VII - Amina / Ali
— Ali, ta sœur n’est pas rentrée, tu sais où elle est ?
— Non. Je ne l’ai pas vue depuis hier soir.
— Ouh, c’est bizarre, ça, je vais voir dans sa chambre.
Dans la chambre de lycéenne bien rangée de Selma, le traversin a été mis en chien de fusil sous la couette, pour simuler la présence d’un corps, ce qu’Ali et sa mère voient tout de suite. Alors, ils comprennent que Selma a fugué. Amina commence à se tirer les cheveux, tout en proférant des imprécations dans sa langue natale. Ali, lui a tout de suite identifié un coupable.
— Ah, le fils de pute ! Si je le trouve, je lui pète la gueule !
— Mais, de qui tu parles, mon fils ?
— De qui je parle ? Mais du roumi avec qui Selma sort, tiens !
— Comment ça, ma fille sort avec un roumi et sans me le dire ? Et toi, non plus !
— J’avais pas vraiment compris avant ce soir, maman. Ils font tout en scred.
— Mais tu crois que…
— Si c’est pas fait, ça va se faire, c’est sûr, s’ils sont partis pour le week-end, c’est pas pour enfiler des perles !
— Ouh, la, la ! Avec un roumi, Mais c’est qui ?
— Le fils du mécanicien serbe du dessus.
— Milos, le vigile ?
— Ouais, c’est ce tarba, je suis sûr. Je l’ai vu rôder autour d’elle.
— Il faut réunir la famille, ton oncle et ta tante, ton cousin. Il faut qu’on décide ce qu’on va faire.
— Il faut aller à la police, d’abord, il y a enlèvement de mineure. Selma n’a pas encore dix-huit ans.
— Non, non, pas la police. La police, c’est toujours des ennuis. On va régler ça entre familles, comme on fait chez nous. Va chercher ton père au café et dis-lui que Selma a fugué.
— OK, m’man, j’y vais.
(à suivre)
©Pierre-Alain GASSE, septembre 2020.
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