Chapitre 8 - 20 Août 2013
J’étais au comble de la patience quand j’ai posé mes fesses sur le rebord froid des WC, en n’entendant rien d’autre que le bruit de mon urine qui coulait. Je poussais un bruyant et vibratoire soupir de soulagement. Enfin, je prenais le temps de faire une pause au travail afin de soulager ma vessie qui était sur le point d’imploser.
Après m’être rhabillée et lavé les mains, j’ai sorti mon portable de ma poche. J’ai vu que j’avais un message. J’avais pourtant entendu le téléphone sonner, tout à l’heure, mais ai reporté sa consultation à plus tard. C’était le laboratoire d’analyses médicales qui m’indiquait que mes résultats de prise de sang étaient en ligne sur mon espace personnel. J’avais trois semaines de retard de règles, j’attendais donc confirmation que j’étais bien enceinte. J’avais déjà fait un test urinaire chez moi mais je voulais en être certaine et avoir aussi une idée un peu plus précise de la datation de la grossesse. Avec une certaine consternation, et un peu d’agacement, je me rendais compte que j’aurais pu avoir connaissance de ce message, et donc de mes résultats, depuis un moment. Je les attendais impatiemment depuis plusieurs longues heures. Comment je me débrouillais toujours pour être aussi distraite?
J’entrais rapidement mes codes de connexion sur le site du labo. Le réseau était d’une lenteur déconcertante… Je n’étais pas aussi embêtée que Séb par ce genre de détails, mais quand je voulais obtenir une info importante, attendre autant de temps que les pages chargent, ça m’agaçait royalement.
J’attendais, en essayant de rester patiente. Mais j’avais envie de taper sur l’écran, sur le clavier et partout où ces choses nous donnaient envie de taper quand elles ne fonctionnaient pas comme on le voulait.
Ah ! Ça y est, la page s’affichait enfin !
Je me retenais de hurler quand je suis enfin parvenue à faire défiler le document jusqu’au dosage des bêta-HCG, l’hormone de grossesse :
43 234 UI/L
Si je lisais bien, cela signifiait que j’étais enceinte de 3 à 4 semaines.
- Tu pourras vérifier ça et le transmettre à Damien, de la compta? C’est assez urgent !
J’ai levé la tête distraitement en ayant la bouche entrouverte.
- Euh...
Ma main tremblait en attrapant le document que me tendait mon collègue, que je ne supportais pas mais auquel je souriais pourtant niaisement.
- Bonjour, déjà, ai-je marmonné.
J’ai eu un petit rire nerveux en regardant ce qu’il me donnait : un tableau, des calculs, des diagrammes… rien de follement excitant ni même drôle. J’avais une sorte de filtre devant les yeux qui rendait tout ce que je voyais beau et rose.
- Oui, bonjour.
Mon interlocuteur me regardait en ayant l’air de se demander si j’allais bien. Mais comme il avait toujours l’air de se dire que j’étais la dernière des connes, je ne relevais pas. Je m’en fichais pas mal, en fait.
- Oui… d’accord, je m’en occupe, ai-je dit en gloussant.
Je fixais à nouveau l’écran de mon ordinateur comme si c’était la huitième merveille du monde.
- Merci ! l’ai-je congédié, en relevant la tête, toujours avec le sourire.
Il a rejoint son sordide petit bureau à l’autre bout de l’open-space en traînant des pieds et en soupirant longuement. Il était en train de bredouiller dans sa barbe, certainement des choses pas gentilles à mon encontre, mais ça me faisait une belle jambe. Je me suis empressée de regarder à nouveau mes résultats afin de vérifier que je n’avais pas rêvé.
J’ai eu un petit hoquet de surprise ! Le taux d’hormone bêta-HCG dont je disposais indiquait en fait que j’étais enceinte de 4 à 6 semaines et non pas de 3 à 4 semaines. Je scrutais plus attentivement le petit tableau qui permettait d’interpréter ce résultat afin d’être totalement sûre de ne pas me tromper, cette fois-ci. J’avais bien lu, et ce résultat m’enchantait. Je m’empressais de prendre rendez-vous avec mon gynéco. Et dans la foulée, j’envoyais un message à Justine, ma meilleure amie. J’ai reçu plein de hiéroglyphes en retour. Mon portable faisait toujours ça quand il recevait un texto contenant des émoticônes. Séb l’a vu un jour et m’a dit d’acheter un téléphone comme le sien, avec écran couleur tactile et tout le toutim. Mais franchement je n’en avais ni envie ni besoin. Cela voulait dire que Justine était contente, pas besoin d’un portable hors de prix pour le comprendre.
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