Chapitre 93 - C’est à ce moment-là...
Encore des battements de cœur irréguliers. Je pose ma main sur ma poitrine comme pour tenter d’apaiser mon palpitant. Ce geste attise la curiosité de Riley, qui assombrit d’autant plus son regard. Au bout d’un moment, il pose ses genoux à terre, frôlant presque les miens.
— Qu’est-ce que tu attends de moi Katherina ?
Les bras m’en tombent. Depuis combien de temps ne m’avait-il pas appelé comme cela ? Je crois que de mémoire, que c’était ce fameux soir où nous avions passé notre toute première nuit ensemble.
Mon silence l’agace. Je connais bien sa gestuelle, et ce sourcil naviguant nerveusement sur son front ne me trompe pas.
— Je... Je suis tellement désolée Riley, laché-je dans un sanglot à peu près maitrisé.
Déçu, il enchaîne comme imperturbable.
— Tu es désolée... Mais de quoi, hein ? D’avoir couché avec moi, il y a dix ans ? Ou peut-être d’avoir couché avec moi récemment ? Attend, j’y suis presque. C’est surement de m’avoir royalement ignorée après avoir acceptée l’argent de mon père ? Tu sais, il y a tellement d’options, il va falloir que tu m’éclaires !
Il me méprise. J'ai horreur de ses sarcasmes !
Comme une claque donnée en pleine figure, je ravale ma salive et mes larmes.
— Je suis désolée de ne pas t’avoir avoué mon identité lorsque je suis arrivée à DCK.
Surpris, Riley se relève et me lance un rire nerveux. Machinalement, je trouve la force de m'élever et le suis à travers le terrain.
— Là, tu vois tu m’épates ! Me lance t-il avec aigreur.
— Pourquoi ça ?
— Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre ?
— Pas ce que tu as mentionné en tout cas...
Soudain, il m'attrape le poignet avec ardeur, ce qui m’arrache un cri de douleur. Sans y prendre cas, il m’entraîne un peu plus loin sur le terrain dépeuplé et m'interroge sans même me regarder.
— Tu te rappelles le jour où Jessica Anderson a vidé sa cannette de soda dans tes cheveux ?
Quelle question !
— Oui, j’y étais... Me risqué-je pour détendre l’atmosphère.
C’est un regard passionné qu’il glisse vers moi avant de fixer de nouveau les gradins. Mais, je n’arrive plus à me concentrer sur le paysage, seul la douceur et l’amour apparut une fraction de seconde dans ses prunelles animent mon être tout entier.
— Tu étais là !
Son doigt se tend vers l’un des gradins. Je cligne plusieurs fois des paupières comme à la recherche du bon souvenir dans ma mémoire. La scène me revient parfaitement, mais j’avoue omettre ma position exacte dans ces tribunes, qui à l'époque étaient toujours bondées les jours de matchs.
— Tu étais avec ton amie, la petite blonde... Je ne sais plus son nom, et Jessica s’est moquée de toi une fois de plus. Elle te persécutait sans arrêt, je m'en souviens très bien. Mais ce jour-là tu as décidé que c’était la fois de trop. Le coup sifflet a marqué un temps mort, je suis sorti du jeu un instant et je t'ai vu te lever et lui coller une grande claque devant tout le monde.
Je n'en reviens pas qu’il se rappelle avec précision de ce moment si fugace. Surtout, qu'à l'époque, nous ne partagions encore aucune intimité, amicale ou sexuelle, même si j’étais déjà secrètement amoureuse de lui.
— C’est à ce moment-là, que je suis tombé amoureux de toi pour la première fois.
Je me fige. Sa main se desserre de mon poignet et mes yeux se collent dans son dos. Complètement subjuguée et abasourdie, j'ai du mal à croire à ce que je viens d'entendre. Est-ce mon imagination ?
— Quoi ?
Ma voix se meurt dans un murmure tremblant, bien plus que je ne le souhaite.
— C’est à ce moment-là... Que je suis tombé amoureux de toi pour la première fois, répète-t'il lentement et clairement, en se tournant vers moi.
Son regard a changé. J’ai du mal à réaliser ce qu’il m’annonce . Il se moque de moi ? De la vengeance ? Non, il n’oserait pas ...
J’essaie de me projeter dans le passé. De mémoire, nous avons commencé à discuter au moins six mois après cette histoire avec Jessica. Entre temps, je l’ai vu sortir avec la moitié de ma classe, et même avec Cindy du cours de peinture... C’est impossible !
— C’est impossible ! Me répèté-je à haute voix.
— Et pourquoi ça ?
— Tu ne savais même pas que j’existais. On a commencé à se parler que bien plus tard...
— C’est là que tu te trompes. Je t’ai remarqué dés l’instant où nous sommes arrivés dans ce lycée. Mais je me suis laissée influencer par les plus populaires, dans l’espoir de le devenir à mon tour.
— Excuse-moi Riley, mais j’ai du mal à avaler ça. Tu es sorti avec toutes les filles que tu voulais, alors pourquoi tu te serais intéressé à moi ?
— Tes yeux, ton sourire... Tu m’as captivé. Puis, je me suis intéressé à ta peinture. J'ai même tenté de me rapprocher d’une fille de ton cours, pour essayer de t’atteindre...
Cindy...
— Mais plus les mois passaient, plus je trouvais difficile de t’aborder. Nos chemins prenaient des routes trop différentes.
— Alors pourquoi avoir changé d’avis ?
— Je n’arrivais pas à me résigner de quitter le lycée sans aucun souvenir de toi, mis à part tes sourires que je captais au coin des couloirs. J’avais envie qu’ils me soient destinés, ne serait-ce qu'une fois. Mais tu ne me regardais pas. Et un jour, tu es sorti avec un certain Dylan et ça m’a rendu dingue. Je l'ai menacé, pour qu'il te laisse tranquille...
— Dylan ? Oui c’est vrai, on est sorti ensemble une fois ou deux, mais ça ne donnait rien, alors on a vite arrêté... Enfin, j'étais loin de me douter que c'était toi... Tu sais quoi Riley ? Toi aussi tu te trompes... Je te regardais. Tout le temps même. Comme toutes les filles de l’école d’ailleurs. Tu penses que le football m'intéressait ? Je n’y allais que pour te voir...
Ma révélation le surprend vraiment et je commence à réaliser qu’il ne se moque pas du tout de moi.
— Tu m‘aimais ?
— Oh oui, je t’aimais... Confirmé-je accompagné d’un petit rire nerveux.
Mais Riley ne sourit pas. De nouveau son visage s’assombrit avant de me questionner.
— Alors pourquoi m'avoir laissé tomber pour de l'argent ?
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