— Mademoiselle Crossley, nous vous attendions  ! Vous êtes en retard.

Je déteste le ton supérieur qu'emploie Riley pour me parler alors qu'il n'y a encore que quelques heures, il était ivre mort sur l'ancien bureau de son père aux archives. Je ne lui adresse aucun regard en signe de protestation et octroie un fin sourire au reste de l'Assemblée.

Bien entendu, je mets toutes mes forces en avant pour ne pas croiser de nouveau le regard de Well qui se donne un malin plaisir à me toiser de la tête aux pieds. Son insistance à mon égard me donne soudainement envie de prendre une douche pour me laver de son poison.

Tous, sont déjà confortablement installés autour de l'immense table et la quasi-totalité des chaises sont occupées.

On se croirait à la table ronde du roi Arthur  !

Le problème lorsque l'on est en retard, c'est que bien souvent, la seule place disponible est toujours celle où l'on ne veut absolument pas se mettre. Dans un sens, ça ne m'étonne pas que la chaise soit libre.

Qui voudrait se placer à côté du vilain petit canard, qui restera toujours vilain  ?

Bref...

D'un pas presque nonchalant, voire gauche, je me dirige à la droite de Satan. Tel un gentleman, ce pourri de Well, se lève à mon arrivée à ses côtés et vient tirer ma chaise sous le regard furieux de Riley qui s'interrompt un instant alors qu'il répondait à une question d'un des actionnaires.

— Mademoiselle Crossley  !

Le simple son de sa voix me fait frémir, mais il faut que je tienne bon et que je garde la face au moins le temps de la réunion. Il ne s'agit pas à ce que je perde toute crédibilité auprès des collaborateurs et de Riley.

Une fois installée, et jugée en douce par à peu près tout le monde, notre PDG nous accueille officiellement pour notre réunion exceptionnelle. Naturellement, il commence par expliquer la désastreuse situation qui nous pousse à y assister.

J'essaie de me concentrer sur le discours solennel et tragique de Riley, mais le souffle de Well se rapproche dangereusement de moi, ce qui me fait sursauter lorsque sa main se colle à ma cuisse. Kingsrock intercepte mon soubresaut et dirige malgré lui son regard sur nous, alors qu'il continue de parler calmement et sans fourcher.

Well l'ignore et plante enfin ses yeux dans les miens emplit de colère et d'effroi. Son regard de serpent glisse sur mes lèvres en un sourire effroyable. Riley toussote pour changer la donne mais rien à faire, Well continue de me bouffer du regard, sans même se soucier s'il s'affiche en public ou non.

— Mademoiselle Crossley, si vous voulez bien, je vous laisse la place pour nous présenter les chiffres de ces cinq dernières années.

— Oui, Monsieur Kingsrock.

En me levant, Adam décroche enfin sa main de ma jambe sous l'œil haineux de mon amant. J'arrive à capter enfin son attention en lui passant devant pour m'installer devant le paper board et lui glisse discrètement en un murmure :

— Ça va okay, reste calme je t'en prie...

Well lui adresse un sourire conquérant, comme celui d'un homme prêt à tout pour parvenir à ses fins. La respiration de Riley se fait profonde et presque grondante.

Sur le point d'exploser, je panique et prend le risque, de faire mine de tomber en éteignant la lumière dans ma chute. La salle sans fenêtre est plongée dans le noir complet pendant quelques secondes.

Tout va très vite. Des voix pleines de questions s'élèvent et je me précipite sur Riley juste à mes côtés pour saisir son visage et y déposer un baiser rapide avant de reprendre ma position. En rallumant la lumière, je prends soin d'emprunter un visage niais et presque enfantin, pour parfaire cette image déplorable que je viens d'afficher à tous.

Seul Riley, au courant de mon manège et ne peut s'empêcher de sourire en passant ses doigts sur ses lèvres.

Dans la foulée, je m’excuse pour ma maladresse volontaire. Certains ne cachent pas leur mépris à mon égard, en montrant des signes d’impatience, mais je m’en moque. L’essentiel c’est que Riley retrouve son calme.

Alors, à la surprise générale, je cesse de sourire comme une pauvre écervelée et jette un regard plein de détermination, juste avant de me lancer dans une présentation bien plus qu’acceptable au vu du temps qu’il m’est été imparti pour la préparer.

Je n’hésite pas à utiliser le paper board ce qui ravit Kingsrock qui en profite pour dévier son regard sur mon fessier dès que l’occasion se présente. Investit par ma mission, j’ignore ces mâles en ruts et aborde chaque point avec précision, ce qui semble le satisfaire mais également le subjuguer.

Au bout de vingt bonnes minutes, la soif m’assaille. Avec le stress, et la chaleur de cette pièce, je suis contente d’avoir opté pour un chemisier léger. Pourtant, je donnerais tout pour un verre d’eau. Un coup d’œil à l’assemblée me fait rapidement changer d’avis cependant.

Je sacrifierais volontiers tous les pichets d’eau de la planète si cela pouvait me permettre de les vider sur la tête de Well qui me bouffe littéralement du regard d’un air pervers. Alors que je parle encore et encore de l’entreprise et de son devenir, Adam continue de me dévisager en prenant soin, de m’observer sous toutes les coutures comme un pervers insatisfait en quête d’amour dans une boîte de strip-tease.

Une fois mon intervention terminée, Riley me remercie, et pose chaleureusement sa main sur mon épaule en m’invitant à m’assoir de nouveau. Ce simple contact m’électrise et me renverse de l’intérieur.

On ne peut pas lui enlever un certain charisme et une certaine faculté à apaiser ses troupes.

Sur le gril, à l’autre bout de la table, Adam trépigne sur place de me revoir m’installer à ses côtés.

Yeark !

Profitant de l’agitation instantanée dû à mon discours appuyé de chiffres faramineux, Well en profite pour se faire moins discret mais plus intrusif à mon égard. Il rapproche sa chaise jusqu’à ce que nos cuisses se frôlent. Ses serres agrippent mon jean, en quête de mon entrejambe, sans ménagement...