J-2 avant la rentrée : La soirée-garage
Le premier rayon de soleil se glisse à travers les rideaux, dessine des motifs lumineux sur le parquet. Cette douce lueur dorée me caresse le visage, effleure mes paupières fermées, me tire doucement de mes rêves. Je m'étire sous les draps, profitant de la tiédeur du lit avant de m'asseoir, laissant la lumière du matin remplir mes yeux et mon âme. Mon enthousiasme pour cette nouvelle journée à venir m'emplit d'une joie indescriptible.
Après une douche revigorante, je m'habille, en choisissant avec soin une tenue confortable mais élégante, parfaite pour une matinée en ville. Descendant les marches en bois, l'odeur du café fraîchement préparé me guide vers la cuisine. Maman, déjà active, s'affaire derrière le comptoir, fouillant une pile de dépliants touristiques qu'elle a ramassés la veille.
— Bonjour mon bébé, dit-elle avec un sourire radieux. J'ai trouvé une petite boulangerie française non loin d'ici. Ils sont censés avoir les meilleurs croissants de la région. Ça te tente ?
Hmmm ! La perspective de déguster un croissant doré, croustillant à l'extérieur, moelleux à l'intérieur, accompagné d'un café fumant, est irrésistible. Comment dire non ?
— Absolument ! Rien ne vaut un authentique petit déjeuner français pour bien commencer la journée, répondé-je en m'étirant une dernière fois.
— Ok allons-y ! N'oublie pas les clés de la maison !
Le son des clés me rappelle notre chez nous. Leur poids léger dans ma main me donne une sensation de familiarité, un ancrage alors que la journée s'annonce remplie de découvertes. J'hésite un instant, j'admire les détails que je prends souvent pour acquis : la texture froide et métallique des clés, le doux bruit qu'elles font lorsqu'elles s'entrechoquent.
Maman, elle, respire déjà l'énergie du matin. La manière dont son sac repose sur son épaule, la légère inclinaison de sa tête alors qu'elle ajuste ses lunettes de soleil, tout chez elle évoque une assurance tranquille et une joyeuse curiosité. Ses yeux pétillent d'anticipation, son enthousiasme est palpable pour ce qui est à venir. Je t'aime Maman. Je ne te le dirai jamais assez. Tu es tout pour moi.
Alors que la porte claque doucement derrière nous, le chant des oiseaux s'amplifie. Quelques habitants nous saluent chaleureusement depuis le parvis de leur domicile.
"Bonjour les Jonas !"
— Ils connaissent déjà notre nom de famille ?
— Ne fais pas l'étonnée, chérie. On fait officiellement partie du voisinage, maintenant !
Les premiers rayons du soleil, doux et timides, illuminent les rues de la ville, transforment les recoins en une toile d'artiste peinte avec soin. Les briques, les pierres des façades, prennent toutes une teinte chaude. Une mosaïque de couleurs pastel contrastant avec les ombres qui s'estompent. Le jour se lève, et la ville, qui dormait encore quelques minutes auparavant, s'éveille doucement, comme une musique silencieuse qui commence tout juste à jouer ses premières notes.
Chaque petite chose devient un sujet de conversation : une fleur qui s'ouvre timidement à la lumière, l'odeur d'un pain fraîchement cuit qui s'échappe d'une fenêtre entrouverte, le rire d'un enfant jouant dans une cour voisine. Ces moments partagés avec Maman, où le temps semble s'arrêter, sont ceux que je chéris le plus.
Nos pas, bien que discrets, résonnent dans ce paysage urbain paisible, comme une douce symphonie de fond. À chaque pas que nous faisons, c'est comme si le monde autour de nous répondait en écho. Chacun de nos sons, de nos mouvements est amplifié dans cette quiétude matinale. Nos échanges de regards, nos sourires partagés, tout semble plus fort, plus intense.
Les premiers signes de vie commencent à apparaître. Des volets s'ouvrent lentement, libère des volutes de vapeur des tasses de café chaud. Des enfants, encore en pyjama, pressent leur visage contre les vitres, leurs yeux pétillants de curiosité, regardant le monde s'éveiller. Les oiseaux, perchés sur les fils électriques, entament leur première mélodie du jour. New York est déjà à des années-lumières, tant mon adaptation à ce nouvel environnement a été rapide. Je peux dire merci à Lia, Shaun, Taylor, Zach et Rose pour ça !
Nous continuons notre marche, tout en nous immergeant dans cette ambiance matinale. Nos mains se frôlent, nos doigts s'entrelacent, unit nos âmes en une seule. Tout semble s'aligner parfaitement, comme si ce moment était destiné à être vécu, savouré, mémorisé. Dans ce calme relatif, chaque rire partagé est une célébration de la vie, de l'instant présent. La ville, dans son éveil, devient le témoin silencieux de notre union, et je suis tout simplement reconnaissante d'être là, avec ma mère, à cet instant précis.
Après une demi-heure de marche, nous arrivons enfin devant la boulangerie française. C'est un petit joyau de Springton. Dès que nous sommes entrées, l'odeur douce et envoûtante du pain frais, des viennoiseries nous a enveloppées. Les rayons sont ornés d'une variété de pâtisseries dorées, des éclairs au chocolat aux tartelettes framboises, en passant par les pains au chocolat et les chouquettes saupoudrées de sucre perlé. Mais ce matin, nos choix se portent sur les croissants, ces emblèmes parisiens, croustillants à l'extérieur, doux et feuilletés à l'intérieur.
— Bonjour mesdames ! Qu'allez-vous prendre aujourd'hui ?
Ma mère passe la commande auprès de la boulangère, une dame d'un certain âge avec un accent français prononcé.
— Bonjour Madame ! Nous allons prendre deux croissants, deux pains aux chocolats et deux cafés noir s'il vous plaît.
— Sur place ou a emporter ?
— Sur place s'il vous plaît, merci.
Tout en préparant notre commande, elle nous parle de la dernière fournée de croissants qu'elle vient de sortir du four et nous assure qu'ils sont délicieux. Après avoir payé, nous avons pris nos cafés fumants, nos croissants, nos pain au chocolat dorés, puis nous nous sommes dirigées vers une petite table près de la fenêtre.
L'instant semble suspendu, comme si le monde extérieur a été ralenti pour me permettre d'y capturer chaque détail. La lumière matinale, douce et dorée, baigne la ville d'une aura presque irréelle. Les pavés, humides de la rosée du matin, scintillent comme autant de petits miroirs, l'éclat diffus du soleil naît.
Les premiers passants de la journée animent le paysage urbain de leur présence. Il y a cet homme en costume, son attaché-case à la main, marchant d'un pas décidé, probablement absorbé par la journée à venir. Sa démarche trahit une vie bien rythmée, faite d'habitudes, de rendez-vous incontournables. Un peu plus loin, une jeune femme court, écouteurs dans les oreilles, sa tenue de sport montre une routine matinale bien établie. Ses cheveux se balancent au rythme de ses foulées, elle semble dans sa bulle.
Puis il y a ceux qui profitent du calme relatif de ces premières heures pour promener leurs fidèles compagnons à quatre pattes. Les chiens, qu'ils soient petits ou grands, semblent partager la joie de leurs maîtres, gambadant, tirant sur leurs laisses, reniflant chaque recoin de trottoir.
Et enfin, il y a ce couple âgé qui déambule lentement devant la boulangerie. Leurs mains entrelacées parlent d'années de complicité et de souvenirs partagés. Lui porte un chapeau légèrement incliné. Elle, une écharpe délicate autour du cou malgré la douceur du matin. Chaque pas qu'ils font est mesuré, savouré. Ils s'arrêtent un instant, échangent un regard qui en dit long, puis un sourire, complice, empreint de tendresse. Toute une vie d'amour, de défis relevés ensemble, de petits bonheurs simples. Perdue dans mes pensées, je me rends compte que ces scènes du quotidien, si banales en apparence, sont en réalité emplies de beauté et d'humanité. À New York, tout le monde était centré que sur soi-même. Ici, tout le monde se connaît, tout le monde discute, s'entraide, c'est magnifique.
Ma mère prend une gorgée de son café et, les yeux fixés sur un point lointain, commence avec une voix douce :
— Tu sais, cette boulangerie me rappelle tellement celle où je me rendais avec ta grand-mère. C'était notre petit rituel du samedi matin. Avant même que le reste du monde ne s'éveille, nous étions déjà là, choisissant nos viennoiseries.
Je souris, j'imagine une jeune version de ma mère, les yeux écarquillés devant les étagères remplies de ses mets délicieux.
— Quelle était ta pâtisserie préférée ? lui demandé-je.
— Oh, j'étais une inconditionnelle des pains aux raisins, répond-elle en riant. Chaque fois, je voulais essayer quelque chose de nouveau, mais je revenais toujours à mon pain aux raisins. Et ta grand-mère, elle aimait les éclairs au chocolat. Ils étaient si gros qu'elle en prenait un et le coupait en deux pour le partager avec moi.
Je ris doucement.
— Cela ressemble tellement à mamie. Elle a toujours été du genre à partager, n'est-ce pas ?
Maman hoche la tête, ses yeux débordent de larmes.
— Oui, elle était incroyablement généreuse. Je me souviens, après notre petit déjeuner, nous marchions toujours dans le parc à proximité. Nous nourrissions les pigeons et parlions pendant des heures. C'était notre moment à nous. Je chérissais ces matins.
J'ai pris sa main, touchée par cette révélation.
— C'est incroyable de penser à toutes ces petites traditions qui se transmettent. Peut-être qu'un jour, je partagerai un rituel similaire avec mes enfants.
Elle me serre doucement la main.
— J'espère bien. Les moments passés avec ceux que l'on aime sont les plus précieux. C'est ce qui fait le sel de la vie.
Soudain, le vibreur de mon téléphone interrompt nos souvenirs. Je fouille dans mon sac pour le sortir, curieuse de voir qui pouvait bien m'envoyer un message à cette heure-ci. C'était un texto de Lia :
"Hey Virginia ! On organise une soirée-garage ce soir avec les autres. Tu es libre ? J'adorerais que tu sois là. xx".
Il est clair que je n'allais pas refuser cette alléchante invitation, surtout si Shaun est là. Je répondis rapidement :
"Tu peux compter sur moi ! À ce soir ! xx"
Je lève les yeux pour voir ma mère qui me fixe, un sourire espiègle aux lèvres.
— Quoi ? demandé-je, légèrement gênée et amusée.
— Alors ? Qui t'invite où ? demande-t-elle en plaisantant.
Je ris.
— C'est Lia. Elle organise une soirée-garage ce soir avec le groupe. Elle m'a invitée.
Le visage de ma mère s'illumine.
— Oh, c'est fantastique ! Je suis contente que tu te fasses déjà des amis ici. Tu vois, le déménagement n'était peut-être pas si mal après tout.
Je haussai les épaules, un sourire timide aux lèvres.
— Oui, je commence à le penser aussi.
Elle ébouriffe gentiment mes cheveux.
— Profite bien, ma chérie. Mais n'oublie pas de rentrer à une heure raisonnable, d'accord ?
Je roule des yeux en riant.
— Promis, maman.
***
Now playing : Kesha - Praying
Les lumières ternes de l'hôpital crée un contraste saisissant avec la lumière naturelle du soleil. Jessica est allongée sur un lit, des draps blancs froissés autour d'elle. Son regard, autrefois pétillant, est terne, lointain, ses pensées s'enfoncent dans les profondeurs les plus sombres de son esprit.
Les échos des voix du couloir parviennent à peine à ses oreilles, le bourdonnement continu du moniteur cardiaque est devenu un fond sonore constant. Dans ses moments de lucidité, elle revoit encore les visages de ceux qui l'ont humiliée, blessée, leur rire cruel résonnent sans fin.
Chaque fois qu'elle ferme les yeux, les images reviennent, déformées par la douleur et l'humiliation. L'image de Shaun, dont elle était autrefois si proche, la trahissant, a été particulièrement douloureuse. Les larmes coulent silencieusement le long de ses joues à cette pensée.
Soudain, une infirmière entre dans la chambre pour vérifier les moniteurs et noter quelques informations sur le tableau près de son lit. Elle jette un regard inquiet à Jessica, ses yeux révèle une profonde compassion.
— Jessica, est-ce que vous voulez parler à quelqu'un ? Peut-être qu'un thérapeute pourrait vous aider ? dit-elle doucement.
Jessica ne répond pas tout de suite, son esprit lutte encore contre les chaînes de la douleur. Elle murmure finalement, presque inaudiblement :
— Je veux juste que la douleur disparaisse.
L'infirmière s'assoit doucement sur le bord du lit, entrelasse la main de Jessica dans la sienne.
— Je sais que c'est difficile maintenant, mais le temps aide. Vous n'êtes pas seule ici. Nous sommes là pour vous.
Jessica tourne lentement la tête pour croiser le regard bienveillant de l'infirmière.
— Merci, madame. répond Jessica, aux bords des larmes.
— Appelle-moi Samantha. Madame, c'est pour les vieilles. dit-elle en riant.
Et l'infirmière sort de sa chambre. Jessica n'attend pas longtemps avant de sortir de son lit pour se diriger vers la fenêtre. Les reflets dans le carreau sont troubles, l'extérieur à une allure floue, distante. Jessica s'approche, la douleur et le désespoir pèsent lourdement sur ses épaules. Son cœur s'accélère, chaque battement résonne douloureusement dans ses oreilles. Elle sent le vide sous elle, l'attirance du néant. Une échappatoire à la douleur qui l'envahissait, à la honte et à l'humiliation. Mais au moment où elle est sur le point de céder à cette impulsion, une image apparaît dans son esprit. C'est Virginia, souriante, compatissante, présente pour elle. Jessica ne comprend toujours pas pourquoi elle a le visage de cette dernière en tête, alors qu'elle l'a croisée que deux fois dans sa vie.
— Encore elle... mais pourquoi ?!
Un sanglot déchirant la traverse, l'ébranle jusqu'au tréfonds de son âme. Elle se recule brusquement de la fenêtre, son corps tremble de peur, de soulagement. Elle s'effondre sur le sol, enroule ses bras autour d'elle-même, ses larmes coulent librement. Elle est désemparée, brisée, mais une chose est sûre : elle ne veut pas causer plus de douleur. Surtout à son ange gardien, Virginia. Peut-être qu'il y a une raison de continuer à se battre, une raison de vivre. Elle ne peut pas le voir maintenant, submergée par sa propre douleur, mais au fond d'elle, une petite étincelle persiste. Une étincelle qui, avec le temps, le soutien, pourrait devenir une flamme.
— Es-tu ma nouvelle raison de vivre, Virginia ?
***
Now playing : The Beaches - Kismet
Le ciel se teinte d'oranges, de roses et de pourpres tandis que le soleil commence à se coucher. Debout devant ma garde-robe, je me demande ce que je devrais porter pour la soirée-garage. J'ai envie d'être à la fois décontractée et élégante, surtout sachant que Shaun va être là.
Après avoir essayé plusieurs tenues, je me suis finalement décidée pour un jean skinny foncé, un t-shirt blanc ample et ma fidèle veste en cuir noir. Pour les chaussures, j'opte pour des bottines à talons noires, confortables et chic à la fois. Devant le miroir, je souligne légèrement mes yeux et choisi un rouge à lèvres nude pour compléter le look.
Mes cheveux me posent problème, comme toujours. Devant le miroir, je prends quelques instants pour arranger mes cheveux bouclés. C'est toujours un défi, mais j'ai décidé de les laisser libres, en les retenant légèrement sur les côtés pour mettre en valeur mon visage.
Avant de sortir de ma chambre, j'attrape mon sac, vérifie rapidement son contenu : téléphone, porte-monnaie, clés et, bien sûr, mon rouge à lèvres pour les retouches. Satisfaite, je prend une grande inspiration. C'est ma première soirée-garage, et bien que je suis excitée, une pointe de nervosité se fait sentir.
En descendant les escaliers, je vois maman assise sur le canapé, plongée dans un magazine. Elle a levé les yeux et m'a offert un sourire chaleureux.
— Tu es superbe, ma chérie, m'a-t-elle lancé.
— Merci, maman, dis-je en répondant timidement. Je suis un peu nerveuse, tu sais.
Elle pose son magazine et se lève pour venir vers moi.
— Profite de ta soirée, je suis sûre que tout ira bien. Et n'oublie pas, si tu te sens mal à l'aise ou que tu veux rentrer, tu m'appelles, d'accord ?
Je hoche la tête.
— Maman, ne t'inquiète pas. La maison de Lia est à cinq pâtés de la nôtre. Je suis à côté.
— Ok bébé, à plus tard alors. Je t'aime ma chérie.
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter autant d'amour ? Maman... tu es la meilleure.
— Moi aussi je t'aime, Maman.
Le parfum frais de la soirée enveloppe mes épaules alors que je quitte le seuil de la maison. Mes pas résonnent doucement sur le trottoir, rythmés par les battements accélérés de mon cœur. Chaque enjambées que je fais en direction de la maison de Lia amplifie le nœud dans mon estomac. Je ne peux m'empêcher de penser à tous les événements récents, à la complexité des relations dans notre groupe. La lueur des lampadaires éclaire mon chemin, envoie des ombres dansantes sur les pavés. L'ambiance nocturne a quelque chose d'à la fois apaisant et inquiétant. Les sons de la ville au crépuscule, le lointain aboiement d'un chien, le murmure d'une radio d'une fenêtre ouverte.
J'ai sorti mon téléphone de mon sac, pour vérifier l'heure et pour me donner une contenance. Peut-être qu'un message de quelqu'un me rassurerait, me donnerait un avant-goût de ce qui m'attend. Mais l'écran reste désespérément vide. La maison de Lia se dessine bientôt devant moi, reconnaissable par les lumières douces et colorées qui filtrent à travers les rideaux et les sons étouffés de musique. Une certaine effervescence s'échappe de l'endroit. Je prends une grande inspiration, en tentant de chasser ma nervosité.
— Tu peux le faire, murmuré-je à moi-même.
Je me suis arrêtée un instant devant la porte, afin de rassembler mon courage. J'entends des rires, des éclats de voix familiers. Shaun est-il déjà là ? Et qu'en est-t-il de Jessica ? J'ai secoué la tête pour chasser ces pensées dans le but de prendre mon courage à deux mains pour sonner à la porte. Dès que la sonnette retentit, la porte s'ouvre presque instantanément. C'est Lia, un grand sourire aux lèvres, habillée d'une robe fluide qui danse autour d'elle à chaque mouvement. Ses yeux brillants trahissent son excitation pour la soirée.
— Virginia ! Tu es venue ! s'exclame-t-elle, m'attirant dans une étreinte chaleureuse. Entre, entre !
— Merci, Lia.
Je suis un peu submergée par son enthousiasme, mais son énergie est contagieuse. En entrant, je suis frappée par la chaleur et la douce odeur d'encens. La pièce est éclairée par des guirlandes lumineuses qui affiche une lueur douce et convivial. De la musique, un mélange de pop et d'indie, emplit l'air.
Le garage de Lia n'est pas comme les autres. Il a été transformé en une sorte de salon bohème, un mélange entre le moderne et le rétro. Dès que j'entre, je remarque le grand tapis persan qui couvre la majeure partie du sol en béton. Ses motifs floraux complexes, ses nuances de bleu, rouge et or donne un aspect éxotique. Autour du tapis, des coussins de sol, quelques matelas bas, recouverts de tissus ethniques, sont dispersés. Les invités sont assis, se détendent.
Contre l'un des murs de briques exposées, un canapé vintage en cuir marron s'étale, avec une vieille affiche de concert encadrée au-dessus. Lia a un penchant pour la musique des années 70. À côté du canapé se trouve une étagère en bois recyclé, sur laquelle est disposés une platine vinyle, une collection impressionnante de disques et quelques plantes en pot.
Sur le mur opposé, une guirlande lumineuse pend, ses ampoules douces diffuse une lumière tamisée dans toute la pièce. Un bar fait maison est installé dans le coin, avec des bouteilles d'alcool de toutes sortes, des verres vintage et un éclairage néon. On aurait dit une ambiance de speakeasy. Des rideaux épais en velours pourpre sont accrochés devant l'entrée du garage, isole l'espace du monde extérieur et crée une atmosphère intime. La pièce se parsème de bougies parfumées, qui diffuse un doux parfum de vanille et de musc, dans une ambiance chaleureuse.
Rose est là, parlant vivement à Taylor qui acquiesçe de temps en temps à ce qu'elle dit. Zach, appuyé contre un mur, tient un verre à la main et paraît perdu dans ses pensées. Et puis finalement il y a Shaun, assis sur le canapé, entouré de quelques amis. Nos regards se croisent, un frisson me parcourut l'échine. Il se lève et se dirige vers moi.
— Salut, Virginia, dit-il, un sourire timide éclairant son visage.
Avant que je puisse répondre, Rose et Taylor s'approchent de moi, m'entraîne dans leurs conversations animées.
Je me suis retrouvée assise sur le canapé entre Lia et Rose, avec Taylor assise en face de nous, les pieds repliés sous elle. La conversation s'est naturellement tournée vers le sujet que nous avions toutes en tête : le lycée de Springton.
Lia a poussé un soupir mélodramatique.
— Vous n'avez aucune idée de combien j'ai hâte d'y être ! Les fêtes, les matchs de foot, les bals, la pyjama party... Je veux tout vivre !
Rose a roulé des yeux en riant.
— Et bien sûr, les études, Lia ? Tu penses peut-être y aller aussi pour ça ?
Lia a fait une grimace.
— Bien sûr, bien sûr, mais qui se soucie vraiment des mathématiques quand il y a tant d'autres choses à faire ?
Taylor rit doucement.
— Bon, je dois admettre que je suis excitée pour les clubs. J'ai entendu dire que cette année, ils avaient un club de théâtre incroyable, et j'adorerais m'y joindre.
Moi, je me suis mordu la lèvre, pensant à mes propres appréhensions.
— Je suis nerveuse à l'idée de tout cela, avoué-je. Nouvelle école, nouveaux professeurs, nouvelles personnes... C'est intimidant.
Rose me donne un coup de coude amical.
— Ne t'inquiète pas, Virginia. On te soutiendra. De plus, qui pourrait résister à tes magnifiques boucles ?
Elle a ri, faisant allusion à mes cheveux afro-américains bouclés que je portes fièrement. Lia hoche la tête en accord.
— Exactement ! Et puis, si quelqu'un te donne du fil à retordre, tu sais que tu as toute une équipe derrière toi.
Elle a levé son verre en signe de toast, et nous avons toutes trinqué, riant et parlant jusqu'à ce que les premières étoiles apparaissent dans le ciel nocturne.
***
Now playing : David Guetta x Kid CuDi - Memories
Les heures ont semblé filer à une vitesse vertigineuse. La musique provenant de la chaîne stéréo de Lia donne le ton à la soirée. Elle a préparé une playlist de toutes nos chansons préférées, et bientôt, nous nous sommes retrouvées à chanter à tue-tête, avec nos bras enlacés les uns autour des autres.
Zach et Shaun, à un moment donné, ont sorti une guitare et un tambourine, improvisant des rythmes pour accompagner nos chants. C'est une sorte de magie que seule une nuit d'été peut offrir, où les rires, les chansons et les espoirs pour l'avenir se mêlent dans l'air tiède. Taylor, en parlant du lycée, mentionne le bal de promo, ce qui a déclenché toute une conversation sur les robes, les chaussures, les rêves de soirées parfaites. Rose a avoué qu'elle a déjà repéré une robe dans une boutique du centre-ville, tandis que Lia rêve de transformer le gymnase du lycée en un véritable palais de contes de fées pour la nuit.
L'atmosphère est joyeuse, détendue, mais je sens un frisson d'anxiété à chaque fois que mes yeux croisent ceux de Shaun. Il y a quelque chose de non dit entre nous, quelque chose que j'espère explorer bientôt. La soirée se poursuit avec des jeux de société, d'innombrables éclats de rire. Mais à mesure que minuit approche, je me sens de plus en plus absorbée par mes pensées, je repenses à Jessica, à tout ce qu'elle a traversé. Bien que je me sois amusée avec les autres, une partie de moi ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour elle. Lorsque la soirée se termine, que tout le monde a commencé à rentrer chez lui, je restes un moment sur le seuil de la porte, profitant de la fraîcheur nocturne, des étoiles scintillantes.
Alors que je m'apprêtes à quitter le seuil de la maison de Lia, une main saisi fermement mon bras. Je me suis retournée pour voir Shaun, les yeux emplis d'une gravité que je n'ai jamais vue auparavant.
— Virginia, attends une seconde, dit-il doucement, mais avec urgence.
Je me retourne pour lui faire face. Mes yeux cherchent à discerner ses véritables intentions dans l'obscurité. Il prend une grande inspiration avant de continuer, son regard évite le mien.
— Il faut que tu saches... Lia... elle n'est pas ce qu'elle semble être. Elle est celle qui a envoyé Jessica à l'hôpital.
Le sol se dérobe sous mes pieds. Lia ? Comment cela était-il possible ? La fille que j'ai vu ce soir, avec son sourire pétillant, ses éclats de rire si contagieux, capable d'une telle cruauté ?
Shaun voit mon incrédulité et continue rapidement,
— Elle, et les autres, ils ont un certain pouvoir ici à Springton. Ils sont dangereux, Virginia. Tu dois faire attention.
Ma colère bouillonne en moi. Comment ont-ils pu faire ça à Jessica ? Avant même que je ne m'en rende compte, je prend la direction de la maison de Lia, dans le but de la confronter.
Shaun m'attrape, ses doigts s'enroulent fermement autour de mon poignet.
Virginia, non ! Confronter Lia maintenant serait une grosse erreur. C'est exactement ce qu'elle veut. Elle adore le drame, c'est une mania du contrôle. Ne lui donne pas des raisons de s'en servir !
J'ai serré les dents, les larmes menaçant de déborder.
— Alors, que suis-je censée faire ? Laisser tomber Jessica et attendre mon tour ?
Il a soupiré, semblant vraiment fatigué.
— Je... Je ne sais pas. Mais agir impulsivement n'aidera pas Jessica et pourrait te mettre en danger. Promets-moi de réfléchir avant de faire quoi que ce soit.
Nous nous sommes tenus là pendant plusieurs minutes qui m'ont paru des heures, tous deux tiraillés par nos propres conflits intérieurs. J'ai finalement hoché la tête, acceptant, à contrecœur, de prendre du recul. Mais une chose était sûre : je ne laisserais pas Lia et sa clique m'intimider.
— Hé, tout va bien ici ?
Soudain, une silouhette s'approche rapidement de moi et Shaun : la lueur de l'éclairage extérieur baigne Lia dans un halo lumineux, ses cheveux étincelant comme une couronne dorée. À première vue, elle semble être l'incarnation de l'innocence, mais après la révélation de Shaun, chaque mouvement qu'elle fait, chaque sourire qu'elle m'offre, prend une nouvelle signification pour moi. Lia s'approche, son regard passe de Shaun à moi. Sa voix a cette même douceur que la première fois qu'on s'est rencontrées, mais maintenant, elle cache une nuance sinistre.
Je déglutis, en essayant de garder ma voix stable.
— Oui, je... je rentrais juste chez moi.
Shaun acquiesce, son regard ne quittant pas le mien, m'avertissant silencieusement de ne pas faire d'erreurs.
— On discutait juste un peu.
Lia incline la tête, ses yeux scrutant les nôtres, comme si elle essayait de déchiffrer un code secret.
— Hin hin. Virginia, tu sembles préoccupée. Est-ce que Shaun a dit quelque chose qui te tracasse ?
Avant que je ne puisse répondre, Shaun s'est interposée, sentant un besoin irrépressible de me protéger,
— Non, pas du tout. J'expliquais simplement à Virginia comment se rendre à la fête forraine de l'automne qui va bientôt ouvrir. Elle est encore nouvelle ici, tu sais.
Un sourire a éclairé le visage de Lia, mais il n'a pas atteint ses yeux.
— Bien sûr, c'est vrai. J'oublie parfois que tu viens d'arriver. N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit. Après tout, nous sommes tous amis maintenant, non ?
Son usage du mot "amis" paraît si calculé, si manipulé, que j'ai dû mordre l'intérieur de ma joue pour ne pas réagir.
— Oui, bien sûr, répondis-je, faisant de mon mieux pour masquer l'indignation qui bouillonne en moi. Merci pour m'avoir si chaudement accueillie dans ton cercle d'amis, Lia.
Avec un dernier sourire directement à Shaun, elle s'éloigne, ses talons claquants contre le sol dans un rythme presque hypnotique. Une fois qu'elle est hors de vue, je prends une grande inspiration, réalisant à quel point j'ai retenu mon souffle. Shaun me regarde, les sourcils froncés.
— Tu as été incroyablement courageuse, Virginia. Mais fais attention à toi. Lia est plus dangereuse qu'il n'y paraît.
Je hoche la tête, ressens le poids des événements de la fin de soirée sur mes épaules.
— Je serai prudente, Shaun. Promis.
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