Bonnie

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 Bonnie, ma chienne, a pris l’habitude de s’asseoir ou de se coucher sur le tapis de chez ma grand-mère quand on mange chez elle. Aujourd’hui, il faut reconnaître qu’elle est plus allongée qu’assise. Moins jeune. Par contre, l’énonciation du mot « fromage » est un moyen radical de la faire lever. Bonnie est raide dingue des croûtes de fromage. Je crois que c’est ce qu’elle préfère.

 C’est un chien croisé labrador et setter anglais, ce qui donne une très joli version d’un labrador plus affinée. Elle a les poils noir, sauf sur le ventre et les pâtes avants, ce qui donne l’impression qu’elle a des chaussettes. Là, son museau blanchit de jour en jour. Remarques, douze ans, c’est un bel âge !

 Bonnie dort paisiblement sur le tapis. Ses babines pendent un peu et sont étrangement positionnées. On dirait qu’elle sourit. Par moment, ses pattes remuent et court dans le vide. Son rêve a l’air trépidant.

 Quand je la vois, je me rappelle de cette année très spéciale qui est devenue marquante suite à la perte d’un proche. Il faisait froid, l’école était terminée et Noël approchait. Je m’attendais à rentrer et m’isoler dans ma chambre quand une petite boule de poil noir est venue me couper la route et renifler mes pieds. J’en suis tombée amoureuse directement !

 C’est ce même jour qu’elle s’est installé sous la chaise de mon frère pour dormir, pendant que l’on mangeait. Je me rappelle de ses ronflements sortant de je ne sais où qui nous a bien fait rire.

 Bonnie aime les câlins. Elle est adepte de la position « Fais-moi un câlin », qui consiste à incliner un peu la tête et à la poser sur mon ventre ou ma jambe. Et parfois, quand on ne réagit pas, elle lève sa petite bouille aux babines pendantes et nous lance son regard qui, elle le sait, nous fait tous craquer. Le seul souci, c’est qu’elle aime les câlins avec absolument tout le monde. Et parfois, lorsqu’un inconnu débarque chez nous, par exemple, pour un rendez-vous professionnel, elle le fait aussi. Et on peut voir l’air gênée de la personne par l’excès de proximité entre elle et mon chien.

 Bonnie aime jouer. Enfin à l’heure actuelle, beaucoup moins car jouer nécessite une certaine motivation qu’elle semble avoir un peu perdue. Elle a finit par la remplacer par la flemme.

 Lorsque je pense « Jeu », je me rappelle de l’os vert en plastique que Bonnie a finit par littéralement déchiqueter. Mais il ne fallait pas forcément des jeux pour qu’elle s’amuse. Elle allait chercher des branches, des cailloux et parfois des choses non-identifiés. Il fallait toujours faire attention avant de tondre la pelouse. Mais surtout, elle aimait prendre sa gamelle vide avec sa bouche. C’était une sorte de gros bol que l’on retrouvait en magasin avec du pâté de campagne dedans. On l’a bien évidemment mangé, lavé et gardé pour en faire la propriété du chien. Il était assez joli. Beige, avec une bande marron qui donnait un effet de terre cuite.

 Parfois la gamelle roulait dans la pente de la cours. Elle allait la chercher avec sa bouche et parfois, elle la mettait de sorte à ne plus rien voir du tout. Le nez dedans. Cela ne l’empêchait pas de courir comme une dératée. Parfois on voyait le buisson s’affoler car elle venait de foncer dedans. J’avoue qu’elle a ralenti la cadence lorsqu’un jour, elle a loupé l’entrée de la terrasse et s’est mangée le mur de la maison, ce qui lui a valu un couinement très aigu. La pauvre. Même si j’ai honteusement explosée de rire. Suite à ça, elle faisait attention.

 Bonnie aime. C’est pour moi l’incarnation de l’amour pure. J’ai passée l’intégralité de mon enfance avec elle, à parcourir les chemins. Elle courait et lorsqu’elle allait trop loin, elle faisait demi-tour et venait me rejoindre pour ensuite repartir de plus belle. Elle me suivait partout et aimait venir se planquer dans ma cabane où je lui avais bien évidement installé un coin. Quand ça n’allait pas, ma tristesse redescendait rapidement lorsqu’un museau tout froid me touchait la joue comme pour me dire « Eh ! Caresses-moi, ça te changera les idées ! ».

 Je sentais de l’amour et surtout, je me sentais en sécurité avec elle. Même ma famille ne devait pas trop m’embêter. Bien sûr, elle savait faire la distinction entre une blague et un réel danger. Même encore, quand je viens passer un peu de temps chez mes parents et que je m’installe sur la terrasse, Bonnie se poste à l’entrée, dos à moi et scrute partout, à la recherche du moindre indice suspicieux. De temps en temps, elle me jette des coups d’œil discret et remue la queue quand je la prend sur le fait. Parfois, elle s’assoit à quelques mètres de moi, me fixe et ne bouge plus. Elle plisse un peu les yeux. On dirait qu’elle dit « Je t’aime » et qu’elle est dans un état profond de bien-être.

 Bref, ma chienne dort paisiblement sur le tapis. Ses babines pendent un peu et sont étrangement positionnées, donnant l’impression qu’elle sourit. Et je ne peux m’empêcher de sourire à mon tour en regardant cette boule de poil d’amour.

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