Chapitre 86 - Dépression
L'entrevue avec Simon m'a fait du bien. Je ne pensais pas que mettre les choses au point avec tant de simplicité pouvait être aussi apaisant. En même temps, mes expériences passées avec les hommes se sont toujours montrés tumultueuses et presque tragiques. Mais là, je pense avoir gagné un bon ami avec Bakes. Je fais donc attention à ne pas me montrer trop amicale avec lui pour le moment, sachant son attraction pour moi toujours aussi intacte que lorsque je m'étais offerte à lui...
Nous avons beaucoup discuté de Riley, ce jour-là. Il m'avait écouté raconté mon épopée avec lui, en silence. Très respectueux de mes choix et de mon attachement à Kingsrock, Simon s'était contenté de me sourire avec amour et m'envoyait juste un message de temps en temps pour prendre de mes nouvelles.
Maisy m'a également recontacté. Je l'ai remercié pour sa générosité et lui avais fait part de mon projet d'achat. Rapidement, elle m'avait fait part d'une proposition d'embauche, qui m'aurait obligé à quitter Sharon à la galerie. Très touchée par son offre, je n'ai pourtant pas réfléchis davantage et refusait poliment. Bien qu'elle ait manifestée quelque peu sa déception, elle m'encourageait à poursuivre mes rêves et mes ambitions
Quels rêves ? J'ai gâché ma chance avec celui que je considère être comme l'homme de ma vie. Ma carrière de créatrice de mode tombe un peu plus à l'eau à chaque magazine vendu, qui déverse mon histoire avec DCK et Just Dress...
Cela fait quinze jours que je me suis dévoilée. Dans son malheur, je me réconforte en observant les nouveaux visiteurs deux fois plus nombreux à la galerie. Sharon est aux anges et moi, de nouveau dans l'ombre.
Certains se souviennent encore de mon visage, comme celui qui est apparu en page trois d'un chiffon quelconque, mais je sais très bien que d'ici peu, tout reviendrait à la normale. J'ai rendu mon appartement. Je n'y avais pas mis les pieds depuis des jours.
Pourtant, c'est pleine d'espoir que je m'y suis rendu. En quête d'un indice ou d'une infime trace du passage éventuel de Riley. Il occupe encore toutes mes pensées. Même lorsque je referme pour la dernière fois cette porte, ultime témoin de ma vie passée.
Comment puis-je penser que Riley pense encore à moi, ou qu'il me cherche ?
Quinze jours... Silence radio...
Je me suis interdit d'appeler Alyssa pour prendre des nouvelles, et monsieur Kingsrock père a même renoncer à essayer de me joindre. J'ai toutes les cartes en main pour changer de vie dans mon tout nouveau loft, mais rien n'y fait. Je tourne en rond. Je n'ai même plus l'inspiration pour peindre. Sharon m'encourage du mieux qu'elle le peut, ais je reste terrée dans un mutisme profond.
Bip Bip
— Simon ?
— Oh, je tombe mal ?
— Non, du tout j'étais en train de réfléchir...
— Oh... Je t'appelais pour savoir si je pouvais passer te voir.
— Maintenant ?
— Oui, en fait je suis dans la rue que tu m'as indiqués et je tourne en rond. Il y a une vieille femme qui me regarde bizarrement par sa fenêtre. Elle me fait peur. Tu pourrais venir me secourir.
Je souris. Cette femme, c'est ma nouvelle voisine, Madame Rita. C'est une veuve, quelque peu lugubre, qui vit avec une ribambelle de chats et se passionne pour les commérages. Je l'ai déjà surprise à guetter ma porte pour voir si quelqu'un entrait où en sortait. J'avoue que cela peut être flippant.
— J'arrive.
En raccrochant, j'hésite une seconde. C'est la première fois que je le vois chez moi depuis notre histoire. Je reste sur mes gardes et ouvre la porte en laissant un rayon de soleil lumineux traverser la pièce. Simon est splendide. Son sourire me parvient en plein cœur et il me rend mon timide signe de la main au centuple.
En petite foulée, il court vers moi, un bouquet de fleurs à la main et me le tends alors que son visage perd de sa magie en me décryptant.
— Kira, tu es souffrante ?
— Non pourquoi ça ?
— Tu es très pâle, et tu as les joues creusées. On dirait même que tu as perdu du poids...
— Ne dis pas de bêtises, voyons. Quand bien même , j'ai de la réserve, ne t'inquiète pas tant.
J'essaie de sourire pour le rassurer, mais en vain. Il me suit volontiers dans mon immense salon sans cesser de m'observer, ce qui m'agace un peu. Pour sa défense, il est vrai que j'ai une sale tête. Cela fait des jours que je dors peu, et je ne me rappelle plus vraiment la dernière fois que j'ai mangé...
Je romps le silence en montrant la splendeur des lieux, et en lui proposant un café. Il lui faut plusieurs minutes avant qu'un infime sourire se dessine sur ses lèvres, mais il parait toujours préoccupé. Au bout d'un moment, je n'y teins plus et baisse les armes.
— Simon , qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu m'inquiètes... Vraiment. Tu n'aurais pas lu la presse à tout hasard ?
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