Chapitre 32 - Le karma
La voix stridente d'Annabelle s'élève par-delà la porte du bureau de Riley. Comme des adolescents pris sur le fait, nos corps se séparent hâtivement.
—Je dois le voir maintenant.
—Annabelle vous ne pouvez pas pour le moment, il est en entretien.
— Alyssa combien de fois dois-je vous le répéter ?
Son ton aussi sec que son âme, et me fait sursauter.
— Excusez-moi, c'est vrai, madame.
La pauvre Alyssa. Annabelle la dénigre sans arrêt, lui rappelant qu'elle n'est que la secrétaire. Pourtant sans elle, l'entreprise ne tournerait pas rond. Appréhendant les talons claquer vers la porte de Riley, ce dernier se précipite et me dit en chuchotant :
—Va dans ton bureau et n'en bouge pas.
Prise de panique, je ne discute pas et me redresse à la vitesse de l'éclair. Je cours presque à travers le bureau et déverrouille la porte donnant sur le mien pour m'y réfugier. À peine le temps pour moi de franchir la porte, et de la refermer, que celle du grand patron vibre sous le coup marqué de cette vipère.
— Riley chéri, on ne s'est pas vu ce matin.
J'essaie de tendre l'oreille pour écouter ce qu'il s'y passe. Un bruit de vêtements froissés me met en alerte, mais la voix résonnante d'Annabelle me fait sourire légèrement.
—Quand te décideras-tu de m'embrasser ? Tu sais le jour du mariage, le prêtre te demandera de le faire. C'est la tradition.
— Nous n'y sommes pas encore et puis, je me garde pour ce merveilleux jour.
Le couple marque un temps d'arrêt, puis le rire amusé d'Annabelle retentit dans toute la pièce.
—Très bien, par contre tu peux me sauter.
Le tintement de la ceinture retentit de nouveau, je constate qu'il a eu au moins le temps de se rhabiller. Mais mon cœur saigne à l'idée qu'il offre à Annabelle ce qu'il allait justement me donner.
— Pas maintenant, je n'ai pas le temps.
Malgré la voix autoritaire de Riley, Annabelle continue sa progression, et j'entends sa courte robe glisser sur le sol. Un léger fracas, des feuilles qui s'envolent, et le bureau se met à vibrer dangereusement.
Le couple halète en communion pendant plusieurs minutes et les larmes me montent sans que je ne puisse les contrôler. Sans la moindre discrétion, Annabelle Jouit et un long silence s'ensuit. Je quitte lentement ma position d'écoute pour aller m'affaler sur ma chaise.
Mon Dieu, qu'allais-je faire ? Finalement, l'avenue d'Annabelle venait peut-être de me sauver.
Soudain, un coup de téléphone me fait sursauter. Les yeux dans le vague, j'observe sans vraiment voir, l'état de mon bureau où des dossiers s'empilent avec de la poussière décorant même certains endroits inexplorés de mon bureau. Mais le téléphone noir lui, est luisant de brillance tant je m'en sers à longueur de journée. Le point rouge clignotant, m'indique un coup de téléphone interne. Il faut que je décroche. Mon bras lourd peine a arrivé jusqu'au bout.
— Kira, ma chérie, excuse-moi je n'ai pas eu le choix, tout va bien ?
Alyssa est vraiment adorable. J'essaie de me reprendre en toussotant pour ne pas l'inquiéter davantage, et lui affirme que ce n'est pas de sa faute.
—Tu me rassures. Monsieur Carvin appelé, je t'ai pris rendez-vous avec lui pour demain.
—Monsieur Carvin ?
—Le directeur de Just Dress.
C'est vrai, j'avais complétement oublié l'espace d'un instant, ma présence dans le bureau de Riley juste avant de m'échapper de force. Je lui ai promis d'aller à ce rendez-vous, et de ne pas accepter aucune avance.
Il y a encore pas mal de boulot qui m'attend jusqu'à demain. Mais tout d'abord, je dois informer Riley de mon rendez-vous de demain. Suite au coup de téléphone d'Alyssa, je passe un certain temps, à tendre l'oreille pour m'assurer qu'Annabelle ne soit plus dans son bureau. Puis, timidement, je tapote à la porte de service.
Surprise, je ne m'attends pas ce que Riley ouvre aussi violemment. Le regard implorant, je comprends qu'il essaie d'ouvrir la bouche pour me déverser un flot d'excuses. Mais je n'ai pas le cœur à ça, et me tiens à mon objectif.
—J'ai rendez-vous demain avec Carvin. Je vous informerai de la suite .
J'ai comme une sensation qui ne m'as pas entendu, puisque son regard s'adoucit, et sa main s'approche de moi pour me caresser la peau. Mais je m'en éloigne.
— Kira, je...
— J'ai du travail, excusez-moi.
Je referme aussitôt la porte, et mon corps se meurt contre le bois. Les yeux levés au ciel, je parviens encore à retenir quelques larmes. Ma main caresse mes lèvres tendrement gonflées avec le goût de Riley flottant dans ma bouche.
Ce n'était qu'un doux rêve ...
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