Chapitre 82 - Malchance
C'est incroyable de voir à quel point on peut être dépendant de ces machines de l'Enfer. Après avoir crié, idiotement sur Bakes qui semble surpris par ma réaction démesurée, je saisis l'ordinateur et m'enferme, furieuse dans la chambre afin de me changer. Posant l'outil sur mon lit défait, j'essaie vainement d'allumer l'écran, mais rien ne se passe.
Merde !
Toutes les traces de mon passage à DCK se trouvent dans ce vieux coucou, et même si je prends sur moi en me disant qu'il est indispensable de tourner la page. Je dois avouer que cette méthode est un peu trop brutale à mon goût.
Foutu Karma !
Une chance que j'avais fourni tous mes dossiers à Mark afin qu'il puisse prendre le relais pour le futur numéro du magazine. Quand bien même, la totalité de mes projets personnels de lingerie vient d'être réduit à néant.
J'ai parfaitement conscience de m'en prendre à la mauvaise personne lorsque je fixe la porte close, en écoutant le son de la main désespérée de Simon, frapper dans l'attente d'une réponse. Mais c'est plus fort que moi.
Je lui en veux, je m'en veux, j'en veux à Riley, à Annabelle, à Carvin, à Well... Je vais finir par péter un boulon !
Rapidement, je ne me laisse pas emporter dans cette envie fugace de détruire tout ce qu'il se trouve à portée de main, et enfile un jean moulant, des baskets, et une simple chemise d'un bleu Cobalt. Un chignon affreux relevé sur la tête, et un coton démaquillant au passage, je file, ordinateur sous le bras en direction de la sortie.
Simon s'écarte vivement à mon passage et me décrit presque terrifié, tandis que je fais mon possible pour l'ignorer le visage fermé. Il me rattrape en deux grandes enjambées, mais je repousse son bras qui me touche douloureusement. Je claque la porte et m'enfuis dans les escaliers.
Il me faut une bonne demi-heure pour trouver un informaticien. De nos jours, il n'y a plus vraiment de boutique de ce genre. En général, les victimes d'une attaque au café appellent directement les dépanneurs et les déposent chez eux, mais je n'ai pas le temps pour ça.
En furie, j'arpente les rues jouxtant mon appartement et en général, c'est à ce moment-là, que l'on croise quelqu'un qu'on a absolument pas envie de voir.
— Carl ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Les yeux brillants de surprise de Carl se posent sur moi, lorsqu'une blonde pétillante à la poitrine un peu trop découverte se ligote au bras fort de mon ancien amant.
— Kira ?
Carl cherche ses mots, mais sa jeune, voire très jeune amie, ne manque d'aucune spontanéité et l'interroge comme si je n'étais pas là.
— Doudou, c'est qui elle ?
Doudou ? Une chance que la colère coule encore dans mes veines, sinon je pense que mon cul aurait embrassé le sol en une fraction de seconde.
— Oh oui, chérie je te présente Kira, une ancienne... Amie, Kira je te présente...
— Je m'en fous, répondis-je en serrant la main de la pétasse tout en continuant :
— Pourquoi s'encombrer de tant de manière puisqu'on ne se reverra jamais. Je suis Kira, ou comme bon vous semblera de m'appeler en m'évoquant à l'avenir. Je ne suis pas une ancienne amie. D'ailleurs je n'ai jamais été son amie. J'étais concrètement sa pute d'un soir par-ci par-là. Mais ça a tout de même duré deux ans. Parfois il disparaissait pendant un mois, et revenait me voir la queue en l'air pour me sauter. Voilà, excusez-moi je n'ai pas le temps. Je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Quelques fois on se sent pousser des ailes !
Je ne suis pas peu fière de ce que je viens d'accomplir. Et finalement, la tête complètement médusée de Carl alors que je le contourne pour continuer mon chemin, vaut toutes les pannes informatiques de la planète.
Une aigreur me perce la gorge lorsque je me dis que je dois tout ça à Riley une fois de plus. Sans lui je serais toujours soumise à Carl, en attendant les jambes écartées dans mon appartement...
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