Chapitre 78 - Burn Out
À en croire le regard que me lance Monsieur Kingsrock, il ne semble pas surpris de ma révélation.
Comment cet homme peut-il être à ce point clair-voyant ?
Des bras m'enserrent avec vigueur, les applaudissements continuent et je mets un certain temps avant de réaliser que Sharon et Maisy sont là, devant moi à me féliciter pour mon courage et mon discours.
J'essaie de me concentrer sur elles, sachant que Riley doit attendre que je lui offre une attention particulière. Une fois les remerciements faits, c'est le cœur lourd que mes yeux dévient sur l'assemblée.
Bakes est ravi et n'en termine pas de sourire de toutes ses dents. J'imagine, que sa Une pour demain est déjà en train de s'imprimer dans son cerveau. Car, au delà des apparences, c'est bien l'odeur des billets verts qui le met en joie et non ma condition ou la noble cause que j'ai essayé de défendre ce soir.
Pour autant, je n'y fais pas de cas, puisque ce n'est pas lui qui habite toutes mes pensées.
Qu'est-ce que Riley doit bien penser de moi ?
Mes entrailles se mêlent et me lacèrent de l'intérieur. L'idée de ne plus jamais le revoir me consume et m'anéantit bien plus que je l'avais imaginé...
Un homme se dirige d'un pas hâtif vers le fond de la salle où la lumière s'estompe dans une lueur tamisée et intimiste. Sans voir son visage, je comprends tout de suite qu'il s'agit de Carvin. Je reconnais son costume marron foncé, flottant sur ces cuisses avec sa veste trop cintrée cachant un petit ventre bedonnant.
Tant mieux !
Je n'aurais pas à essuyer la parade défensive d'un chien de garde à qui l'on aurait enlevé son os. Je ne me sens plus la force de faire ma forte pour ce soir.
J'ai déjà tout donné !
Je vais enfin pourvoir aller dormir en paix, débarrassée de ces faux semblant qui ne me ressemble pas. Je reconnais avoir eu tort. Katherina est toujours vivante. Là, où les injustices et les faux semblants de la richesse, font vibrer mon coeur dans une irritante mélancolie amère.
Comme dans un poulailler à l'heure du ravitaillement, les invités jacassent à haute voix. Certains s'emportent et oublient qu'ils portent du Armani en se donnant en spectacle. Les avis divergent quant à mes accusations. Si bien, qu'on ne prête presque plus attention à moi.
J'essaie de démêler la foule éparpillée pour retrouver Riley, mais je n'aperçois qu'Annabelle folle de rage et au bords des larmes.
Mince ! Je lui donnerais dix ans de plus. Ça ne va pas à tout le monde d'être humilié !
Sharon m'interpelle et je ne l'entends presque plus. Mes yeux se brouillent, j'ai la nausée. Il faut que je recule ou je risque le pire. Des talons s'enfoncent dans le parquet derrière moi dans un galop incroyable.
Trop tard !
Mes yeux se ferment.
Je me sens si faible...
— KATHERINA !
Quelqu'un me parle ? Mais pourquoi ?
D'un coup je me sens soulagée comme si mon corps flottait dans les airs. J'aimerais ouvrir les yeux mais je n'y arrive pas.
Je suis morte ? C'est si paisible...Tout est noir autour de moi et le silence m'appelle. Je crois que je vais rester encore ainsi encore un peu. Juste le temps de me reposer... J'ai tellement envie de dormir...
— Kira ?
Non laissez-moi s'il vous plait !... Pas encore, je ne suis pas prête...
— Kira ?
— Rileyy ?
Ma voix n'est qu'un miaulement qui me tue les oreilles, mais les sons sortent difficilement du fond de ma gorge, alors je marque un temps d'arrêt.
Je profite de cette pause pour ouvrir imperceptiblement les yeux et m'accommode du bruit environnant, que je ne connais que trop bien.
— Une voiture ? Mais où suis-je ?
— Chuttt, reste tranquille, je vais te ramener chez toi.
— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Tu t'es évanouie. Il semblerait que tu sois complètement épuisée ma pauvre.
D'un coup mon cerveau fait tilt. Je me concentre malgré la pénombre de la voiture pour fixer l'homme qui s'adresse à moi avec douceur.
— Simon ?
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