Chapitre 43 - Une décision...
Je tourne en rond dans mon appartement jusqu'à ce que les vertiges m'obligent à me poser.
Seule dans ce grand trois pièces, je m'échine à chercher la raison du comportement de Riley envers moi, mais j'ai conscience que ce n'est pas la priorité.
Kira ma vieille, concentre-toi ! Il t'a demandé un compte rendu du rendez-vous avec Carvin, bon sang !
Mais les images nues de Riley trottent toujours dans ma tête à l'instar de ce vieux décrépit malsain. Indécise, j'ouvre et referme plusieurs fois mon ordinateur. J'essaie décrire un email pour Riley afin de lui expliquer la situation, mais je ne parviens pas à trouver mes mots.
Vingt-et une heure.
Mon téléphone vibre. Un texto d'un numéro inconnu s'affiche sur mon écran. Il ne me faut pas longtemps pour en trouer l'auteur.
J'attends votre email.
Cours, précis, et froid comme la glace.
Et si je l'appelais ? Ce serait peut-être plus simple de vive-voix...
Cherchant le numéro inconnu enregistré maintenant dans mon smartphone, mon doigt tremble à glisser sur le téléphone vert. Les trois sonneries d'attente qui s'en précède sont certainement les plus longues de ma vie. À ma plus grande surprise, c'est une femme qui me répond.
— Allô ?
Je n'ai pas besoin de la voir pour savoir dans quelle position elle se trouve. Cette voix encore endormie, marque un temps d'arrêt, et je ravale quelques larmes avant de lui répondre :
— Je suis bien sur le téléphone de Monsieur Kingsrock ?
— C'est bien cela. Il ne peut pas vous répondre, il est sous la douche mais je peux prendre un message...
Bip bip bip...
Quel mufle ! Il n'a pas eu sa dose. Tu devrais le rappeler pour le pourrir !
Finalement je m'abstiens. Après tout je ne vais pas lui offrir ce plaisir. Il attendra pour Carvin. Une douleur incommensurable envahi mon estomac. L'odeur de la trahison flotte partout dans l'air.
Mais puis-je vraiment le lui reprocher ?
On a couché ensemble alors qu'il venait de se fiancer avec Annabelle. Je suis la première au courant de son infidélité puisque j'en suis l'outil, et comble du comble, la douce voix au bout du fil n'était pas sa promise...
Tiraillée entre tristesse et colère, je m'arrache presque les cheveux.
Il faut que je peigne!
M'enfermant dans ma pièce réservée à la peinture, j'enfile ma blouse vieille de plus de dix ans qui, même au fil des nombreux lavages, à garder certaines traces de mon passé. Je me calfeutre dans mon antre secret. La pression retombe un peu. J'entrepose une toile sur mon chevalet et réfléchis à la bonne teinte qui conviendrait à mon esprit torturé du moment.
Du gris et encore du gris sous toutes ses formes. Pour la toute première fois de ma vie, je me lance à décrire une mer agitée. Parfois il m'arrive de la voir aussi dans les yeux de Riley. Je m'inspire de son essence pour reproduire les sentiments que ce chamboulement m'inspire lorsque son regard me tourmente. Environ trois heures plus tard, j'ai terminé. Je regarde la pendule en m'étirant.
Deux heures du matin.
Il faut que j'essaie de dormir. Après tout, on m'a toujours enseigné que la nuit porte conseil. Je peux aisément affirmer que ce sont des conneries. Je n'ai quasiment pas fermer l'œil de la nuit, tournant et virant dans tous les sens, sans parvenir à trouver le repos. Une boule de nerfs s'est formé au creux de mon ventre pour ne plus me quitter.
Pendant ces quelques heures allongée, j'ai eu le temps de faire un bilan sur moi-même. En effet malgré le comportement sournois de Riley à mon égard, je ne peux pas lui jeter la pierre. Finalement, il n'a pas tant changé que cela. Déjà au lycée, il se comportait de cette manière.
Par contre, depuis nos retrouvailles, Kira elle, n'était plus la même...
Sans m'en rendre compte, c'était Katherina qui allait travailler tous les jours chez DCK à ma place. Une faible, qui se laisse marcher dessus. Je suis lentement retournée dans les travers de l'insignifiante Katherina Hellman sans y prendre gare. Pourtant, je pensais l'avoir enterrée depuis longtemps...
Mais cette fois-ci, je compte bien la faire partir définitivement.
Aussi, un plan machiavélique se met en place dans mon cerveau. J'ai envie de faire avaler la monnaie de sa pièce à ce PDG de pacotille, et si cela peut apaiser mon tourment au passage, ce ne sera que du bonus. La journée passe vite. J'ai la sensation d'avoir gagné un brin d'énergie en fouinant dans l'immense penderie à la recherche de la perle rare pour mon plan...
Riley me harcèle au téléphone, pendant tout ce temps. M'évertuant à l'ignorer, je me contente de lui envoyer un message aussi austère que possible.
Je suis en repos, je prendrai rendez-vous avec vous demain...
Et TOC, Mister Connard!...
Annotations
Versions