La fille aux cheveux roses

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Now playing : Ardency - I Saw The End

Je me réveille, le poids sur ma poitrine est insoutenable, comme si un éléphant s'était assis dessus. J'ouvre les yeux mais je ne vois rien, perdue dans une brume épaisse, opaque. Mon corps est lourd, comme enchaîné, et chaque mouvement me coûte. Mon avant-bras est encore douloureux après ma scarification. La honte m'envahit à nouveau quand j'y repense, brûlante, dévorante. Je repense sans cesse à la vidéo, les moqueries, la trahison, Lia, Taylor, Rose, Shaun, Jessica...

Je me redresse péniblement, les couvertures emmêlées autour de mes jambes. Mon reflet dans le miroir est celui d'une étrangère, les yeux rougis et cernés, le teint pâle. Je suis fatiguée, lassée de lutter, exténuée de prétendre, tiraillée par ce poids incessant dans mon cœur.

J'essaie de chasser ces pensées noires, mais elles reviennent en force, me submerge de plus belle. J'enfile un sweat ample, m'entoure d'une écharpe, et regarde mon téléphone. Tant de notifications, tant de messages, mais je n'ai pas la force de les lire. Je ne veux plus rien savoir, je veux juste que tout s'arrête.

Mon corps se déplace automatiquement, comme en pilotage automatique, je marche lentement à travers la maison. Je descends lentement les escaliers. La maison est silencieuse, paisible, un contraste brutal avec le chaos ambiant en moi.

Je m'assois à la table de la cuisine, ma tête entre mes mains.

— C'est fini. J'abandonne, murmuré-je doucement, les mots m'échappe involontairement. Je n'en peux plus. Tous les jours sont une bataille, chaque réveil un rappel douloureux de la réalité.

Mais alors que je me perds dans ces pensées sombres, je sens une main se poser doucement sur mon épaule. Je sursaute, levant les yeux pour croiser le regard inquiet de ma mère. Elle ne dit rien, se contentant de me serrer dans ses bras, m'offrant le réconfort dont j'ai tant besoin. Le soutien de ma mère est comme un baume, mais il ne peut pas guérir les profondes entailles que mon âme a subies. J'ai l'impression que tout m'échappe, que la vie glisse entre mes doigts comme les grains de sable d'une plage.

Chaque pas me rapproche de l'extérieur, de l'air libre, de l'échappatoire. Le soutien de ma mère est comme un baume, mais il ne peut pas guérir les profondes entailles que mon âme a subies. J'ai l'impression que tout m'échappe, que la vie glisse entre mes doigts comme les grains de sable d'une plage.

J'embrasse ma mère, sentant ses larmes humides contre ma joue.

— Maman, je dois juste... sortir un peu, d'accord ? dis-je, essayant de la rassurer.

Mais je sais que mes mots ne pèsent pas lourd, qu'elle ressent ma détresse. Elle hoche la tête doucement, ses yeux me supplient de rester, mais je ne peux plus. C'est fini.

Je saisis les clés de la Subaru blanche, cette voiture familiale qui a tant de souvenirs associés à elle. Elle démarre au quart de tour, le ronronnement du moteur étant le seul son qui réussit à percer le brouillard dans ma tête. Je roule, sans vraiment savoir où je vais. Les rues de Springton défilent, et je me retrouve attirée vers le parc, vers le pont.

Le pont de Springton est un endroit que je connais bien maintenant, à cause de Lia et de ses copines. J'y ai passé de nombreuses journées à me faire cogner et insulter par ces filles malveillantes. Aujourd'hui, le pont est une frontière, un espace entre le passé et le futur, entre la vie et... la mort.

Je gare la voiture et coupe le moteur. Les clés sont encore dans le contact quand je sors, les laissant derrière moi. Je me dirige vers le milieu du pont. L'eau en dessous est si calme, si paisible, comme si elle pourrait engloutir tous mes soucis, toutes mes douleurs. Je m'appuie sur la balustrade, regardant les vagues douces qui se forment à la surface. Tout est si simple d'ici. Un dernier pas, une chute, et puis...

"Virginia ?"

Tou à coup, une voix interrompt mes pensées. Je tourne la tête pour voir un visage familier. C'est Mme Henderson, ma prof de speech. Ses yeux débordent de compassion.

— Que fais-tu ici, ma chérie ? demande-t-elle doucement.

Je hoche la tête, essayant de trouver les mots.

— Je... je ne sais pas, j'avoue, les larmes montent à nouveau.

Elle s'approche, ses bras m'enveloppent les épaules.

— C'est dur, je sais, murmure-t-elle. Mais tu n'es pas seule, Virginia. Tu n'as jamais été seule. Il y a des gens qui t'aiment, qui tiennent à toi. Tu dois tenir le coup. Si tu ne peux pas le faire pour toi, alors fais-le pour nous, dit-elle en s'en allant.

— Je... je n'en peux plus, Madame. J'ai décidée... d'abandonner, dis-je en montant sur la balustrade.

— Virginia, ne fais pas ça ! Redescends, allez !

— Dites à mes parents... que je les aimes... de tout mon cœur. dis-je en lâchant un dernier sourire.

Le monde autour de moi s'estompe. Je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Je suis totalement perdue dans les méandres de mon esprit. Une chute et c'est fini les soucis. C'est tout ce dont j'ai besoin. Une paix éternelle. Alors je m'élance, et... et je...

"Hey, toi ! Ne fais pas ça !"

Soudain, Je me retourne et tombe nez à nez avec une apparition. Une jeune fille, à peine plus âgée que moi, avec des cheveux d'une nuance de rose si vive qu'ils s'irradient de lumière dans la pénombre ambiante.

— Qu'est-ce que tu fais, là ?! s'exclame-t-elle, les yeux grands ouverts, remplis d'une énergie indomptable. Descends allez ! Ça n'en vaut pas la peine !

Je cligne des yeux, décontenancée.

— Mais putain... qui... qui es-tu ?! D'où viens-tu ? Tu es une amie de Lia, c'est ça ? je bafouille, sur la défensive. Je m'attends à une réponse moqueuse, à un autre piège, à un autre stratagème de Lia pour me briser davantage.

Mais à ma grande surprise, la jeune fille aux cheveux roses secoue vigoureusement la tête.

— Lia ? Qui est-ce ? Non, moi je viens d'emménager à Springton. Et je m'appelle Pink. Je te demande simplement de descendre de là. S'il te plaît... ne fais pas ça à ta famille. Tu vas les briser pour la vie. J'ai déjà connue ça, et... c'est un véritable enfer. Alors, je te le demande une dernière fois : descend de là et bat toi, peu importe ce que tu vis en ce moment.

Il y a... une telle sincérité dans sa voix que je ne peux m'empêcher de baisser la garde. Je descend finalement de la balustrade, complètement hypnotisée. Pink s'approche avec une énergie contagieuse. Mme Henderson la regarde, abasourdie.

— Je ne veux pas te causer de soucis, ajoute-t-elle, remarquant mon hésitation. J'ai juste pensé que... peut-être tu avais besoin de parler à quelqu'un ? D'une nouvelle amie, peut-être ? Elle sourit, révélant des dents parfaitement alignées et un éclat joyeux dans ses yeux.

Son language corporel est sincère. C'est étrange, mais en quelques instants, Pink parvient à me faire sentir mieux, voir bien, très bien. Même en plein milieu de l'obscurité, une lueur d'espoir peut toujours apparaître. Je souris faiblement, touchée par sa gentillesse.

— Je... je m'appelle Virginia, répondé-je finalement, les larmes aux yeux. Et... je crois que j'aurais vraiment besoin d'une amie en ce moment. Une "VRAIE" amie, qui ne me laissera pas tomber et qui sera toujours à mes côtés.

Pink sourit largement, tendant la main.

— Eh bien, Virginia, tu viens de trouver une amie en moi. Je promets de ne pas te laisser tomber et de rester à tes côtés pour la vie.

Pink n'est encore qu'une inconnue à mes yeux, mais sans que je ne comprenne vraiment comment ni pourquoi, je me retrouve dans les bras de cette mystérieuse fille aux cheveux roses. Une étreinte inattendue, comme si mon corps a cherché refuge en elle avant même que mon esprit ait pu comprendre ce qui se passait.

Mes larmes continuent de couler, chaotiques, désespérées. Elles m'échappent avec la force d'une déchirure ? Pink, elle, ne bouge pas. Elle m'accueille, tout simplement. Elle ne pose pas de questions, ne dit rien. Elle est juste là, une présence solide, rassurante dans un monde qui s'effondre autour de moi.

Mes larmes humectent son épaule. Je peux sentir la douceur de sa peau, l'odeur sucrée de son parfum. C'est étrange d'être en sécurité avec quelqu'un que je viens tout juste de rencontrer. Pourtant, c'est bel et bien le cas. Dans ce moment de désarroi total, Pink est ma bouée de sauvetage.

Après plusieurs secondes dans son étreinte, je m'écarte finalement, j'essuie mes larmes avec le dos de ma main. Mes yeux rougis croisent son regard bienveillant. Ses yeux bleus contiennent tout l'univers, toute la compréhension et toute la bienveillance dont j'avais désespérément besoin.

— Merci, soufflé-je, la voix éraillée par les larmes.

Pink sourit doucement, une étincelle malicieuse dans ses yeux.

— Il n'y a pas de quoi. Tout le monde a besoin d'un câlin de temps en temps, n'est-ce pas ?

Le parc de Springton se déploie devant nos yeux avec une grâce tranquille. Au loin, je distingue des enfants jouant au ballon, des personnes âgées marchant lentement sur les allées gravillonnées et, plus près, un banc vide nous invitait à nous y asseoir. Nous marchons côte à côte, Pink et moi, en un silence confortable. Son pas est léger, son attitude décontractée, comme si elle connaissait ce lieu depuis toujours.

Lorsque nous atteignons le banc, nous nous y asseyons et une légère brise fait virevolter les feuilles mortes autour de nous. Je jette un regard furtif à Pink, essayant de percer le mystère de cette jeune fille aux cheveux roses qui est apparue juste à temps pour moi. Elle semble si paisible, avec ses yeux rêveurs qui observent le paysage.

— Alors, comment tu t'appelles ? , dis-je, rompant le silence.

Elle esquisse un sourire,

— Pink, enfin, c'est le surnom que mes amis me donnent à cause de mes cheveux. Mon vrai prénom est... tu sais quoi ? Appelle-moi seulement Pink.

J'esquisse un sourire nerveux.

— Ok Pink la mystérieuse. Et pourquoi as-tu déménagé à Springton ?

Elle se penche légèrement en arrière, croisant les jambes.

— Eh bien, mon père a eu une nouvelle opportunité de travail et nous avons déménagé ici. C'est un nouveau départ pour nous tous. D'ailleurs, je commence au lycée de Springton demain.

Mes yeux s'écarquillent légèrement.

— Vraiment ? C'est mon lycée. C'est... compliqué là-bas en ce moment pour moi. Je suis... enfin, j'étais avec amie avec les filles les plus populaires de l'école. Mais... tout a basculé.

Pink penche la tête, un air d'interrogation sur son visage.

— Que s'est-il passé ?

Je prends une grande inspiration.

— C'est une longue histoire. Il y a eu des trahisons, des menaces et maintenant, tout le monde sait des choses très privées sur moi. Je suis devenue la risée du lycée. Et c'est pour ça que... je voulais en finir.

Pink me prend la main.

— Je suis désolée, Virginia. Personne ne devrait vivre ça. Mais si tu veux un conseil, ne laisse pas les autres définir qui tu es. Sois toi-même, peu importe ce qu'ils disent.

Je hoche la tête, émue par sa compréhension et sa compassion.

— Merci, Pink. Je suis contente de t'avoir rencontrée. Et... que tu m'aies sauvée la vie.

Elle sourit doucement.

— Moi aussi, Virginia. Qui sait ? Peut-être que nous pourrions devenir les meilleures amies du monde.

Nous passons le reste de l'après-midi à discuter de tout et de rien. Des rires, des histoires partagées, et, à la fin de la journée, j'ai l'impression d'avoir trouvé une véritable amie. Pink est comme une bouffée d'air frais, et pour la première fois depuis longtemps, je sens que les choses pourraient s'améliorer. Lorsque le soleil commence à se coucher, colorant le ciel de teintes orangées et roses, Pink et moi nous levons pour rentrer chez nous. Avant de partir, elle me prend dans ses bras pour un dernier câlin, et nous nous promettons de nous revoir au lycée le lendemain.

— À demain, Virginia, dit-elle avec un sourire radieux.

— À demain, Pink, réponds-je, le cœur léger. Et alors que je me dirige vers chez moi, je réalise à quel point la vie peut être imprévisible. Une journée qui avait commencé par une douleur insupportable se termine avec un nouvel espoir et une nouvelle amie.

La chaleur orangée du crépuscule m'enveloppe tandis que Pink et moi nous levons pour partir. Une idée germe dans mon esprit, un besoin de prolonger ce moment de réconfort que Pink m'a offert, cette petite parenthèse de douceur dans le tumulte de ma vie.

— Attends, Pink ! Je commence, hésitant un peu. Je ne sais pas ce que tu as prévu pour le dîner, mais... aimerais-tu venir manger à la maison ? Mon père cuisine merveilleusement bien.

Elle est surprise, ses yeux se plissent en une expression d'étonnement mêlée d'amusement.

— Vraiment ? Tu veux dire là, maintenant ?

— Oui, enfin, si tu veux. Je réponds rapidement, un peu gênée de ma propre audace. Ce serait une façon pour moi de te remercier d'avoir été là pour moi aujourd'hui.

Pink me regarde un moment, pesant ma proposition. Puis, avec un sourire malicieux, elle répond :

— Eh bien, pourquoi pas ? J'adore essayer de nouvelles cuisines. Et puis, ça pourrait être amusant de voir où tu vis.

Nous entrons ensemble dans la Subaru blanche et nous nous dirigeons vers la maison, bavardant de choses et d'autres. La distance se réduit à chaque kilomètres parcouru, tant notre complicité grandit à mesure que nous parlons. Je me surprends à sourire, quelque chose que je n'ai pas fait sincèrement depuis longtemps.

En arrivant devant la demeure familiale, je ressens une pointe de nervosité. Introduire Pink à ma famille devient soudainement une grande étape.

— Voilà où je vis, dis-je, en montrant la grande bâtisse blanche aux volets bleus.

Pink siffle doucement d'admiration.

— Wouah, elle est magnifique ta baraque !

Nous entrons, et je peux entendre le doux tintement des casseroles et le bruit de l'eau bouillonnante en provenance de la cuisine. L'arôme délicieux de quelque chose de mijoté se répand dans l'air, me faisant saliver.

— Papa, Maman, je suis rentrée ! Et j'ai amené une amie.

Pink s'arrête à l'entrée du salon, observe les photos de famille qui ornent les murs. Mes parents apparaissent rapidement, les visages curieux. Ma mère, l'œil pétillant, s'approche et me donne une étreinte chaleureuse, tandis que mon père, Franck, me salue d'un signe de tête.

— C'est Pink, elle vient d'emménager à Springton et elle va commencer à l'école demain. Pink, je te présente mes parents.

Ma mère lui offre un grand sourire.

— Enchantée, Pink. Nous sommes ravis de te rencontrer.

Pink incline la tête poliment.

— Merci de m'accueillir. Virginia m'a parlé de la cuisine délicieuse de votre mari, alors je ne pouvais pas refuser une invitation.

Mon père rit.

— Eh bien, j'espère ne pas te décevoir alors. »

Le dîner se déroule dans une ambiance chaleureuse. Pink s'avère être une conteuse incroyable. Elle raconte des anecdotes sur ses anciennes écoles et ses voyages avec sa famille. Ses histoires sont racontées avec une passion qui illumine ses yeux. À mesure que la soirée avance, je sens un poids se lever de mes épaules. La présence de Pink à la maison, son rire, ses histoires, tout cela apporte une douceur et une légèreté qui m'a manqué depuis longtemps.

Lorsqu'il est temps pour Pink de partir, je la conduis à la porte.

— Merci d'être venue, Pink. C'était vraiment une belle soirée.

— Merci à toi de m'avoir invitée, c'était génial. Répond-elle avec un doux sourire. Tes parents sont de véritables crèmes.

Je hoche la tête, retenant mes larmes.

— Ce sont les meilleurs. Du coup, on se dit à demain au lycée ?

Pink acquiesce, un large sourire aux lèvres.

— À demain, Virginia ! J'ai hâte !

Alors qu'elle s'éloigne dans la nuit, je me tiens sur le seuil, emplie d'une nouvelle énergie, d'un nouvel espoir. Une lueur dans l'obscurité. Et tout cela, grâce à une fille aux cheveux roses nommée Pink. Elle m'a sauvée la vie...


***


La lueur des lampadaires de la rue enveloppe le quartier Havenwoods Hills d'une douce lumière dorée. Pink, avec ses cheveux roses éclatants, semble presque irradier dans cette atmosphère paisible. Ses pas sont légers, et une douce mélodie s'échappe de ses lèvres, quand soudain, elle est interrompue par une ombre qui se dessine devant elle. Lia, avec ses longs cheveux blonds et son maquillage parfait, se tient droit devant elle. Son aura menaçante contraste fortement avec la douceur de la scène. Elle dévisage Pink de haut en bas, ses lèvres s'étirent en un sourire narquois.

— T'es qui toi ?! demande Lia, ses yeux scrutant Pink comme si elle tentait de percer ses secrets.

— Je m'appelle Pink, répond-elle calmement, ses yeux se plantent dans ceux de Lia, et je viens d'emménager à Springton.

Lia pouffe d'un rire aigu et méprisant.

— Et qu'est-ce que tu faisais chez cette pleurnicheuse de Virginia ? demande-t-elle, en croisant les bras sur sa poitrine.

— Je faisais connaissance, répond Pink simplement. C'est ce que font les gens normaux, non ?

Lia se rapproche de Pink, la menace est claire dans ses yeux.

— Écoute-moi bien, le Power Ranger rose, dit-elle d'une voix venimeuse, Virginia est à moi. Et si je te vois traîner près d'elle encore une fois, tu le regretteras. Amèrement.

Pink ne bronche pas, même si le souffle chaud de Lia lui effleure le visage.

— Ok je vois, dit-elle en nargant la jeune fille avec un large sourire. Tu dois être Lia, n'est-ce pas ? Écoute, je n'ai pas peur de toi. Tu peux essayer de me menacer ou de m'intimider autant que tu veux, ça ne marchera pas avec moi.

Lia est surprise par cette réponse. Elle n'a sûrement pas l'habitude que quelqu'un lui tienne tête de la sorte. Ses yeux s'élargissent un instant, puis se rétrécissent en une expression de colère pure.

— Qui crois-tu être pour me parler comme ça ? crache-t-elle.

Pink prend une profonde inspiration, choisissant ses mots avec soin.

— Je suis quelqu'un qui sait ce que c'est que d'être victime d'intimidation. Quelqu'un qui a décidé de ne plus jamais laisser quelqu'un d'autre dicter ma vie. Alors, si tu penses que tu peux me faire peur avec quelques menaces, détrompe-toi. Tu es loin, très loin du compte.

Lia recule, clairement déstabilisée.

— Espèce de... garce, dit-elle, en ne sachant plus quoi dire. Tu es folle ma parole !

Pink hausse les épaules, un sourire espiègle illuminant son visage.

— Peut-être, dit-elle, mais au moins je sais qui je suis. Et toi ? Est-ce que tout ça, elle fait un geste circulaire pour englober l'aura dominante de Lia, n'est qu'une façade pour cacher ta propre insécurité ?

Lia ouvre la bouche, puis la referme. Elle est totalement perdue. Finalement, avec un grognement de frustration, elle tourne les talons et s'éloigne rapidement.

— Ce n'est pas fini, Kimberly ! Tu vas salement le regretter !

— C'est ça ! À demain au lycée, blondie ! répond sarcastiquement la jeune fille aux cheveux roses.

Pink regarde sa silhouette disparaître dans la pénombre, un sourire satisfait sur ses lèvres. Elle vient de gagner une bataille, mais la guerre ne fait que commencer. Et elle est prête à se battre pour elle-même, pour Virginia, et pour tous ceux qui ont été victimes de Lia.

— Quelle rencontre... intéressante ! 

***


Les lumières chaudes de la demeure de Lia transpercent la nuit silencieuse, contrastant avec la colère froide qui coule dans ses veines. Le hall d'entrée, orné de miroirs grandioses et de sculptures modernes, résonne de ses talons alors qu'elle monte les escaliers en direction de sa chambre.

À peine la porte franchie, le vaste espace, où dominent le blanc et l'or, reflète une sophistication propre à son univers. Lia balaye d'un coup d'œil la pièce ; ses affiches de mode, sa coiffeuse remplie de parfums haut de gamme, et son lit douillet aux draps égyptiens. Mais son attention se porte rapidement sur son bureau, où trône son MacBook Pro, objet central de toutes ses machinations machiavéliques.

La tension se lit sur son visage alors qu'elle ouvre l'écran, qui illumine la pièce d'une lumière bleutée. Elle clique avec empressement sur l'icône de FaceTime et compose le numéro des Pretty Faces. En quelques secondes, les visages familiers de Taylor et Rose apparaissent à l'écran, séparés par des milliers de pixels, mais unis par leur lien diabolique.

Taylor, les cheveux noirs coupés au carré, mâche négligemment un chewing-gum, ses yeux noisette scrute l'écran avec intérêt. Rose, plus discrète, ses longues boucles châtain encadrant son visage d'ange, hoche la tête en guise de salutation.

— Bon alors, dis-nous tout ! Qu'est-ce qui t'a mise dans cet état, Lia ? demande Taylor en éclatant sa bulle, un sourire narquois sur les lèvres.

Lia s'éclaircit la voix avant de répondre.

— J'ai croisé cette nouvelle... Pink, dit-elle avec dégoût, et je pense qu'on tient notre nouvelle victime.

Rose incline la tête, curieuse. Pink? Tu veux parler de la fille aux cheveux roses qui vient d'arriver en ville ?

— Ouais c'est bien cette garce, confirme Lia, ses lèvres se tordent en une moue de dédain. Elle a osé me défier. Personne ne fait ça et s'en sort indemne.

Taylor se tord de rire.

— T'es sérieuse là ? Elle t'a fait peur ou quoi ?

Lia fronce les sourcils, agacée. "Bien sûr que non," rétorque-t-elle. Mais j'ai juste pensé qu'elle pourrait être une distraction amusante. Un petit jeu pour nous. Il faut dire que je suis las de m'en prendre à ce sac d'os qu'est Virginia. Pink sera une meilleure distraction. 

Rose prend la parole, une étincelle de malice dans ses yeux.

— Alors, qu'as-tu en tête?"

Lia esquisse un sourire malicieux.

— Eh bien, demain, elle commence à Springton High. J'imagine qu'elle n'a aucune idée de ce qu'elle a déclenché en s'opposant à moi. Je propose qu'on lui fasse vivre l'enfer dès son premier jour."

Taylor sourit, visiblement séduite par l'idée.

— Ça me plaît. Comment veux-tu qu'on s'y prenne ?

Lia penche la tête, réfléchissant. Pour commencer, je veux que tout le monde sache qui elle est et ce qu'elle a osé me dire. Taylor, tu t'occupes des rumeurs. Fais en sorte que tout le lycée parle d'elle avant même qu'elle n'arrive.

— Avec joie, dit Taylor en hochant la tête, déjà en train d'imaginer les histoires les plus folles.

— Et Rose, continue Lia, je veux que tu la suives. Apprends tout ce que tu peux sur elle. Ses réseaux sociaux, ses habitudes, son passé, tout. Je veux savoir dans quoi on peut la coincer.

Rose acquiesce, son visage exprimant une détermination froide.

— Ça marche. Elle ne saura pas ce qui l'a frappée.

Les trois filles échangent des sourires satisfaits, leurs esprits déjà en train de comploter et de planifier. Avec une dernière série d'au revoirs, Lia ferme l'appel, se sentant puissante et en contrôle. Mais au fond d'elle, une petite voix lui rappelle la détermination de Pink. Et, même si elle ne veut pas l'admettre, elle sait que cette bataille ne sera pas facile à gagner.

— Demain, c'est sa fête à elle et à Virginia, déclare Lia, le ton tranchant.


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