Night Riders #2
6 jours plus tôt :
Aujourd'hui, le ciel est bleu, c'est agréable. Une petite brise me caresse la peau et me rafraîchit, malgré le fait que l'été ne soit pas encore là ; le soleil n'a pas perdu son temps. Quelques rares nuages blancs procurent un peu d'ombre, ce qui ne fait pas de mal en cette fin de printemps. J'ai bien choisi ma journée, c'est propice à une petite visite. Je récupère mon sac sur la banquette arrière de la Challenger, j'en profite pour l'inspecter rapidement d'un coup d'œil. Elle est rutilante, lavée et lustrée pour l'occasion. La carrosserie blanche et immaculée donne l'impression qu'elle sort de l'usine, quoi qu'elle devait paraître moins neuve en sortie d'usine. Il y a longtemps que j'ai perdu le fil du nombre d'heures que Kyle et moi avons passés à la remettre en état et à la chouchouter, et je ne parle même pas de l'argent que nous a couté tout ça. Mais elle en vaut vraiment la peine, encore plus maintenant... C'était notre rêve quand on était gosses. Papa avait cette vieille cassette qui prenait la poussière dans un carton du grenier, "Vanishing Point", sans aucun doute le plus culte des "road movies" jamais produit, on le regardait au moins une fois par semaine, à tel point que nous connaissions tous les dialogues, assez peu nombreux en réalité. Dans ce film, Kowalski, le personnage principal, conduisait très précisément une Dodge Challenger R/T blanche de 1970, avec un moteur Chrysler 440 "Magnum" de 7,2l, un vrai monstre pour l'époque et un son inimitable. Cette voiture nous faisait rêver tous les deux, et nous nous étions fait la promesse qu'un jour nous aurions exactement la même, ce que l’on a réussi à accomplir.
Je finis par la verrouiller, mon sac à bout de bras, et m'avance vers le grand portail métallique rouillé. Quel dommage que je ne puisse pas rentrer la voiture, Kyle a sûrement envie de la voir. Je ne pourrais pas passer un jour sans l'admirer, alors un an... Je marche dans l'allée, passant les petits panneaux verts marqués de chiffres ; Kyle est au 2815. Après quelques instants, j'y arrive enfin, je m'arrête devant le petit monument et comme à mon habitude y dépose une petite clé à molette, en souvenir de la première fois où l'on a utilisé ce même type de clés pour s'atteler au projet "Kowalsky". Au même moment, la brise pousse la porte du cimetière que j'avais mal refermée, produisant un bruit strident mais lointain. Sans m'en préoccuper, je lève les yeux au niveau de la photo incrustée dans la pierre tombale : "- Salut frangin..."
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