Solal
Il a toujours été rêveur, dans son monde, coiffé un peu à l’ancienne, comme venu d’un autre temps.
Il pouvait passer sa matinée à lire des classiques, plongé dans son époque, hors du temps.
Il me faisait penser à l’un des trois mousquetaires, prêt à sortir son épée, pour combattre en récitant des poèmes. On lui a souvent dit qu’il était trop bon, trop gentil.
Il se donnait aussi un air rebelle et une allure de peintre, mais les deux ne font pas bon ménage. J’ai toujours pensé qu’un jour ça allait le briser.
Fort heureusement pour moi, il a tenu, grâce à son tempéramment de feu, son courage et sa vigueur. Il chantait des récitals le soir, sous les balcons (en réalité il sortait sa guitare sous les terrasses des appartements en banlieue parisienne) et la journée il combattait les méchants dans la troupe de robin des bois (en réalité il allait dans la forêt et attendait la venue d’individus suspects).
Il fallait faire la part des choses, avec lui. Il idéalisait le monde, il racontait des histoires, il s’inventait un personnage, une autre vie, où il était bien mieux.
Il s’appellait Solal, et bien plus qu’un homme fou, c’était un homme heureux.
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