ENTRE 4 YEUX AVEC...
Le générique de l’émission «Entre quatre yeux avec… » se termine pour laisser la place à son présentateur vedette, Ulysses Marvin.
Ulysses Marvin : Mesdames et messieurs, bonjour ! Bienvenue dans ce nouveau numéro d’ « Entre quatre yeux avec… ». Nous accueillons aujourd’hui Orion Sullivan, auteur du dernier best-seller « 24h dans la vie d’un coursier de la Mafia ». Orion, bienvenue parmi nous.
Orion Sullivan (baisse ses lunettes de soleil pour foudroyer du regard le journaliste) : Premièrement, j’aimerais que vous m’appeliez M. Sullivan ou Ogz qui veut dire Original. On en avait convenu avec mon agent.
Ulysses Marvin (confus) : Veuillez m’en excuser Ogz.
Orion Sullivan : Deuxièmement, évitez de m’interrompre quand je prends la parole. Troisièmement, j’ai publié d’autres best-sellers comme : « Terreur sous les tropiques », « Castagne à Caracas » ou encore « Dernière course pour L’enfer ». Donc rendez à césar ce qui lui revient.
Ulysses Marvin : En effet, on peut dire que vous êtes très talentueux.
Orion Sullivan (avec un sourire éblouissant sponsorisé par email diamant) : Ce n’est pas pour rien que l’on m’a surnommé « L’étoile montante de la littérature » ou « Le prodige de la prose » !
Ulysses Marvin : c’est vrai. Mais ce soir, vous nous allez nous parler de votre dernier best-seller « 24h dans la vie d’un coursier de la Mafia ». Quelle est l’histoire de ce roman ?
Orion Sullivan (lève les yeux au ciel) : On dirait que vous n’avez pas lu vos fiches avant de faire l’émission. Je vais devoir faire votre travail à votre place. « 24h » nous met dans la peau d’un étudiant obligé de donner une journée de sa vie au parrain de la Mafia locale. S’il ne fait pas ce que lui demande ce parrain, il ne pourra pas rembourser les dettes de jeu de son père et verra sa famille exécutée. Je pense que vous pouvez faire votre travail à présent. Où est le mojito que j’ai demandé il y a une demi-heure ?
Ulysses Marvin (gêné) : Vous ne pouvez pas boire en direct vous savez ?
Orion Sullivan : Pour quelle raison ? Ça me permettrait au moins de supporter votre incompétence journalistique. Et puis ça va avec mon attitude rock’n roll.
Ulysses Marvin : Vous plaisantez Ogz. Les spectateurs apprécient votre humour dont vous émaillez vos œuvres. Est-ce le cas dans « 24h » ?
Orion Sullivan (pointe un réprobateur sur Ulysses) : Vous n’avez pas lu mon livre. Vous devriez avoir honte. Bien sûr qu’il y a de l’humour dans mon livre. Cela permet de créer un contraste entre la légèreté des personnages et la brutalité de leurs actions.
Ulysses Marvin : il est vrai que votre personnage principal passe du statut de garçon idéaliste à celui de personnage froid et sanguinaire en une journée. Comment avez-vous eu l’idée de faire ça ?
Orion Sullivan : J’ai été élevé dans une famille aimante qui a toujours voulu que je sois parfait sous tous les points comme mon héros. Je me suis toujours demandé ce qui arriverait si on me laissait plus de liberté et goûter à cette part d’obscurité qui est en nous tous. Mon héros en faisant sauter ses barrières morales et familiales révèle ainsi un être impitoyable.
Ulysses Marvin : Il y a notamment une scène particulièrement oppressante où votre héros doit torturer avec un couteau de boucher un homme. Au début, il est tétanisé par cet acte puis se met peu à peu à s’en délecter. Qu’est ce qui vous a inspiré cette scène ?
Orion Sullivan : La scène de torture de Reservoir Dogs avec Michael Madsen. Je me suis demandé comment cela pourrait se dérouler avec un gars maladroit et vertueux à la place de Mister Blonde.
Ulysses Marvin : En plus de l’humour et de la barbarie, il y a aussi de l’amour. Mais un amour différent des histoires habituelles dans ce genre de roman.
Orion Sullivan : Mon héros est en couple avec une jeune femme souvent absente qu’il soupçonne de la tromper quand il n’est pas avec elle. Quand ils sont ensemble, elle abuse de sa gentillesse, le traite comme un moins que rien. L’idée était de le deviriliser avant de la voir s’affirmer au fur et à mesure de l’histoire. Mais bon, on pourrait arrêter de spoiler mon livre ? Je voudrais bien continuer à en vendre un paquet pour payer les pensions alimentaires de mes mégères d’ex-femmes. On en a terminé ?
Ulysses Marvin : Oui. Ce sera tout pour aujourd’hui. Cher public, n’oubliez pas d’acheter ce livre disponible chez tous vos libraires. Bonne journée.
Orion Sullivan : Où est mon mojito, bordel ?! Qu’on m’amène des Marlboro aussi ! Ça se voit qu’on est sur une chaîne publique. Ça ne se serait pas passé comme ça sur TF1.
Annotations
Versions