Chapitre 2 - 19 septembre 2013
Personne ne s’en est rendu compte. Je suis mort un jeudi, certainement vers 14h ; nous étions plus à l’étroit dans le ventre de ma mère, son estomac plein nous tassant vers ses entrailles gazouillantes.
Ma vie n’aura duré que quelques semaines. Pas de joie, pas de peine, pas de premier amour. Rien ne m’aura jamais mis en colère, si ce n’est de n’avoir rien vécu. Je n’ai même pas pu pousser mon premier cri.
Poétiquement, les héros de films regardent vers le ciel avant de rendre l’âme. Moi, j’étais coincé la tête en bas et mes capacités physiques étant limitées, vu mon jeune âge, j’ai du me résoudre à cette fin banale. D’aucuns penseraient que je n’avais conscience de rien, surtout pas celle d’exister, mais ils se tromperaient.
Curieusement, ce n’était pas douloureux. C’était même plutôt agréable.
J’ai bien ressenti quelque chose, mais je n’ai pas su ce que c’était. Une sorte d’étreinte. Ça a enserré mon cœur et me faisait peut-être mal, sans que j’ai pu savoir où ni à quel point.
La seconde d’après, j’ai ressenti ce qui s’apparenterait à de la libération. Je me suis laissé aller. De toute façon rien de ce que je pouvais essayer de faire n’y changerait rien.
La seconde suivante, j’étais mort.
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