Juste un moment de lâché prise
Je titube tel un somnambule dans la ville en ruine.
La douleur irradie dans tout mon corps, souvenir brûlant de ma dernière "mort".
De mes vêtements, il ne me reste que des loques fumantes et mon habituel manteau de ténèbres.
Je pose lentement un pied devant l’autre, ignorant la souffrance.
Une forme se présente alors sur ma route.
Aucun mot n’est prononcé quand nos regards se croisent.
Uniquement un soupir de ma part.
Je suis trop épuisé pour lutter.
Elle vient me soutenir naturellement, s’empressant de se placer à mes côtés, passant mon bras par-dessus ses épaules.
Je pourrais partir d’ici en un clin d’œil… mais je suis trop éreinté pour ça. J’ai besoin de lâcher prise… au moins pour cette fois.
Elle me conduit patiemment, pas à pas, jusqu’à une maison abandonnée suite aux derniers évènements.
C’est là, devant une cheminée qu’elle me lâche, le temps d’allumer un feu.
« …Je ne peux pas tomber malade, pas la peine de te donner tant de mal, tu sais ? Et puis je serais rapidement de nouveau opérationnel… »
« Peut-être, mais un peu de chaleur en attendant, c’est plus agréable, non ? »
« …Si. »
Je tombe en avant, incapable de me soutenir plus longtemps.
Elle me réceptionne précipitamment dans ses bras, mais je suis trop lourd et nous chutons ensemble au sol !
« Désolé… »
Pour toute réponse, elle m’enlace doucement.
Le nez plongé dans ses cheveux, je n’ai d’autre choix que de respirer son odeur.
Elle sent toujours aussi bon.
« Par contre, c’est vrai que tu es un peu lourd… ! Attends. »
Au prix d’un gros effort, elle réussit à me faire rouler sur le côté, se libérant.
Je l’ai aidé comme j’ai pu, mais mes bras flageolants n’ont pas non plus été d’un grand secours…
Elle m’observe avec un sourire complice aux lèvres.
« Je ne sais plus à quand remonte la dernière fois que je t’ai vu dans un état pareil… »
« Ne t’y habitue pas. »
« Tu m’as dit la même chose la dernière fois, il me semble. »
« …Oui. »
Elle se rapproche, alors qu’elle loge sa main contre ma joue en un geste tendre.
« Mais la dernière fois, je ne crois pas que tu t’étais retrouvé à moitié nu… »
Je dois faire une expression particulièrement comique, car elle éclate aussitôt d’un doux rire attendri !
« Oh, cet air gêné est adorable ! »
Je détourne le regard, le sang me montant au visage.
Elle se colle à moi, me grimpant légèrement dessus, sa voix mi-amusée, mi-désolé me chuchotant à l’oreille : « Oh, allez, je te taquine, excuse-moi… »
Je garde la tête résolument tournée.
« Tu boudes ? »
« …Non. »
« Personne n’est là pour t’entendre, tu sais ? Tu peux lâcher un peu ton masque de grand-méchant sans défauts. »
Elle est vraiment allongée sur moi à présent, ses petits seins se faisant bien sentir contre mon torse à travers le tissu de sa robe.
Je tressaille quand des dents se referment imperceptiblement sur mon lobe !
Par réflexe, je pivote la tête pour me libérer de cette intime pression, mais c’est pour me retrouver, en contrepartie, nez à nez avec elle !
Ses lèvres viennent trouver les miennes.
…Bon, d’accord, juste pour cette fois.
Je ne peux pas fuir mes sentiments sans cesse, je suppose…
Je réponds à son baiser.
Aucun empressement dans notre baiser, nous profitons simplement de l’instant.
Avec les vieux souvenirs et les attentes qui nous lient, d’autres se seraient jetés l’un sur l’autre, je pense… mais pas nous. Au contraire.
Car c’est plus qu’un désir physique qu’il y a entre nous… nous n’en serions pas là, sinon.
En parallèle, mes forces me reviennent de plus en plus vite, ce corps achevant de retourner à son état antérieur…
Les jambes de ma cavalière se déplacent, pressant sur ma zone intime, ce qui ne manque pas de me provoquer un nouveau tressaillement et des rougeurs.
« Oups ? »
Ronronne-t-elle innocemment contre ma bouche, rompant notre baiser.
Mes mains viennent s’emparer de ses hanches.
Elle émet un glapissement, surprise par la fermeté de ma prise.
« Oups » dis-je à mon tour, « je crois que j’ai retrouvé toutes mes forces plus vite que tu ne l’avais escompté. »
J’esquisse un sourire carnassier, alors que j’inverse soudain une nouvelle fois nos positions, lui interdisant toute possible retraite.
« Tu t’es bien amusé ? À mon tour. »
Les ténèbres de mon manteau s’animent sur un ordre muet de ma part, coulant au sol, telle une ombre liquide qui s’empresse de nous encercler… puis de refermer ses tentacules sur les poignées et chevilles de ma désormais dominée.
Un sourire coquin retrousse sa bouche.
« Oh, flûte… tu vas pouvoir me faire tout ce que tu veux ! »
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