En route pour Springton High'

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La maison de Lia se dresse devant moi, immense, imposante, avec ses grandes fenêtres, sa façade moderne. Ma Subaru gronde doucement lorsque je coupe le moteur. Je prends une profonde inspiration pour me calmer, rassembler mes pensées et préparer mon entrée. Ce ne sera pas une visite agréable, je le sais déjà. À peine ai-je mis un pied hors de la voiture que la porte d'entrée de la maison s'ouvre brusquement. Lia en sort, les cheveux dans le vent, les yeux brillants. Elle ne perd pas le nord, celle-là.

— Alors, tu voulais me voir ? lance-t-elle, un sourire narquois aux lèvres.

Je m'approche d'elle. Si elle pense que j'ai peur, la pauvre va tomber de haut.

— Pourquoi as-tu fait ça à Jessica ? Pourquoi tu nous as manipulées ?

Son sourire s'élargit, mais aucune chaleur ne s'en dégage.

— Tu es vraiment naïve, Virginia. C'est le jeu, ma chérie. Et tu es entrée dedans, tête la première.

Mes mains se serrent en poings.

— Ce n'est pas un jeu ! Tu as blessé Jessica. Tu veux me blesser aussi ? Je te préviens, je ne tomberai pas aussi facilement, moi !

— C'est ce qu'on va voir.

Soudain, Lia se jette sur moi, ses ongles cherchent ma peau. Je tente de me protéger, j'esquive ses coups. Chaque mouvement est instinctif, alimenté par l'adrénaline. Les cris, la colère, la douleur, tout se mélange dans cette danse violente. Mais je ne suis pas aussi faible qu'elle le pense. Je pare un de ses coups et lui assène une gifle. Elle recule, choquée, un filet de sang coulant de sa lèvre inférieure. Ses yeux, emplis de haine, se plantent dans les miens.

— Tu vas le regretter espèce de pétasse, me crache-t-elle.

— Ouais c'est ça, dégage ! Crié-je en me dirigeant vers elle.

Avant que je puisse réagir ou dire quoi que ce soit d'autre, une ombre s'interpose entre nous. Shaun, avec sa carrure imposante, parvient à nous séparer en un rien de temps. Ses bras musclés repoussent Lia en arrière tandis que son autre main attrape fermement mon poignet, m'empêchant de riposter.

— Ça suffit, toutes les deux ! gronde-t-il, ses yeux sombres alternent entre Lia et moi.

Lia, essoufflée et en colère, glisse son regard vers moi, un sourire cruel étirant ses lèvres ensanglantées.

— Rendez-vous demain au lycée Springton, Virginia. J'espère que tu seras prête, car putain ça va être ta fête, sale conne !

Sans un mot de plus, elle tourne les talons, remonte les marches de sa maison avec fierté, avant de claquer la porte derrière elle. Je me dégage brutalement de l'emprise de Shaun, mes yeux fixés sur la porte fermée de la maison de Lia.

— Toi ! Tu n'es pas tout blanc dans cette histoire, n'est-ce pas ? Je sais ce que tu as fais à Jessica ! Jouer avec ses sentiments alors qu'elle était éperdument amoureuse de toi... tu es vraiment dégueulasse ! Quand je pense que je commençais sincèrement à t'apprécier !

Il pousse un soupir profond, évitant mon regard.

— Je... je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Et je ne voulais pas m'impliquer. Mais Lia... elle m'a forcé.

— Ne pas t'impliquer ?! Je me rapproche de lui, plus en colère que jamais. Jessica est à l'hôpital à cause de toi, Shaun ! Parce que tu as joué le jeu de cette timbrée ! Pourquoi fais-tu tout ce qu'elle te demande ? Je ne comprends pas !

Il semble déchiré, ses yeux évitent toujours les miens.

— Je... je suis désolé, Virginia. Je n'aurais jamais dû te laisser t'approcher de Lia et de son groupe.

— Répond à ma question !

— Parce que... parce que c'est comme ça, compris ?! Tu ne pourras jamais comprendre le lien indéfectible que j'ai avec Lia, même si je te le disais !

Un lien indéfectible ? Avec cette garce ? De quoi peut-il bien parler ?

— Et Jessica ? Est-ce que tu l'aimes vraiment ?

— Oui... mais on ne pourra jamais être ensemble.
— Putain mon gars, tu es vraiment trop con. dis-je, avant de tourner les talons. De toute façon, elle mérite mieux que toi.

Sans lui adresser un autre regard, je me dirige rapidement vers la Subaru. Mes pas sont guidés par une détermination renouvelée. Une immense rage bouillonne en moi. La confusion, l'appréhension de ce que demain va être pour moi. J'ouvre la portière avec un peu trop de force, me glisse à l'intérieur et démarre le moteur. Dans mon rétroviseur, je peux voir Shaun, toujours debout devant la maison de Lia, ses épaules tombantes, ses mains fourrées dans les poches de son jean. Il a l'air perdu, coupable peut-être. Mais à cet instant, je m'en fous. Ma priorité, c'est Jessica, et ma guerre imminente avec Lia. Je presse la pédale d'accélérateur un peu plus fort que d'habitude, laissant derrière moi cette maison et ses ombres. Les lumières de la rue défilent à toute vitesse, les lampes allume une partie de ma résolution. Rentrer à la maison, me préparer, me reposer, revenir plus forte demain.

Les pensées s'entrechoquent dans ma tête. Pourquoi Shaun a-t-il gardé le silence concernant Jessica si il l'aime ? Pourquoi n'a-t-il pas tenté de m'avertir avant que les choses ne dégénèrent avec Lia ? Je me sens trahie par lui, même si nous n'étions pas si proches. Sa loyauté est ébranlée, partagé entre son amour pour Jessica et son allégeance à Lia. En me concentrant sur la route devant moi, je prends une profonde inspiration pour essayer de calmer le tourbillon de mes émotions. La nuit enveloppe le quartier d'Havenwoods. Je m'approche de ma maison. Je prépare mon plan d'action pour le Jour-J.

J'arrête la voiture devant chez moi. Avant de sortir, je lance un dernier regard vers la direction de la maison de Lia, une sensation d'appréhension pèse sur ma poitrine. Le calme avant la tempête, sans doute. Mais pour l'instant, j'ai besoin de repos, de temps pour réfléchir.

***

Now playing : Halsey - Nightmare

Les derniers rayons du soleil filtrent à travers les stores, baignent ma chambre d'une lumière douce et dorée, contrastant cruellement avec la tourmente intérieure qui me secoue. J'ai calé mon dos contre la tête de mon lit, mes écouteurs dans les oreilles, je laisse la musique de Halsey me submerger. Les paroles de "Nightmare" sont si justes, si adaptées à ce que je ressens, à ce chaos qui m'envahit. Chaque fois que la chanson se termine, je la remet, pour m'envelopper dans cette mélodie sombre comme une couverture protectrice.

Il n'y a pas eu beaucoup de mouvement de ma part ce jour-là. Mon lit est devenu mon refuge, le seul endroit où je me sens en sécurité, à l'abri des griffes des Pretty Faces. Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre doucement. Ma mère, s'avance dans l'embrasure, ses yeux remplis d'inquiétude. On dirait qu'elle a vieillie de dix ans en quelques heures. Cela me brise le cœur. Tout ça c'est de ma faute.

— Virginia ? dit-elle doucement, en essayant de capter mon regard.

Je baisse le volume de ma musique, mais ne retire pas mes écouteurs.

— Oui, maman ?

— Bébé, tu as vite filé dans ta chambre sans même nous adresser la parole à moi et ton père. Est-ce que tout va bien ? Tu veux en parler ?

Je pousse un long soupir. Comment je peux expliquer à ma mère la tempête qui va bientôt me tomber dessus, sans l'inquiéter davantage ?

— C'est juste... le stress de la rentrée, je suppose, mentis-je.

Maman s'assoit sur le bord de mon lit, passe une main douce sur mon front et dans mes cheveux bouclés.

— Je sais que ce déménagement a été difficile pour toi, mais rester enfermée ne t'aidera pas. Il faut que tu te détendes. De plus, tu t'es fais des nouveaux amis, n'est-ce pas ? Ça va aller, tu verras.

Je hoche timidement la tête, sans vraiment la regarder.

— Je sais, maman. C'est juste... difficile. New York me manque toujours, tu sais.

Elle me serre la main, ses doigts enveloppent les miens avec chaleur.

— Je sais bien... écoute, je suis là pour toi, toujours. Si tu veux en parler, je t'écoute.

La sincérité dans ses yeux faillit me faire craquer. Mais je ne peux pas lui dire la vérité sur Lia, pas encore. C'est mon combat personnel. Peu importe ce que cette conasse me fera endurer avec ses deux pantins Rose et Taylor.

— Merci, maman, murmuré-je, les larmes aux yeux. Je te promets que ça ira mieux demain.

Elle se penche en avant, dépose un doux baiser sur mon front.

— Je crois en toi. Profite-en pour te reposer. Et n'oublie pas : je t'aime mon cœur. Plus que tout au monde. Tu le sais, pas vrai ma chérie ?

— Moi aussi je t'aime Maman. Plus que tu ne peux l'imaginer.

Alors qu'elle quitte la pièce, je replonge dans ma musique, les paroles de Halsey résonne avec mes propres sentiments. Demain va être un autre jour, une nouvelle vie. Mais pour l'instant, je vais simplement survivre.

***

Quelques heures plus tard...

La cuisine est plongée dans une douce pénombre, éclairée uniquement par la lumière tamisée de la lune qui filtre à travers les rideaux. J.J se tient près du comptoir, une tasse de thé chaud à la main. Son visage est marqué par l'inquiétude.

— Frank, je suis vraiment préoccupée par Virginia, avoue-t-elle, son regard fixé sur le liquide ambré de sa tasse.

Son mari, Frank, s'avance vers elle, pose sa tasse de café sur le comptoir.

— Elle vient de vivre beaucoup de changements, J.J. Quitter New York, ses amis, démarrer une nouvelle vie ici... c'est beaucoup à encaisser pour une adolescente de son âge.

J.J soupire, joue distraitement avec la cuillère de sa tasse.

— Je sais, mais il y a quelque chose dans son regard... C'est comme si elle avait peur, Frank. Et je ne parle pas de la nervosité habituelle d'une rentrée scolaire. C'est plus profond que ça.

Frank pose ses mains sur les épaules de sa femme pour la rassurer.

— Elle a juste besoin de temps, Julianne. Elle s'adaptera et trouvera sa place ici à Springton. Elle est forte, tout comme sa mère.

Un faible sourire se dessine sur les lèvres de J.J.

— Je l'espère, Frank. Je l'espère vraiment.

Elle prend une profonde inspiration. Elle sent le poids de ses inquiétudes s'alléger légèrement grâce au soutien de son mari.

— Tu as probablement raison. Elle a juste besoin de temps pour s'adapter. J'espère juste que ces nouveaux amis qu'elle s'est fait sont dignes de confiance.

Frank hoche la tête.

— On ne sera pas toujours là pour la protéger. Tout ce qu'on peut faire, c'est lui donner les outils et la force pour affronter les épreuves de la vie. Elle est plus forte qu'elle ne le pense.

J.J se blottit contre son mari, qui la réconforte dans une étreinte chaleureuse. Ils restent ainsi pendant un moment, puis Frank s'écarte doucement, lui donnant un baiser sur le front.

— Allons nous coucher. Demain est un grand jour pour notre fille.

Les deux se dirigent vers leur chambre.

***

Les murmures de la conversation entre mes parents ont atteint mes oreilles alors que je suis assise, pensive, sur les marches en bois poli des escaliers. Mes émotions sont en ébullition. Je me sens prise entre mon besoin de protéger mes parents de la vérité et mon désir de leur crier tout ce que j'ai vécu en si peu de temps.

Les mots de ma mère, en particulier, ont résonné profondément en moi.

"C'est comme si elle avait peur..."

Les larmes ont commencé à monter, des sillons chauds se sont formés sur mes joues. Je suis si seule, si isolée dans cette nouvelle ville, avec ces ombres menaçantes qui se cache derrière des jolis visages, des faux faciès, de faux sourires.

La douceur de mon père, ses assurances, ont encore plus creusé cette douleur. Il croit aveuglément en moi, en ma force, mais moi je doute. Je suis inquiète quant à ma capacité d'affronter ce qui m'attend, de ma force pour protéger non seulement moi-même, mais aussi ma famille. Les mots rassurants de mon père m'ont fait me sentir encore plus petite, plus vulnérable.

Alors que les pas de mes parents se rapprochent, je sèche rapidement mes larmes et, avec toute la discrétion dont je suis apte, je me lève et je cours à ma chambre, referme doucement la porte derrière moi. Je me suis affaissée sur mon lit, afin d'enterrer mon visage dans l'oreiller pour étouffer les sanglots qui montent. Mes draps frais m'offre un maigre réconfort contre le tumulte intérieur dont je souffre. Je veux crier, hurler ma frustration, ma peur, ma terreur... mais je me retient malgré moi. Ce n'est ni le moment ni l'endroit.

Je pense à Jessica, à ma visite tragique à l'hôpital, aux menaces de Lia, Taylor et Rose. Je suis coincée entre deux mondes : celui de la sécurité, de l'amour de ma famille, et celui des secrets sombres, des dangers de Springton. Je dois trouver un moyen de naviguer à travers ce labyrinthe, mais pour l'instant, tout m'a l'air... si accablant.

Enfin, je m'endors, épuisée par le poids de mes émotions, avec l'espoir qu'un nouveau jour va m'apporter des réponses, ou au moins un semblant de paix.

***

Le lendemain...

Jour-J

Now playing : Olivia Rodrigo - all-american b****

Mes pieds sont lourds alors que je marche dans le couloir menant à ma chambre. Ça me prend une éternité. Mon estomac se noue un peu plus à chaque seconde. Les images de la veille avec Lia sont encore fraîches dans mon esprit. Je crains de trouver quelque chose de mauvais dans ma chambre.

Lorsque j'entrouvre la porte, je m'arrête net. La figure familière de Lia, qui fouille avec insistance dans ma garde-robe, me glace le sang. Mes poumons se contractent, refuse de me donner l'oxygène dont j'ai désespérément besoin.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? c'est la question qui s'échappe de mes lèvres, avec un gémissement étouffé.

Mais alors que je cligne des yeux, préparant mon esprit à affronter cette nouvelle menace, la silhouette de Lia disparaît. Elle ne laisse qu'une chambre déserte et le désordre que j'ai laissé le matin. Je suis si terrifiée que j'en ai des hallucinations maintenant. Super. C'est mon esprit qui me joue des tours. Il essaye de me préparer au pire. Mais cela ne fait qu'augmenter mon anxiété.

— Virginia ! Le petit déjeuner est prêt ! La voix de ma mère me parvient depuis le rez-de-chaussée, me ramenant brutalement à la réalité.

— J'arrive, maman ! répondis-je, ma voix légèrement tremblante. Je jette un dernier coup d'œil à ma chambre, en m'assurant que tout est normal, avant de me diriger vers la cuisine.

Alors que je descend les escaliers, les odeurs familières du petit-déjeuner, les pancakes et le bacon, remplissent mes narines. Pour un instant, tout est normal. Mais cette sensation ne va pas durer longtemps. La réalité me rattrape à nouveau alors que je m'assoit à la table, fixant mon assiette. Le premier jour de lycée. Springton High. L'endroit où je dois affronter Lia et les Pretty Faces.

Ma mère me lance un regard inquiet, ses yeux cherchent désespérement les miens.

— Tout va bien, chérie ? Tu es prête ?

Je hoche la tête, pour masquer mon appréhension.

— Oui, juste... nerveuse pour le premier jour, c'est tout.

Elle me sourit doucement, pose sa main sur la mienne.

— Ça va aller, bébé. Tout le monde est nerveux lors de son premier jour, surtout dans un nouvel établissement. Tu vas t'y faire.

J'espère qu'elle a raison. Enfin, j'espère... au fond de moi, je sais pertinemment que ça ne va pas être un premier jour ordinaire. C'est le jour où je vais entrer dans l'arène, prête à affronter les lions. Mes doigts tremblent alors que je déverrouille mon téléphone, le message de Lia affiché clairement sur l'écran. Ma bouche se dessèche instantanément, les mots se taillent profondément dans ma conscience. Même à travers un simple SMS, elle arrive à m'injecter son venin.

"Devine qui s'est occupé de la répartition des classes ? Toi et moi on va être camarades ! C'est pas cool ça ? Enfin, pas cool pour toi. Tu vas souffrir, ma belle."

La dernière phrase résonne dans mon esprit, mes pires craintes sont officiellement fondées. Être dans la même école que cette folle, c'est déjà un supplice, mais être dans la même classe ? C'est un cauchemar éveillé. Comment je vais faire face à ses regards, à ses murmures, à ses attaques constantes ?

Je glisse rapidement le téléphone dans ma poche. J'espère que ma mère n'a pas remarqué le changement soudain dans mon comportement. Mais bien sûr que si, elle l'a remarquée. Elle remarque toujours tout.

— Virginia... dit-elle, ses sourcils se fronçant d'inquiétude.

Je force un sourire. Je veux paraître nonchalante.

— Maman. Je vais bien. C'était juste un message d'une amie. Rien d'important.

Elle m'observe d'un regard scrutateur. Ma mère essaie clairement de déceler le mensonge, mais je détourne mon regard, attrapant mon sac à dos.

— On devrait y aller. Je ne veux pas être en retard pour mon premier jour de classe, lui dis-je d'un sourire forcé.

Ma mère hoche la tête, en acceptant ma réponse pour l'instant.

— D'accord. Allons-y.

Nous montons dans la voiture. Je me concentre sur la musique qui se joue à la radio, afin de repousser les pensées sombres dont je fais l'objet depuis ce matin.

***

On s'approche de Springton High. Ça va être un combat. Je vais rester forte, pour moi, pour ma famille. Je refuse de laisser Lia et les Pretty Faces me briser.

Les lumières clignotantes du lycée Springton se reflètent dans les gouttes de rosée du matin, tandis que le soleil se lève doucement à l'horizon. Les murs de brique du bâtiment historique sont imprégnés de tant d'histoires, tant d'émotions, et maintenant, je vais en faire partie. Une nouvelle histoire va s'écrire, teintée d'obscurité.

Les paroles de "Say Something" de James tourbillonnent dans ma tête. Elle m'envahit de frissons.

"Say something, say something, Anything... you're silence is defeaning... give me a sign."

C'est comme si la chanson m'a été destinée, résonnant avec mes propres sentiments. Une part de moi veut dire à ma mère de faire demi-tour, de fuir ce lieu maudit, mais l'autre, plus tenace, veut affronter Springton High'. Pas seulement pour moi, mais pour Jessica, pour tous ceux qui ont souffert avant moi.

Ma mère arrête la voiture devant l'entrée du lycée, où de nombreux étudiants se rassemblent déjà, discutant et riant. Le contraste entre leur insouciance apparente et le tourbillon d'émotions qui me submerge est déconcertant.

— Allez Virgie, dit ma mère, qui caresse doucement mon visage, ses yeux emplis d'une inquiétude maternelle. Je sais que c'est effrayant maintenant, mais tu vas réussir à t'adapter. Tu es forte. Plus forte que moi et ton père. Tu es une vraie force de la nature.

Je prend une grande inspiration.

— Maman... merci.

Avec une légère hésitation, j'ouvre la porte de la voiture, je sens l'air frais du matin sur mon visage. L'atmosphère est lourde, électrique, presque palpable, comme si tout le monde attend quelque chose. Ou peut-être est-ce juste moi?

Je marche lentement vers l'entrée du lycée. J'évite les regards des autres élèves, sachant que parmi eux se trouvent Lia et les jolies visages, observant, jugeant. Mais je ne vais pas les laisser me voir flancher. Pas maintenant, pas ici.

Alors que je franchis les portes du lycée, je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne brusquement, mon cœur prêt à exploser. Mais ce n'est pas Lia, ni Taylor, ni Rose. C'est une fille, à peine plus âgée que moi, avec des cheveux bouclés noirs et des yeux doux.

— Salut, dit-elle avec un sourire chaleureux. Tu dois être Virginia Jonas. Je m'appelle Maya, je suis la présidente des élèves. Je voulais juste te souhaiter la bienvenue à Springton High. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-moi signe.

Je suis surprise par sa gentillesse. D'un coup, je me sens un peu moins seule. Peut-être, après tout, que tout n'est pas perdu. Le sol se mouvoit sous mes pieds alors que je marche. Les rires et les discussions bourdonnent à mes oreilles, mêlés à la cacophonie du carillon de la cloche, me signale le début des cours. Tout se bouscule. Maman a-t-elle raison ? Est-ce que j'ai vraiment ma place ici ?

En entrant dans le hall du lycée, je me retrouve confrontée à une autre réalité : les cliques, les groupes, chaque bande d'amis a son propre territoire, sa propre identité. Je suis étrangère dans cet univers inconnu. Mes yeux balayent nerveusement la foule, j'espère ne pas croiser le regard de Lia ou de l'un de ses acolytes.

J'ai l'impression d'être une proie facile, mais je refuse de le montrer. Mes épaules sont droites, mon menton relevé, prête à affronter le monde. Je sors mon emploi du temps de mon sac pour essayer de le déchiffrer. Mathématiques, salle 204. Je commence à marcher, je me fraie un chemin à travers la foule, cherchant désespérément les panneaux indicateurs.

Alors que je me dirige vers ma première classe, quelqu'un me prend doucement par le bras. Je sursaute, mais en me retournant, je suis soulagée de voir que c'est Maya, la fille que j'ai rencontrée quelques instants plus tôt.

— Hey, tu sembles un peu perdue, non ? demande-t-elle avec un doux sourire. La salle 204 est par là. Elle pointe du doigt un escalier non loin de là.

— Merci Maya. C'est ma première fois ici et je suis... un peu dépassée.

Maya rit légèrement.

— Ne t'inquiète pas, on l'a tous été à un moment donné. Si tu veux, je peux te montrer le chemin ?

Je hoche la tête, soulagée.

— Ce serait génial, merci.

Maya est différente, une bouffée d'air frais dans cette atmosphère étouffante. Et pour la première fois de la matinée, je me sens un peu plus légère. Peut-être que tout n'est pas si sombre, après tout. Peut-être..

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