Chapitre 5 : La grotte aux amours perdus
La grotte était sombre et seulement illuminée de temps en temps par des champignons luminescents. Pour le moment, Marc suivait un tunnel sans croiser âme qui vive. Il arriva soudainement dans une salle beaucoup plus grande, remplie de gobelins.
À vue d'œil, Marc dénombra une trentaine de gobelins et, par chance, excepté trois ou quatre d’entre eux, tous les autres dormaient près de plusieurs feux de camp. Personne n’avait remarqué sa présence.
Marc se dit aussitôt que, de manière conventionnelle, il n'avait aucune chance de vaincre. Cependant, il avait un atout sans pareil et, par chance, le sol de la salle était fait de terre. Il se camoufla dans l'obscurité de la grotte, puis plongea sa queue végétale dans le sol et se mit à la faire pousser et à la diviser autant que nécessaire pour pouvoir attaquer en toute discrétion l'ensemble des gobelins en une seule et unique fois. Cela lui demanda énormément de concentration et surtout une immense minutie pour diviser et contrôler autant d'extensions de lui-même en même temps.
Le végétal s'enroula discrètement autour de la tête de l'ensemble des gobelins, puis se mit à les étouffer. Les quatre gobelins éveillés tentèrent de se défendre, mais cela fut vain, et tous périrent sans avoir eu le temps de tenter la moindre attaque.
Comme à son habitude, Marc dévora l'ensemble des gobelins. Cela lui permit d'obtenir une évolution relativement étrange, mais qu'il décida d'activer malgré tout : passer sous la forme d’un chien bipède. En gros, son corps prit la forme d’un gobelin, mais couvert de poils canins, avec des ailes de poulet dans le dos, une queue végétale et une tête restant celle d'un chien.
"Au moins, j'ai des mains maintenant", se dit Marc. "Si je dois récupérer des bagues comme c'est indiqué, ça sera plus simple."
Avec l'expérience acquise jusqu'à maintenant, Marc décida d'améliorer la compétence ailes de poulet et d’augmenter sa force de frappe. Les ailes de poulet devinrent alors des ailes de pigeon.
- Je suis déçu… Même si c'est un peu mieux, vu mon poids, je ne suis pas prêt de m'envoler avec des ailes de pigeon, se dit Marc en parlant à lui-même. Bon, continuons l'exploration.
Marc poursuivit son parcours et arriva devant trois portes. Il choisit celle du milieu et entra dans une salle gardée par deux hobgoblins. Derrière eux se trouvaient les fameuses bagues annoncées dans la quête.
Les hobgoblins foncèrent sur Marc qui, ne sachant pas comment les affronter, décida de courir en rond pour éviter leurs coups. Après un bon quart d'heure à courir ainsi, Marc se rendit compte que les hobgoblins s'étaient arrêtés, essoufflés, en train de reprendre leur souffle. Il décida de profiter de ce moment pour attaquer : pendant qu'il étouffait un hobgoblin avec sa queue, il arracha la carotide de l'autre garde avec ses crocs. Les deux hobgoblins s'écroulèrent, morts.
Marc les dévora et gagna un point de force supplémentaire. Il récupéra ensuite les bagues, puis ressortit de la salle et emprunta une autre porte à la recherche de l'un des amoureux.
Derrière la porte, il y avait un véritable labyrinthe de couloirs et de pièces. Marc explora minutieusement chaque recoin, éliminant les quelques monstres qu'il croisait de temps en temps, bien que ceux-ci semblaient aussi perdus que lui.
Après un temps qui lui parut une éternité, il finit par trouver un jeune homme recroquevillé dans un coin, pleurant son amour perdu.
- Excusez-moi, dit Marc, j'ai reçu pour mission de vous aider.
- Ahhhhhh ! Un monstre ! cria l'homme, terrifié.
- Calmez-vous, s'il vous plaît. Je sais que j’ai une apparence des plus étranges et que je dois sûrement ressembler à un monstre, mais je suis là pour vous aider, tenta de le rassurer Marc.
L’homme se calma un peu et demanda :
- Qui êtes-vous et pourquoi ressemblez-vous à ça ?
- Je m'appelle Ouaf le Marc. Vous pouvez m’appeler Marc. J’étais un aventurier, et un jour, une rencontre avec une sorcière me valut un maléfice qui me transforma en une créature étrange. Le seul moyen de lever la malédiction est que je dévore un million de monstres, mentit Marc.
- Comme je compatis... J’ai moi-même reçu une malédiction m’empêchant d’être auprès de ma bien-aimée.
- Je vais vous aider à la retrouver. Enfilez cette bague.
Marc escorta alors l’amant jusqu'à la sortie du labyrinthe et lui demanda d'attendre dans la salle où il avait récupéré les bagues, prétextant qu'il ne pourrait pas le protéger efficacement s'ils étaient deux dans une zone inexplorée. Puis, il partit explorer l’autre partie et ouvrit la dernière porte.
Derrière cette porte, l’environnement était totalement différent. Le sol ressemblait à un ciel couvert de nuages durs et le plafond correspondait à ce qu’aurait dû être le sol. Pour couronner le tout, les murs étaient invisibles, ce qui fit que Marc se cogna plusieurs fois.
- C'est pas vrai… Je vais finir par me faire battre par des murs invisibles, râla Marc après une nouvelle collision. Je comprends pourquoi le PNJ n’a pas trouvé la sortie…
Après une longue exploration et quelques rares affrontements, Marc finit enfin par retrouver la femme dont l’homme était amoureux. Comme prévu, elle hurla en le voyant, et Marc lui répéta le même mensonge. Il lui fit enfiler la bague, puis l'escorta jusqu’à son amant.
Lorsqu’ils se retrouvèrent, ils s’embrassèrent langoureusement et pleurèrent de joie d’être enfin ensemble. Marc les accompagna jusqu’à la sortie de la grotte, mettant ainsi fin à la quête.
Pour récompense, il reçut un philtre d'amour. L’étiquette indiquait que quiconque buvait cette potion tomberait systématiquement amoureux de la première personne ou créature qu'il croiserait du regard pendant une heure.
Dégouté par cette récompense ridicule et voyant les amoureux en train de s’embrasser tendrement, Marc décida de se venger. Il les tua, les dévora et récupéra leurs vêtements, car depuis son évolution, il n’avait rien pour se couvrir, excepté ses poils.
Lorsqu’il les eut dévorés, il obtint le titre "monstre sans cœur".
- Génial… Je ne suis pas près de retrouver la confiance des humains avec un tel écriteau au-dessus de la tête, soupira Marc.
Puis il continua son chemin à la recherche d’une nouvelle quête.
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