J-3 avant la rentrée : Jessica
Now playing : Tyzo Bloom - TV (feat. Pom Pom Squad)
La soirée enveloppe la ville de son voile sombre. Après avoir dit au revoir à Lia, je me dirige vers ma nouvelle demeure. L'horizon est d'un orange profond, avec quelques nuances pourpres ; une vraie palette de peintre. Havenwoods Hills, notre nouveau quartier, est empreint d'une aura de sérénité. Les silhouettes des maisons jouent avec les ombres sur la toile crépusculaire.
La petite allée qui mène à notre demeure est bordée d'arbres dont les feuilles dorées frémissent sous la brise légère. L'odeur de l'automne, un mélange de terre humide et de feuilles mortes, me chatouille les narines. C'est le genre de petite chose qui rend l'adaptation à ce nouvel environnement plus facile. Ça me rend heureuse.
À peine ai-je franchis le seuil de la porte que je suis accueillie par une odeur réconfortante, celle du ragoût de maman. Elle prépare ce plat de manière unique, en le laissant mijoter pendant des heures avec des herbes fraîches et de tendres morceaux de viande. L'arôme envahit chaque recoin de la maison. C'est la promesse d'un repas chaud et rassasiant après une longue, très longue journée.
Mes parents, déjà assis à la grande table en chêne de la salle à manger, lèvent les yeux vers moi en me souriant chaleureusement. Mon père tient dans ses mains sa tasse de thé, tandis que maman, les joues rosies par la chaleur de la cuisine, me fait signe de m'asseoir.
Ils sont en pleine conversation, échangeant des anecdotes sur Springton. Papa raconte avec enthousiasme une rencontre inattendue avec un vieil ami au bureau, maman évoque les nouveaux voisins qu'elle a rencontrés lors de sa promenade matinale. Je m'installe à ma place habituelle, je savoure la chaleur du moment, cette sensation d'être à ma place.
— Maman, papa, commencé-je, tout excitée, j'ai rencontré une fille aujourd'hui. Elle s'appelle Lia.
— Oh ? demande maman, en servant une portion généreuse de ragoût dans mon assiette. Comment est-elle ?
— Elle est... très différente. Elle m'a fait visiter la ville, m'a montré tous les endroits cool. Et j'ai aussi rencontré quelques-uns de ses amis au salon de glace. Ils sont vraiment tous sympas.
Papa lève un sourcil, un sourire en coin.
— Rien que des filles ? Ou y avait-il aussi des garçons dans le lot ?
Je ris, roulant des yeux.
— Oui, papa. Il y avait deux garçons, Zach et Shaun. Ils sont tous super.
— Je suis contente pour toi, chérie, déclare maman, avec ce regard maternelle qui dit qu'elle veut en savoir plus.
Nous continuons à manger en discutant de divers sujets. Cependant, je ne mentionne ni Jessica, ni ses avertissements. Quelque chose en moi hésite toujours. Est-ce par peur de les inquiéter ? Ou peut-être que je veux juste donner une chance à cette nouvelle vie à Springton, sans préjugés ? En tout cas, cette soirée a un petit goût doux-amer : l'excitation des nouvelles rencontres, l'appréhension de l'inconnu. La vie à Springton s'annonce pleine de surprises, et je ne suis pas tout à fait certaine de pouvoir toutes les affronter. Une chose est certaine : avec ma famille à mes côtés, je suis prête à donner le meilleur de moi-même.
La table du dîner est recouverte d'une nappe en dentelle blanche et les plats encore fumants diffuse une odeur alléchante qui remplit la pièce. Le silence qui s'installe est lourd, presque palpable, interrompu seulement par le léger tintement des couverts sur les assiettes. Mes parents échangent des regards inquiets. Ils s'interrogent silencieusement sur mon adaptation à cette nouvelle vie à Springton.
Je prends une grande inspiration, je cherche le courage nécessaire pour exprimer ce que je ressens vraiment. Mon premier jour ici a été marqué par une variété d'émotions : de la curiosité, de l'appréhension, de la mélancolie face à tout ce que j'ai laissé derrière moi. Mais il y a aussi eu de la joie, des découvertes, une nouvelle amitié.
— Maman, papa... ma voix tremble légèrement. Ils lèvent les yeux vers moi, leurs expressions empreintes d'une profonde attention. J'ai changé d'avis. Springton est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps.
Les mots résonnent dans la pièce comme une douce mélodie. Je vois le visage de ma mère s'illuminer, ses yeux pétillent de joie tandis que ses lèvres esquissent un sourire sincère, soulagé. Mon père, d'ordinaire si réservé, ne peut retenir un éclat de rire chaleureux. Il se lève, vient m'enlacer, déposant un baiser sur mon front.
— Tu ne peux pas savoir à quel point nous sommes soulagés d'entendre cela, ma chérie, murmure ma mère, sa voix teintée d'émotion. Nous avons pris une grande décision en venant ici, et tout ce que nous souhaitions, c'est ton bonheur.
Mon cœur déborde de gratitude. Pour la première fois depuis notre déménagement, je ressens un sentiment d'appartenance. Pas seulement à Springton, mais aussi à ma famille. Nous sommes une équipe.
— Au fait ma chérie, ta chambre est prête ! Tu devrais aller la voir ! dit mon père, fier de lui.
— Cool ! J'y vais tout de suite !
— Hé ho, jeune fille ! Finis d'abord ton assiette !
— Oui maman...
***
Après le dîner, je monte à l'étage, impatiente de découvrir ma nouvelle chambre. Papa a dit qu'ils l'ont aménagée spécialement pour moi, mais je n'ai encore rien vu. J'ouvre la porte avec une légère appréhension, m'attendant à tout, de l'ancien papier peint à fleurs à un ameublement trop enfantin. Mais à ma grande surprise, la pièce est bien au-delà de mes attentes.
Les murs sont peints dans un doux ton de bleu lavande, apaisant et mature à la fois. Une grande fenêtre laisse pénétrer la lueur du crépuscule, révélant une vue panoramique sur les collines environnant Springton. Le lit, avec sa couette blanche, ses coussins assortis, invite à la détente. Face à celui-ci, un bureau en bois d'époque est installé, avec à côté, une étagère déjà remplie de certains de mes livres préférés que maman a pris soin de ranger.
Le mur adjacent à mon lit retient particulièrement mon attention. C'est un grand tableau noir, assorti de craies de toutes les couleurs. Tiens, une petite note de maman posée à côté :
"À ma fille chérie. Pour que tu puisses exprimer toutes tes pensées et tes rêves."
Je souris, les larmes aux yeux. Malgré tout le chaos des dernières semaines, ce petit geste me rappelle combien je suis aimée. Je m'empresse d'écrire mon premier message :
"Premier jour à Springton, une nouvelle aventure commence."
Je me dirige ensuite vers mon lit qui se dresse majestueusement au centre de ma nouvelle chambre. Les draps en coton frais invitent à s'y blottir. Je me laisse tomber délicatement, sentant chaque ressort du matelas s'adapter à la courbe de mon dos. C'est une étreinte confortable, une caresse apaisante après la montagne russe d'émotions que j'ai traversées aujourd'hui.
La pièce est silencieuse, à l'exception du doux froufrou des rideaux qui dansent avec la brise nocturne. Une lueur argentée filtre par la fenêtre, elle laisse entrevoir la forme des objets familiers qui prennent petit à petit leur place dans cet espace encore inconnu. Je prends un moment pour apprécier cette tranquillité, pour ressentir le poids de cette grande aventure s'évaporer peu à peu.
En fermant les yeux, les images de la journée refont surface. Les sourires chaleureux de Lia et Taylor, l'assurance tranquille de Zach, la délicatesse de Rose, le mystérieux Shaun... ces nouvelles rencontres, ces nouveaux liens qui se créent doucement. Mais aussi cette ombre, cet avertissement glacial de Jessica, jetant une légère brume sur ces premiers souvenirs heureux.
Cependant, malgré ces pensées tumultueuses, mon esprit est tiré inexorablement vers le sommeil. La fatigue, accumulée tout au long de cette journée mouvementée, devient une force irrésistible. Elle m'enveloppe doucement, chassant les dernièrs souvenirs éveillées, me guidant lentement mais sûrement vers le sanctuaire du rêve, où la réalité se fond dans l'imaginaire...
***
Now playing : Metro Boomin & Coi Leray - Self Love
Je n'ai pas autant dormi depuis très longtemps. Dès l'instant où j'ouvre les yeux, une onde de bonheur me submerge. Il y a des matins comme ça, où je sais que rien ne peut gâcher ma journée. Et aujourd'hui est l'un de ces jours.
Je m'étire, ressentant une énergie nouvelle circuler dans mon corps. Un sourire naît sur mes lèvres en pensant à la journée qui m'attend. J'ai rendez-vous avec Shaun.
Sans perdre de temps, je saute du lit et me dirige vers la salle de bains. Devant le miroir, je m'arrête un moment, amusée par l'état de mes cheveux en pagaille et les traces de mon maquillage d'hier. En ouvrant la douche, je suis enveloppée par une chaleur réconfortante. L'eau chaude ruisselle sur moi, apaisant mes muscles et clarifiant mes pensées. Avant même de m'en rendre compte, je me mets à chanter. Les notes s'échappent spontanément. Je suis heureuse, je me sens bien, j'ai l'impression de planer au-dessus des nuages. Je suis prête à soulever des montagnes.
Je prends le temps de choisir mes produits, appréciant la sensation de mon shampoing préféré et l'odeur florale de mon après-shampoing. Une fois rincée, j'applique une mousse hydratante qui laisse sur ma peau une délicate fragrance de fleurs blanches.
Quittant la douche, je m'enveloppe dans ma douce serviette, me sentant revigorée et prête pour la journée. La simple pensée de Shaun m'emplit d'une excitation mêlée d'un brin de nervosité. Je veux être au sommet de ma forme pour ce rendez-vous.
Mais chaque matin, face à mon armoire ouverte, c'est le même scénario. La fameuse question "Qu'est-ce que je vais mettre ?" prend tout son sens, surtout maintenant. Springton, ce n'est pas New York, et je sens que j'ai besoin de faire bonne impression.
Je veux être moi-même, mais je ne veux pas non plus détonner. J'attrape une robe à fleurs qui m'a été offerte pour mon anniversaire. Elle est jolie, mais peut-être un peu trop formelle pour une simple date. J'ai vraiment dit date ? Bref, je finis par la reposer, je saisis un jean déchiré et un tee-shirt noir simple. C'est plus décontracté, et pourtant, quelque chose me dit que ce n'est pas suffisant.
— Pourquoi est-ce si compliqué ? marmonné-je pour moi-même.
Soudain, je repère une jupe plissée en jean que j'avais complètement oublié. Associée à un haut blanc légèrement ample et à mes Converses favorites, cela pourrait fonctionner. Je me regarde dans le miroir, pivotant pour avoir une vue d'ensemble. Ce n'est ni trop, ni trop peu. C'est juste... moi.
— Allez, Virginia, me murmuré-je, c'est juste une tenue. Il y a des choses bien plus importantes qui t'attendent.
Je l'ajuste une dernière fois, mets un peu de baume à lèvres, et prends une grande respiration. Prête ou non, Springton, me voilà.
Tout à coup, mon téléphone émet une vibration qui me fait un peu sursauter. Mes doigts se glissent sur l'écran et révèlent une notification Instagram. Un message de Shaun.
"Salut Virgie, désolé, je ne pourrai pas te rejoindre comme prévu aujourd'hui... Mon père a eu des soucis avec sa bagnole et j'ai promis de l'aider à la réparer."
Sérieusement Shaun ? J'avais tellement hâte de te voir... Je laisse mes doigts danser sur le clavier.
"Oh, c'est dommage. J'espérais vraiment te voir. Mais je comprends, pas de souci."
Il ne faut que quelques secondes pour que la réponse de Shaun apparaisse à l'écran.
"Je suis vraiment désolé, Virgie. Je sais que c'était important pour toi, et pour moi aussi. Je n'ai pas arrêté de penser à toi cette nuit et à notre rendez-vous... Je te promets de me rattraper !"
Un sourire traverse mes lèvres.
"Pas de souci, Shaun. La famille d'abord, toujours. On se voit bientôt ?"
La réponse est immédiate.
"Absolument ! Demain, il n'y aura que toi et moi. Je te ferai visiter quelques endroits sympas en dehors de la routine touristique de Springton. Promis !"
La promesse de demain remplit mon cœur d'excitation. Je suis prête à affronter cette journée, même si Shaun n'est pas à mes côtés.
"Marché conclu ! À demain !"
Il a pensé à moi toute la nuit ! Ouais bon, calme-toi, Virgie.
Je dépose mon téléphone sur le lit et jette un dernier coup d'œil à mon reflet dans le miroir. Springton, j'arrive.
***
Je descends les escaliers avec une lenteur inhabituelle, la déception de ne pas voir Shaun aujourd'hui résonnant encore dans mon esprit. Arrivée au rez-de-chaussée, la lumière chaude du soleil filtre à travers les rideaux, baignant la pièce d'une douce lueur dorée. Ma mère est assise au comptoir de la cuisine, feuillette un magazine tout en buvant son café matinal. Sa chevelure brune est négligemment attachée en chignon, ses lunettes reposent sur le bout de son nez. Elle sent mon regard sur elle et lève les yeux pour me sourire.
— Coucou mon bébé, bien dormi ? demande-t-elle en marquant une pause dans sa lecture.
Je me dirige vers la kitchenette, ouvre le frigo, et en tire une bouteille d'eau froide.
— Oui, assez bien. Juste un peu... déçue, je crois.
Ma mère pose son magazine et tourne toute son attention vers moi.
— Que se passe-t-il bichette ? demande-t-elle avec cette inquiétude maternelle dans les yeux.
Je prends une gorgée d'eau avant de répondre.
— C'est Shaun. Il devait m'accompagner aujourd'hui pour une petite sortie, mais il a dû annuler. Sa voiture est tombée en panne.
Attendez, elle vient de m'appeler bichette ?
Ma mère sourit doucement.
— Oh, ce n'est que partie remise, non ?
Je hoche la tête.
— Je sais, maman. Je suis juste un peu... impatiente, je suppose. Avec tout ce qui s'est passé récemment, j'avais vraiment besoin de cette sortie, de reprendre confiance en moi.
Elle se lève et vient me prendre dans ses bras.
— Je comprends, ma chérie. Mais vois cela comme une opportunité. Tu peux toujours explorer Springton par toi-même ou rencontrer d'autres personnes. Qui sait ce que la journée te réserve ?
Ses paroles réconfortantes allègent mon cœur. J'enfouis mon visage dans son épaule, reconnaissante pour son soutien inébranlable. Après un moment, je me retire et la regarde dans les yeux.
— Merci, maman. Je vais essayer de voir les choses sous un jour positif.
Elle me donne une petite tape affectueuse sur la joue.
— Ça, c'est ma fille ! Va profiter de ta journée. Et qui sait, peut-être que Shaun réussira à réparer cette voiture plus tôt que prévu. En attendant, tu peux prendre la Subaru. Je ne compte pas sortir aujourd'hui.
Je ris à cette idée, saisissant mon sac à main et ma veste.
— On verra bien. Merci, maman.
Elle me fait signe de la main en riant.
— Amuse-toi bien, et n'oublie pas de me raconter tout ce que tu découvres ! Moi je vais me démener pour enfin écrire les toutes premières pages de mon nouveau roman !
— J'ai hâte de le lire maman ! À plus tard !
— À plus tard, chérie ! Fais attention avec la voiture, hein ?
— Oui t'inquiète !
***
Now playing : Tal Bachman - She's So High
En attrapant les clés de la Subaru blanche de ma mère, je me permets un instant d'hésitation. Aller seule en ville est une chose que je n'ai jamais vraiment faite à New York, du moins pas sans un objectif précis. Mais Springton, malgré sa taille modeste, m'intrigue. C'est une opportunité d'explorer, de me familiariser avec mon nouvel environnement.
J'ouvre la porte d'entrée, laissant le parfum frais et boisé de l'extérieur remplacer la douce chaleur intérieure. La Subaru est presque hors de propos dans le paisible paysage de Springton. Elle me rappelle la vie trépidante de la ville dont je suis partie, ce qui n'est pas négligeable.
En démarrant la voiture, je vérifie mon apparence dans le rétroviseur avec un sourire en pensant à toutes les aventures spontanées que je pourrais vivre ici. J'allume la radio pour essayer de trouver une station locale. La douce mélodie d'une chanson country emplit la voiture, un agréable contraste avec les mélodies pop que j'ai l'habitude d'écouter à New York.
Je roule à travers les rues agréables de Springton, j'admire les petites boutiques, les bâtiments historiques. En tournant vers Hamilton Street, je trouve rapidement le centre-ville. Un enchevêtrement charmant de rues bordées de cafés, de librairies et de petites boutiques d'antiquités. Je gare la Subaru à côté d'un parc, décidant que c'est un bon point de départ pour mon exploration.
La brise légère caresse mon visage tandis que je marche lentement dans les ruelles pavées. De l'autre côté de la rue, Je peux presque entendre les échos des rires des enfants d'autrefois, courant à travers les rues, leurs pieds nus sur les pavés chauds. Je continue sur ma lancée, lorsque je tombe sur une petite place bordée de bancs en fonte et d'arbres dont les branches forment un dais protecteur. Au centre de la place se trouve une fontaine, ses jets d'eau cristallins dansent à la lumière du soleil. Autour d'elle, quelques enfants s'amusent à éviter les éclaboussures.
Lorsque soudain, une scène surréaliste se déroule devant moi. J'en ai le souffle coupé. La belle façade paisible de Springton se fissure sous mes yeux : Rose et Taylor, que j'ai rencontrées la veille, que j'ai trouvées si chaleureuses et amicales, coincent Jessica contre un mur. Taylor, les sourcils froncés, le visage rougi par la colère, pointe un doigt accusateur en direction de Jessica, lancent des mots tranchants comme des lames de rasoir. Rose, de son côté, crache des remarques sarcastiques avec un rire froid qui tranche avec le doux visage que je lui connais.
Rose s'approche de Jessica avec un regard accusateur :
— Alors, Jess ? On chuchote des petits secrets à la nouvelle au Sally's ?
— De quoi tu parles, Rose ? demande Jessica, se redressant, essayant de paraître confiante :
— Ne joue pas l'innocente, répond Taylor. Lia a vu comment tu parlais à Virginia. Elle se demande ce que tu as bien pu lui raconter.
Jessica hésite.
— Je... je n'ai rien dit de spécial. On parlait juste de la ville, des endroits où aller...
— Tu crois qu'on est idiotes ? Lia a reçu un message de Virginia après votre petite "conversation". Et elle veut savoir ce que tu lui as dit exactement.
— Je n’ai rien dit contre Lia ou contre vous ! Je lui ai juste dit de faire attention, c'est tout.
Taylor lève un sourcil.
— Faire attention à quoi, exactement ?
— Vous savez très bien à quoi je fais allusion ! Avec tout ce qui se passe dans cette ville, je voulais juste qu'elle reste prudente !
Rose s'approche encore plus de Jessica, elles sont nez à nez.
— Écoute-moi bien. Si tu essayes de monter Virginia contre nous, tu le regretteras. D'ailleurs, Lia m'a envoyé un message pour toi : "Dis à Jessica de se taire et de rester loin de Virginia. Si je découvre qu'elle a dit quoi que ce soit de compromettant, elle le paiera."
— Je n'essaie pas de monter quiconque contre vous. Je lui ai juste dit de faire attention. Rien de plus.
— Ah, l'innocence, rit Taylor. C'est mignon. Mais on te connaît, Jessica.
— On te surveille. Et si tu continues à jouer à ce petit jeu, on s'assurera que tu le regrettes. Pour l'instant, éloigne-toi de Virginia et tiens-toi tranquille.
Jessica, secouée par cette confrontation, fait un signe de tête et prend rapidement ses distances, laissant Rose et Taylor dans son sillage, satisfaites de leur intimidation. Je regarde Rose et Taylor s'éloigner, une boule dans la gorge. Ces filles m'ont tout à coup parues terrifiantes. Je prends une grande respiration et je m'avance vers Jessica, espérant la réconforter un peu.
— Jessica ? appelé-je doucement en m'approchant.
Elle se retourne brusquement, ses yeux sont rougis, remplis de larmes. Elle semble au bord de l'effondrement.
— Putain, Virginia ! Laisse-moi tranquille ! hurle-t-elle en me voyant. Tu viens à peine d'arriver et tu me poses déjà des merdes !
— Jessica, je... je suis désolée. Je ne voulais pas causer de problèmes, balbutié-je, choquée par sa réaction.
Elle m'a regarde dans le blanc de l'œil, ses yeux brûlent d'une combinaison de colère, de peur, de tristesse.
— Tu ne comprends pas, Virginia. Tu ne sais pas dans quoi tu t'es embarquée, chuchote-t-elle, la voix tremblante.
Avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle se retourne et se met mise à courir, me laissant là, perdue et désemparée. Je regarde autour de moi, Springton, cette petite ville qui paraît si pittoresque, paisible, est en train de révéler ses secrets les plus sombres, ses intrigues les plus profondes. Une chose est sûre : je dois rester sur mes gardes.
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