vincent. Il est plus fort que tu ne l’imagines.
Elsa s’approcha une dernière fois de Vincent. Elle se pencha doucement, posant son front contre le sien.
— Je t’aime, murmura-t-elle. Je t’en supplie… reviens-moi.
Elle essuya ses larmes, puis se tourna vers Karim et Samir.
— Allons-y.
Le groupe quitta le chalet sous la neige battante. Elsa se retourna une dernière fois avant de monter dans la voiture, ses yeux fixant les fenêtres sombres.
À l’intérieur, Vincent restait immobile, son souffle faible mais présent. La lumière du sapin clignotait doucement, projetant une lueur vacillante dans la pièce.
La voiture s’éloigna, emportant Elsa et ses compagnons dans l’obscurité de la nuit.
— On reviendra pour lui, promit Karim.
Mais Elsa ne répondit pas. Ses yeux restaient fixés sur l’horizon, son cœur partagé entre l’espoir et l’angoisse.
Dans le chalet, la neige continuait de tomber, enveloppant tout d’un silence presque surnaturel.
Et sous la lumière vacillante du sapin, Vincent bougea légèrement, ses doigts se repliant faiblement sur la couverture.
Fin…
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