L'agression et soins
Chapitre 4
Le type commence à défaire sa braguette d'une main mal assurée. De l'autre, il me menace avec le verre acéré du tesson.
Mon cœur s'accélère, mon sang tape contre mes tempes...
Je regarde nerveusement autour de moi une dernière fois. Peu d'options se présentent à moi et je dois agir vite.
Soudain je hurle le plus fort possible pour tenter d'attirer l'attention.
Miss Mystère :
"À L'AIDE ! MATHILDE !"
Le type se presse encore plus fort contre moi et écrasé sa main dégoûtante sur ma bouche.
Sale type :
"La ferme !! Je t'ai dit !!!
Miss Mystère :
"Mmphff..."
Je tente de crier de plus belle mais il m'en empêche en maintenant sa paume contre mes lèvres. J'entrouvre la bouche de sorte que je puisse lui mordre fortement la main.
Sale type :
"Argh !!"
De surprise il recule. Son regard se repose sur moi, un sourire malsain sur son visage.
Sale type :
"Tu veux la jouer tigresse, dis-moi ?"
Je tente de me débattre mais je suis coincée !
Sale type :
"Toi et moi, on va bien s'amu..."
Le type n'pas le temps de finir sa phrase que je sens déjà son corps libérer le mien, comme s'il était éjecté !
Miss Mystère :
"Mathilde !"
Mathilde est penchée sur mon agresseur, le corps tendu et les poings fermés.
Mathilde :
"TU L'AS TOUCHÉE POURRITURE ?!!!"
Le type se tord de douleur et son regard est apeuré. Il est minable. Mathilde l'attrape au col, prêt à lui en remettre une mais le type se met presque à pleurer et le supplie de le laisser.
Sale type :
"J'ai rien fait ! J'ai rien fait !!!"
Mathilde :
"DÉGAGE OU JE TE CRÈVE !"
Je n'ai jamais vu Mathilde dans un tel état de nerf. Et, au ton de sa voix, je sens que sa menace n'est pas une parole, en l'air.
Le type hoche vivement de la tête et prend ses jambes à son cou lorsque Mathilde le lâche. Mon amie se précipite vers moi.
Mathilde :
"Miss Mystère ! Ça va ?"
Miss Mystère :
"Je sais pas..."
Mathilde :
"Tu es blessée..."
(Quoi ?)
Pendant l'action je n'avais rien senti mais maintenant une douleur me prend en bas de la joue. Le a dut me tailler avec le goulot cassé de sa bouteille.
Miss Mystère :
"Mathilde je...."
(...)
Lorsque je reprends connaissance je suis chez moi sur le sofa. Mathilde est assise à côté de moi.
Mathilde :
"Tiens, bois ça."
Mathilde me tend un verre d'eau.
Miss Mystère :
"Merci Mathilde."
J'attrape le verre, les mains molles, et je bois tout d'un trait, sous le regard inquiet de Mathilde.
Miss Mystère :
"Merci..."
Elle prend le verre vide et le pose en silence sur la table.
Mathilde :
"T'as une trousse de secours ?"
Miss Mystère :
"Quoi... ?"
Mathilde :
"Une trousse de premiers soins...Tu sais, un truc pour les bobos."
Miss Mystère :
"Ah... Euh oui... Regarde dans le placard de la salle de bain... Peut-être à côté de mon mascara."
Je glousse devant la mine décontenancée de Mathilde.
Mathilde :
"Non excuse-moi, j'ai pas l'habitude d'en mettre, je suis belle au naturel !"
Mathilde disparaît en direction de la salle de bain. Je l'entends traficoter en pestant un peu. Sa présence ici, la situation, la voir aussi attentionnée envers moi me redonnent le sourire.
Topaze en profite pour venir me faire la fête.
Miss Mystère :
"Ça va aller mon gros..."
Topaze me regarde amoureusement, comme s'il sentait quelque chose d'anormal. Il sent toujours mieux les choses que certains humains...
Mathilde :
"Pousse-toi Topaze, c'est pas le moment tu vas mettre tes poils partout."
Topaze recule maladroitement pour laisser Mathilde venir s'installer plus près de moi.
Mathilde :
"Ok ! On va soigner ça."
Mathilde pose la trousse de soins sur la table et me fait signe de m'approcher. Bien docilement, je m'assois un peu plus au bord du sofa et je laisse tomberais mes mains entre mes genoux en signe de capitulation.
Mathilde se poste devant moi et descend sur mes genoux de sorte qu'elle se retrouve le buste à ma hauteur, calé contre le sofa et... entre mes cuisses.
Une douce chaleur s'insinue en moi et j'ai la chair de poule sur mes cuisses qu'elle frôle par moments.
Comme elle ne se doute pas de mon état intérieur, elle attrape avec une dextérité étonnante le coton avec une petite pince qu'elle tamponne dans un peu de bétadine.
Mathilde :
"Bouge pas."
Elle tamponne avec précaution le bord de ma mâchoire, là où le verre a coupé. Son visage est si près du mien que je sens son souffle chaud contre mon cou.
Mon regard passe de ses yeux à ses lèvres. Je me surprends à l'admirer pendant qu'elle s'applique, concentre. Dieu qu'elle est craquante... !
Mathilde :
"C'est bientôt fini !"
Presque à regret, je la vois s'éloigner. Elle attrape un petit pansement et défait la protection. Je me surprends à attendre avec impatience sur contact. Faible petite chose que je suis...
Elle pose délicatement le pansement sur le bas de ma joue. Puis, avec une douceur délicieuse, elle caresse mon autre joue.
Mathilde :
"Voilà ma belle..."
Je crois que j'en ai fermé les yeux, mais je ne suis pas bien sûr... En fait, j'ai très très envie de me blottir contre elle, là, tout de suite.
Je la vois ranger la trousse, je ne sais pas quoi dire.
Miss Mystère :
"Merci beaucoup Mathilde... De prendre soin de moi."
Mathilde :
"T'as pas à me remercier, c'est normal."
Miss Mystère :
"On dirait que... enfin que tu as l'habitude de faire ça..."
Mathilde :
"Quoi ? De soigner une jeune fille blessée..."
Miss Mystère :
"Non de... de prodiguer des soins... je veux dire."
Mathilde :
"On va dire que j'ai été à la bonne école. Des coup j'en ai données et j'en ai pris par la même occasion..."
Miss Mystère :
"Comment ça...?"
Mathilde :
"Je veux dire que je me suis souvent retrouvée dans des situations... délicates."
Je regarde Mathilde, interrogative.
Mathilde :
"OK j'ai saisi... Tu vas profiter de la situation pour me tirer les vers du nez, c'est ça ?"
La voix de Mathilde est douce et je sens une forme d'amusement dans le ton qu'elle emploie. Comme celui qui accepte de se laisser prendre au jeu. Je joue la comédie en me renfrognant un peu.
Miss Mystère :
"Pas du tout ... Je ... Je m'intéresse voilà tout."
Mathilde se redresse et viens s'asseoir à côté de moi, prête à discuter.
Mathilde :
"Princesse... Je n'ai pas toujours été la Mathilde que tu connais aujourd'hui."
Trop contente que Mathilde me parle sérieusement d'elle, je reste silencieuse, tout ouïe.
Mathilde :
"C'est rare de te voir si sage..."
Miss Mystère :
"Tu n'as idée, parfois je peux être un vrai petit ange. Parfois... Mais ne change pas de sujet."
Devant ma mine empressée, Mathilde se cale davantage dans le fauteuil et prend une lourde inspiration.
Mathilde :
"J'ai participé à certaines choses, pas toujours légales, pour me faire de l'argent facile."
J'essaie de rester stoïque mais un sentiment étrange s'empare de moi... Cette confidence me donne encore plus envie de me jeter sur elle... Il faudra qu'on m'explique un jour pourquoi je craque toujours sur les mauvaises filles ... Je me redresse et cale mes jambes en tailleur sur le sofa.
Miss Mystère :
"Tu veux parler des courses illégales ... ?"
Mathilde fait la grimace et arrange son bonnet, mal à l'aise.
Mathilde :
"Euh non...ça c'est autre chose."
Miss Mystère :
"Oh... ? Ok..."
Mathilde :
"J'ai participé à des combats illégaux. Les nanas n'y vont pas avec le dos de la cuillère. On est loin du ring tel que tu le connais, princesse."
Miss Mystère :
"Tous les coups sont permis...?"
Mathilde :
"C'est ça...Donc j'ai passé pas mal de soirées à soigner mes blessures et ..."
Mathilde marque un temps d'arrêt.
Miss Mystère :
"Et quoi ?
Mathilde :
"Et un jour j'ai failli y rester. J'étais à terre et la meuf continuait de me frapper comme une malade."
(Mon Dieu !!!)
Miss Mystère :
"Quelle horreur !!! Et comment tu t'en es sortie ?!"
Mathilde :
"Le mec du bar a fait embarquer la nana sans ménagement. Je lui rapportais bien trop d'argent pour me laisser m'esquinter de trop..."
Mon coeur se serre lorsque j'imagine Mathilde étendue par terre en train de suffoquer sous les coups d'une brute...
Mathilde :
"Bref... Je suis pas fier de tout ça, je devrais même pas t'en parler. On plaisante pas avec ce genre de... d'organisation. Mais voilà... On avait trouvé un moyen de se faire un max de blé avec Daryl et on se croyait plus forts que tous..."
Daryl... L'objet de notre dispute, lui, interdisant à son son frère de me voir, tout me revient brutalement. Mais ce soir, tout ça me paraît tellement superficiel...
J'inspire en levant les yeux au ciel. Décidément le frère et la soeur sont pleins de surprise...!
Mathilde :
"Miss Mystère, je suis sorti de tout ça... J'ai compris qu'il y a toujours un prix à payer pour l'argent facile. Mais Daryl... Il a toujours un pied dans ces trucs-là..."
Je fixe Mathilde sans rien dire tournant et retournant la situation dans ma tête. Comme si elle le sentait, elle poursuit.
Mathilde :
"Je suis désolée pour... enfin tu sais... Mais... Tu dois comprendre... Qu'il le veuille ou non, Daryl te mettra en dangereux jour ou l'autre..."
Miss Mystère :
"Mathilde... c'est à moi décider qui je vois ou non. Tu ne peux pas décider à ma place..."
Mathilde :
"Je sais... Je suis désolée... Mais tiens à toi..."
(Et voilà qu'elle redevient trop chou ! Il faut dire que, ce soir, elle a décroché le pompon de la choubitude...)
Tout à coup, je réalise que c'est peut-être le moment ou jamais de lui avouer ce que je ressens, de tenter un rapprochement...
Miss Mystère :
"Tu sais ce soir... Quand tu es venu à mon secours, que tu m'as pris dans tes bras..."
(Oh seigneur, j'ai vraiment peur de ce que je m'apprête à dire...)
Soudain, Mathilde se rapproche doucement de moi. Je baisse les yeux, intimidée.
(Pourquoi est-ce que je me sens si vulnérable d'un seul coup ?! J'ai l'impression d'être dans la peau d'une gamine qui s'apprête à flirter avec la femme la plus canon du collège...)
Elle passe une mais sur ma joue et relève ma tête pour venir planter ses yeux dans les miens.
Mathilde :
"Ce type ce soir, j'aurais pu le crever. Rien que l'idée qu'il ait posé ses mains crasseuses sur toi..."
Je frémis en me remémorant la scène. J'ai bien vu que Mathilde ne jouait pas la comédie.
Mathilde :
"Tu es gelée... Ça va ?"
Miss Mystère :
"Oui ça va...Merci d'être là Mathilde..."
Ma voix semble se perdre dans un souffle. Je n'en peux plus, j'ai envie de me blottir contre elle ... ? Mathilde ne dit plus rien. Mon cœur vient de rater un battement. Que se passe-t-il dans sa jolie petite tête ... ?
Mathilde :
"Oh... Et puis merde !!!"
Mathilde bascule vers moi de sorte que mon corps se laisse doucement tomber en arrière, presque instinctivement, pour venir s'allonger contre le sofa.
Ses yeux ont changé de teinte, ils sont plus sombres, plus profonds. Avec aisance, elle vient se placer au-dessus de moi sans cesser de fixer mes lèvres avec une évidente gourmandise.
Elle passe une main sous ma nuque. Ce contacte me procure de délicieux frissons. J'inspire doucement et je me cambre pendant qu'elle passe une main contre le bas de mon dos.
La fraîcheur de son pendentif en osier touche ma poitrine brûlante de désir pour elle... Ses lèvres se rapprochent des miennes et je ferme les yeux.
Lorsqu'elle m'embrasse enfin, un arc de plaisir irradie tout mon corps. Comme si la chose que je réclamais depuis si longtemps m'était enfin offerte. Je passe ma main dans ses cheveux et j'appuie légèrement pour la pousser à m'embrasser encore plus passionnément.
Sa langue s'insinue autour de la mienne. Son baiser devient plus empressé, plus entreprenant. Je gémis de plaisir.
Je suis complètement affamée. Affamée d'elle, de ses lèvres qui me dévorent, de ses mains qui se pressent sur moi, de son corps qui pèse sur le mien... Nos souffles deviennent courts, saccadés. J'ai envie de plus et je devine à son état d'excitation qu'elle aussi.
Dans l'empressement, je balance maladroitement mon bras pour enlever sa veste mais je cogne la boîte de soins sur la table et elle s'éclate au sol déversant tout son contenu par terre.
(Mince !!! C'est pas possible d'être aussi empotée !!)
Tout à coup je sens une truffe froide dans mon cou et bientôt Topaze pousse des cris plaintifs et des aboiements, ce qui a le don de couper court à notre étreinte ! A mon grand désespoir ce devait arriver arriva : Mathilde quitte mes bras...
Miss Mystère :
"Topaze ! File à ton tapis !"
Mais cet imbécile pense que nous sommes en train de jouer et continue de nous faire la fête !
Pendant que je pousse Topaze, Mathilde se redresse maladroitement. Je la vois ajouter son bonnet et sa veste.
Mathilde :
"Je suis désolée je... Je sais pas ce qui m'as pris... Je... Je crois que... Je crois que vais y aller."
Miss Mystère :
"Non reste !"
Ma voix est désespérée, frustrée, implorante. Je me redresse, toute débraillée, les joues rosies.
Mathilde :
"Je veux pas profiter de la situation... je veux pas que tu t'imagines que je suis venue pour ça..."
(Mais jamais je ne penserais ça de toi !)
Miss Mystère :
"Tu veux pas... Tu veux pas boire un verre avant d'y aller...?"
Je ne sais pas quoi dire. Ce moment me paraît complètement surréaliste. Mathilde s'approche de moi et pose un délicat baiser sur mon front.
Mathilde :
"Non j'y vais princesse, je crois que ça vaut mieux... Je sais pas ce qu'il pourrait se passer autrement..."
Je me sens comme un enfant à qui on a enlevé son jouet préféré !
Miss Mystère :
"Et alors ? Est-ce que ça serait grave...?"
Mathilde me regarde encore avec son sourire super craquant. C'est trop injuste !
Mathilde :
"Miss Mystère, j'y vais... Repose-toi, tu en as besoin."
(Ce dont j'ai besoin c'est de toi...)
Lorsque Mathilde passe la porte, je me retourne vers Topaze, inquisitrice. Si mes yeux étaient des lance-flammes, il serait déjà calciné jusqu'à l'os.
Miss Mystère :
"Alors toi !!!"
Pffff... Cette soirée était complètement folle. Je me sens complètement vidée... Trop d'émotions.
Je regarde mon téléphone. Je vois plusieurs messages de Lola me demandant si je vais bien. Visiblement elle s'est chargée d'appeler la police pendant que Mathilde prenait soin de moi.
Je ne sais pas si elle a distribué les rôles ainsi par hasard mais, en tout cas, j'ai deux amis en or...
Je lui envoie un message rassurant avant de me diriger vers mon lit. Cette soirée aurait pu virer au cauchemar... Je me réjouis d'avoir appris à me défendre... Je pose mon téléphone pour aller m'affaler sur mon lit.
Je ferme les yeux et je dessine mentalement le chemin emprunté par les mains de ma belle brune le long de mon corps... et puis... la sensation envoutante de son baiser...
Jamais je n'ai ressenti quelque chose d'aussi fort. C'était tellement... passionnel ! Et j'ai vraiment eu l'impression que Mathilde était dans le même état que moi...
Je suis tellement frustrée qu'elle se soit arrêtée... J'avais encore besoin de ses bras, j'avaisbesoin qu'elle continue à prendre les devants. Je voulais vraiment lâcher prise pour une fois...
Je me sens tellement épuisée que je n'ai pas le courage d'attraper mon pyjama pour me changer, et encore moins de me lever pour me démaquiller...
Je me contente de ramener la couverture sur moi et de serre mon oreiller. Je touche doucement le pansement de Mathilde sur ma joue. Je sens rien, la coupure est superficielle. Je m'en suis bien sortie... J'efface rapidement l'image du sale type qui se matérialise dans ma tête. C'est quelque chose j'ai appris à faire, avec beaucoup de pratiques.
Mettre les idées noires ou les moments difficiles dans une boîte, puis l'enterrer très loin de mon esprit en espérant qu'elles ne reviennent jamais me hanter... Puis à peu, ma respiration se fait plus calme, plus profonde et le sommeil me gagne...
Mathilde :
"J'avais tellement envie de faire ça Miss Mystère... Depuis le premier jour où je t'ai vue..."
Miss Mystère :
"Moi aussi Mathilde... J'ai tellement besoin de toi... Je ne veux plus que tu l'éloigne..."
Daryl :
"Tu as l'impression que je m'éloigne... ? Je peux être plus près de toi... encore... beaucoup plus près..."
(Quoi ?! Daryl ??)
Miss Mystère :
"Daryl... Mais qu'est-ce que..."
Daryl :
"Mais ma sœur ne sait pas ce qu'elle veut mais moi je peux te donner tout ce que tu désires... Tout ce que tu n'oses pas avouer..."
Miss Mystère :
"Non Daryl... C'est Mathilde que je veux..."
Daryl :
"Mathilde...? Ou peut-être que tu nous veux tous les deux..."
(Hein ?!)
Qu'est-ce je fais ?!
Mathilde et Daryl :
"Ce sera notre secret... Juste nous trois... Personne ne saura..."
(Mais... Qu'est-ce je fais là !)
Miss Mystère :
"Mais je suis complètement trempée !"
Mathilde :
"Il ne fallait pas me mettre au défi de te pousser dans la piscine, princesse... !"
(Quoi ?! Qu'est-ce que...?)
Miss Mystère :
"Mmh..."
Je me réveille en sueur dans mon lit. Je regarde le réveil, il est déjà 10h15 ! Je prends une grande inspiration en fixant le profond... C'est quoi ce rêve ?!
J'ai passé toute la matinée à ranger l'appartement !
On ne peut pas dire que je sois une manique de la propreté mais m'activer à ranger les choses autour de moi m'aide à mettre de l'ordre dans ma tête ! Je vais être honnête avec moi-même, je me sens terriblement coupable du rêve que j'ai fait cette nuit et... de la sensation que ça m'a procurée...
J'ai même cherché sur internet comment interpréter ce rêve mais je suis rapidement tombée sur des sites tendancieux ou des trucs complètement perchés...
L'idée de raconter ça à Lola m'a traversé l'esprit mais je n'ai pas fini de me faire charrier !
Alors, depuis le réveil, je suis seule avec un inconscient que j'essaie de rationaliser... Ou à défaut, de le faire taire ! Pourquoi plusieurs fois mon esprit se met à divaguer. Et si c'était très rationnel au contraire ? Et si j'avais réellement envie de flirter avec Daryl ? Ou pire avec... les deux ? Je suis complètement perdue ? Que dois-je faire ?
Mon cœur s'accélère et une vague sensation de chaleur coupable s'empare de moi. Il faut que je me reprenne ! Je ne peux pas avoir de telles pensées ! Quel genre de filles à ce genre de pensé, franchement !
(Peut-être toutes les personnes qui ont eu affaire aux deux, le frère et la frangine, les super canons...)
Miss Mystère :
"Rhaaaa !"
Je peste à haute voix après ma petite conscience canaille.
Topaze s'approche de moi en remuant la queue, toute penaude. À mon ton de voix il pense qu'il a fait une bêtise.
Miss Mystère :
"Tu sais quoi ? Je crois qu'une promenade nous fera le plus grand bien ! À toi comme à ta tarée de patronne !"
Je laisse en plan mes projets de nettoyage, j'attache mes cheveux, j'enfile un jean et mon sweat préféré pour aller au parc.
Topaze tire sur la laisse pour aller respirer les bonnes odeurs de ses congénères. Parfois, j'aimerais que ma vie soit aussi simple ! Quoique... l'image de moi à quatre pattes en train de renifler partout n'est pas vraiment ce que j'appelle la belle vie...
(Pffff ! Non mais, sérieux ?! Qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi, ce moment !!!!)
Alors que nous marchons en direction de Central Park, mon téléphone sonne. C'est Daryl !!
Alors là ! Je m'en fiche complètement ! C'est pas parce que j'ai rêvé de Daryl cette nuit que... Misère ! Voilà que ma petite conscience me regarde avec un air hautain !!
Je fixe mon téléphone, hésitante. Qu'est-ce que je fais ?
Après quelques secondes je décide de prendre l'appel. Le téléphone ne va pas sauter à la gorge non plus...
Miss Mystère :
"Salut Daryl."
Daryl :
"Salut, comment vas-tu ?
Miss Mystère :
"Pourquoi tu m'appelles, Daryl ?"
Daryl :
"On a eu une petite discussion avec Mathilde... Et elle m'a raconté ce qu'il s'est passé hier soir. Je voulais prendre de tes nouvelles..."
(Oh ? Mathilde a dû vraiment prendre sur elle pour aller parler à son frère...)
Miss Mystère :
"Ah..."
Daryl :
"Ouais. Comment tu vas ? Mathilde m'a dit que ce salaud t'a blessée..."
"Blessée" est un bien grand mot. La blessure est tellement superficielle que j'ai retiré le pansement de Mathilde ce matin. D'ailleurs l'image de ses lèvres qui se rapprochent des miennes me revient à l'esprit... Puis celle de Daryl dans mon rêve... Et voilà que je me sens à nouveau coupable !!
Miss Mystère :
"Oui mais ça va, c'est rien du tout. C'est vraiment... Gentil de... d'appeler pour prendre de mes nouvelles, Daryl."
Daryl :
"Ouais. Tu fais quoi cet aprèm ? T'as peut-être envie de te changer les idées ?"
Miss Mystère :
"Je pense aller me promener un peu !"
Daryl :
"Ok ! Si t'as envie de t'amuser un peu, de faire un tour de bagnole, n'importe quoi... Tu m'appelles."
Miss Mystère :
"Euh... Je..."
J'entends des bruits de voix derrière Daryl.
Daryl :
"Princesse, je dois y aller."
Il a déjà raccroché...
Je suis surprise qu'il prenne des nouvelles de moi de cette façon. Il était presque... gentil, c'est bien la première fois que cet adjectif me vient en tête en pensant à Daryl. Arrivée au parc je détache Topaze et je déplie consciencieusement ma petite nappe pour m'installer confortablement dans l'herbe.
J'inspire le bon air du parc et je fouille mon sac pour chercher mon livre. Le voilà ! Ces derniers temps je n'ai pas eu le loisir de me poser avec un bon roman. J'ai besoin d'un break !
Topaze furète un peu partout autour de moi plus, voyant que je n'ai pas l'intention de jouer avec lui, il se couche à côté de moi pour ronger un bout de bois avec application. L'espace d'un instant j'ai l'impression que ma vie redevient normale.
??? :
"Miss Mystère ?"
(L'espace d'un instant...)
Je me retourne et passe ma main au-dessus des yeux pour lutter contre le soleil. À contre-jour je reconnais bien la silhouette qui me fait face.
Daryl :
"Je pensais pas le trouver là !"
Le destin me fait une blague, c'est ça ? Il est où le petit diablotin qui se paie ma tête ?
Daryl :
"Tu me fais une petite place ?"
Je me pousse pour laisser la place à Daryl de s'asseoir.
Daryl :
"y a un truc avec ce parc entre toi et moi, non...?"
Miss Mystère :
"Ouais. Je me souviens, c'était tellement romantique ! Le coup du minou, fallait oser..."
Daryl se met à rire.
Daryl :
"J'avoue... Mais si je peux me permettre, je te rappelle que tu parlais toute seule. T'avais l'air super triste. Je voulais te faire réagir."
Miss Mystère :
"Oh je te rassure, t'as réussi !!!"
Le regard de Daryl redevient plus sérieux. Tout à coup, mon téléphone sonne.
C'est Lola, je décline l'appel et je lui envoie un message : "Cc je t'appelle tout à l'heure. Bisous."
Daryl me dévisage.
Miss Mystère :
"Quoi ? Tu essaies de me faire ton regard de beau gosse ?"
Daryl :
"Je me disais que t'es une sacrée nana quand même."
Je me mets à rire.
Miss Mystère :
"OK ! Ça me fait plaisir de le savoir !"
Daryl :
"Je plaisante pas. Tu t'es fait agresser hier et tu gères ça carrément bien."
Miss Mystère :
"J'ai appris à gérer les choses. Je fais en sorte que la surface du lac soit calme... et tout le reste, je le laisse couler au fond."
Daryl :
"Faut avoir le courage de faire ce que tu as fait et de sortir avec le sourire le lendemain... La plupart des gens se tétanisent devant la peur."
Miss Mystère :
"Ouais... Et puis y'a ceux qui aiment le danger... comme toi."
Daryl :
"Tout dépend le contexte... Mais ouais. J'aime les sensations que ça me procure... Je me sens vivant, intouchable. Tu comprends ?"
Miss Mystère :
"Je vois pas trop non. La vie est déjà bien assez fragile ! J'ai jamais compris les gens qui s'évertuent à tenter de la gâcher bêtement."
Daryl :
"Je sais... J'ai un seul credo dans la vie... chaque plaisir interdit vautra peine d'être vécu."
Miss Mystère :
"Ouais ça sonne bien mais tu te dis pas que ton entourage peut s'inquiéter ? Regarde ton accident. Tu aurais pu te tuer..."
Daryl :
"Peut-être... Mais regarde, je vais bien. Je maîtrise ce que je fais."
Miss Mystère :
"Daryl... Tu maîtrises pas les autres ou l'imprévu..."
Daryl :
"Je vais te dire un truc ma belle. Si c'est dans ma bagnole que la faucheuse me prend, dis-toi qu'au moins je serais heureux quand ça arrivera."
Miss Mystère :
"Daryl... Tu peux pas parler de cette manière !!!"
Daryl :
"Pourquoi pas ?"
Daryl se redresse, le regard brillant. Il paraît passionné par la conversation que nous avons.
Daryl :
"Je veux dire, ça sert à quoi de vivre si je fais pas les choses qui me font vibrer ? J'ai pas envie d'avoir une vie bien rangée. Personne me mettra dans leurs tours de verre."
Miss Mystère :
"On ne vit pas uniquement que pour soi ! On vit aussi pour ceux qu'on aime ! Tu penses pas à Mathilde ? Tu crois qu'elle était dans quel état à l'hôpital !!!"
Le visage de Daryl se ferme.
Daryl :
"Ne prends pas ma sœur pour ce qu'elle n'est pas. Elle aime autant le danger que moi..."
Je fixe un instant Daryl donc le regard ténébreux se perd sur les passants qui défilent devant nos yeux.
Miss Mystère :
"Je sais que Mathilde n'a pas un passer irréprochable... Mais toi tu sembles cacher beaucoup de choses... Je me trompe ?"
Daryl se tourne négligemment vers moi, un sourire en coin.
Daryl :
"La curiosité est un vilain défaut mademoiselle."
Miss Mystère :
"Tu t'es assis sur ma nappe, non ? Ici c'est mon territoire, donc ce sont aussi mes questions. Si ça ne te va pas, tu peux te lever."
Daryl éclate d'un rire franc.
Daryl :
"Ah ah ! Tu ne manques pas de caractère toi... Je devrais dire à mes gars de prendre exemple sur toi ! Y en a pas un qui aurait le cran de me parler comme ça !"`
Miss Mystère :
"Tes gars...?"
Soudain Topaze vient nous interrompre en lâchant un bâton dégoulinant sur les genoux de Daryl.
Daryl :
"Berk... !!! Merci le chien..."
J'écoute de rire devant la mine dégoûtée de Daryl. Daryl attrape le morceau de bois baveux et le lance loin, bien plus loin que ce que je suis capable de faire.
Intérieurement je rigole. Il a fait l'erreur suprême de lui lancer un bâton... Topaze ne va plus le lâcher. Je vois Daryl passer une main derrière son dos. Il semble avoir mal.
Miss Mystère :
"Oh ? Ton dos te fait souffrir encore ?"
Daryl :
"Ouais par moment. Mais bon, c'est rien."
Je pousse un gloussement aigu.
Miss Mystère :
"Oui, juste une vertèbre fêlée. Un détail pour le grand Daryl qui se rit du danger. Ah Ah Ah !!"
Daryl souffle, un sourire en coin.
Daryl :
"T'es impitoyable toi, en fait."
Miss Mystère :
"T'as pas idée."
Topaze revient fièrement, s'assoie devant Daryl et pose le bâton gluant dans ses mains. La mine désespérée de Daryl me fait sourire.
Miss Mystère :
"Topaze arrête ! Tu vas tacher le beau pantalon chic de Daryl..."
Daryl :
"Laisse."
Miss Mystère :
"Vraiment...? Tu vas te forcer à supporter la bave de mon chien pour rester avec moi ici...? C'est trop mignon !"
Daryl :
"Si je peux décrocher un bisou, je suis prêt à supporter un peu de bave."
Miss Mystère :
"RÊVE !!!"
Avant que je puisse continuer ma tirade moqueuse, son téléphone sonne et il fouille dans sa poche pour le retrouver.
Daryl :
"Je dois prendre cet appel. On se revoit bientôt princesse !"
Daryl se lève, son mobile collé à l'oreille et me fait un signe d'au revoir accompagné d'un clin d'œil.
(...)
Ce soir j'ai proposé à Lola de me rejoindre à l'appartement pour une soirée entre filles. Je suis passée faire les courses sur le chemin du retour.
Alors que j'installe les assiettes avec application sur la petite table de mon salon, on frappe à ma porte. C'est Lola !
Je fais signe d'avertissement à Topaze pour qu'il reste là où il est pendant que j'ai le dos tourné. Évidemment j'ai droit à son habituel petit air innocent.
Lola :
"Coucou ma belle !"
Lola m'attrape dans ses bras et me colle contre corps frêle.
Lola :
"Je suis contente de te voir !!! Tu sais que tu m'as fait une belle frayeur l'autre soir !"
Je tapote doucement son dos.
Miss Mystère :
"T'inquiètes, je vais bien. C'est derrière moi tout ça !"
Lola :
"Les molosses du Starlite m'ont aidée à garder à l'œil ton agresseur pendant que j'appelais les flics... Je peux te dire qu’il ne la ramenait pas, ce gros naze !"
Je souris en pensant à Lola en train de fixer ce pauvre mec. Je sais à quel point elle peut être persuasive, malgré son apparente douceur.
Miss Mystère :
"Allez viens t'asseoir ! Ne parlons plus de tout ça !"
Comme à son habitude, Topaze se précipite aux pieds de mon amie et se renverse sur le dos pour lui offrir son ventre.
Miss Mystère :
"Ce chien est une vraie carpette..."
Lola :
"Mais non ! Il est trop chouuuuuuuu !!! Pas vraie Topaze que t'es trop chou ?!"
Miss Mystère :"Mouais ça dépend... L'autre fois il a interrompu un truc méga chaud entre Mathilde et moi !"
Je réalise que j'ai parlé trop vite, comme à mon habitude. Lola relève son petit minois vers moi, la mine interrogatrice. Je suis foutue...
Lola :
"Mademoiselle... Il va me falloir un verre."
Miss Mystère :
"Mais tout de suite, très chère."
J'apporte à Lola son cocktail préféré et je m'installe en face d'elle sur un petit pouf. Je sais que je vais avoir droit à l'interrogatoire...
Lola :
"Merci ! Alors... raconte ! C'est quoi le truc méga chaud interrompu...? Que je sache si je renie Topaze tout de suite."
Topaze nous regarde avec amour, complètement inconscient de ce qu'il se dit sur lui.
Miss Mystère :
"Eh bien... Le soir où Mathilde m'a ramenée à l'appartement après l'agression... Elle m'a soignée et euh... elle était vraiment très près de moi tu vois et... on a fini par s'embrasser."
Lola :
"Juste un bisou ?"
Je regarde Lola un instant. Pourquoi faut-il que tout ce je fais paraisse toujours trop sage avec elle ?
Miss Mystère :
"Et bien... Si Topaze n'avait pas débarqué pour nous faire la fête... Ce serait sûrement allé un plus loin, parce que... c'était assez... passionné. On a fini l'une sur l'autre..."
Lola regarde Topaze. Son regard est amusé.
Lola :
"Topaze t'es officiellement un petit boulet !"
Il se contente de la regarder et remuer la queue.
Lola :
"Je peux te dire que je lui ai tout dit à Mathilde quand tu es sortie de la boîte en trombe... Mais elle avait l'air dans tous ses états. Je te le dis, elle est mordue, c'est certain..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Tu lui as dit des trucs sur ce que je ressens pour elle ??"
Lola :
"Bien sûr que non ! Tu me connais ! Je lui ai dit qu'elle savait pas ce qu'elle voulait ! Et en plus qu'elle me mettait en porte à faux à être venu comme ça ! Je te promets que je ne l'avais pasinvité."
Miss Mystère :
"Sur le coup, j'étais tellement énervée, après tout ça, que je suis partie comme une furie... Je suis désolée, j'ai cru que t'avais arrangé ça..."
Lola :
"T'inquiète ma poulette, j'ai bien compris que c'était pas après moi..."
Je souffle, le regard perdu dans les yeux de Topaze.
Lola :
"Bon... Vous avez passé une étape ! Comment Mathilde a réagi ? Il s'est passé quoi après ?"
Miss Mystère :
"Elle s'est relevée et a préféré partir. Elle ne voulait pas que je pense qu'elle avait fait tout ça pour juste pour me... enfin tu vois quoi."
Lola :
"Wow ! Je savais que Mathilde était une fille bien, mais là t'es carrément tombée sur une perle rare ! J'en connais plus d'un ou d'une qui aurait profité de la situation...!"
Miss Mystère :
"Ouep... mais pas elle !"
Je croque, désabusée, dans mon pain. La vie est injuste...
Lola :
"Fait pas cette tête ! Les Ladys, ça encombre pas les rues de nos jours !"
Miss Mystère :
"Ouais. C'est facile de dire ça. Mais t'as pas vu mon état quand elle m'a laissée toute seule... J'ai fait un rêve très... enfin euh... Très..."
Lola :
"HiHiHi !!!"
Miss Mystère :
"Hey ! C'est pas drôle ! Surtout que j'ai rêvé d'elle, et de... son frère."
Lola lâche ce qu'elle tenait dans sa bouche et me dévisage, comme si je venais de lui faire une révélation de dingue !
Lola :
"Comment ça de son frère ?"
Miss Mystère :
"Je sais ce que tu vas me dire. Mais c'est juste un rêve OK...? En fait ça commençait avec Mathilde, et puis... Daryl et puis... euh les deux..."
Lola reste complètement interloquée.
Miss Mystère :
"Arrête de faire cette tête ! Déjà que je culpabilise comme pas possible..."
Tout à coup, Lola éclate de rire et renverse un peu de cocktail sur ses genoux.
Lola :
"Hihihihi !!! Sans déconner ! Je savais que tu étais une petite coquine mais là... Les deux...? Sérieusement ?! C'était torride ou bien...?"
Miss Mystère :
"Ouais... Je me suis sentie tellement coupable après ça..."
Lola :
"Hi hi ! C'est bon, c'est juste un rêve ! T'as revu Mathilde depuis ?"
Miss Mystère :
"Non mais..."
Je croise maladroitement mes mains comme le ferait une petite fille qui avoue une bêtise.
Miss Mystère :
"Mais j'ai croisé Daryl et..."
Lola :
"Ah Ah Ah !!! Et tu lui as dit quoi ? "Oh tiens, salut Daryl, ça te dirait une partie à trois...?""
Miss Mystère :
"Lola ?!!"
Lola :
"Oh ça va ! Je plaisante !! Pourquoi tu t'énerves ? Tu ressens quelque chose pour Daryl ?"
Miss Mystère :
"Bien sûr que non ! C'est Mathilde qui me plaît !"
Lola :
"Bah alors ! Ne te prends pas la tête avec ça ! On a le droit d'avoir des fantasmes, et encore plus dans nos rêves... Ça n'engage à rien."
Je la fixe, peu convaincue.
Lola :
"Faut juste que tu sois patiente... Je pense que tu voudrais que Mathilde soit aussi entreprenante que son frère, alors tu as intégré Daryl à ton rêve..."
Miss Mystère :
"Sûrement... Oui..."
Lola :
"Mais c'est sûr ! Je sais pas pourquoi Mathilde est si... indécise, y a sûrement quelque chose qui nous manque pour comprendre. Mais une chose est sûre, tu lui plais !"
Miss Mystère :
"Tu sais j'ai appris que Mathilde aussi a traînée dans des trucs louches avec Daryl et... Elle a fini par se ranger."
Lola :
"Des trucs louches ?"
Miss Mystère :
"Ouais des choses illégales. Mathilde me l'a dit."
Lola :
"C'est sûr qu'il y a pas mal de choses un peu lourdes entre eux... Mais j'ai le sentiment que Daryl essaie de t'entraîner sur un mauvais chemin."
Miss Mystère :
"Lola... T'inquiètes pas... Je sais ce que je fais avec elle"
Lola :
"Je l'espère... Si j'avais l'opportunité de vivre une belle histoire d'amour avec une fille bien, je la gâcherais pas..."
Miss Mystère :
"Lola..."
Lola semble émue et attrape son verre pour me le tendre.
Lola :
"Bref ! Ressers-moi, va !
(...)
J'arrive au bureau, tête dans les nuages... Nous avons discuté jusque tard dans la nuit avec Lola et ce matin le réveil a été rude...
Dans l'ascenseur, je serre mon sac contre moi en étudiant les possibles scénarios avec Mathilde.
Nous nous sommes pas reparlé depuis « le baiser chez moi »... J'avoue que je suis mal à l'aise de la retrouver comme si de rien n'était aujourd'hui, dans notre petit espace de travail.
Lorsque j'arrive à mon bureau, Mathilde n'est pas là. Mes yeux se fixent sur son bureau en désordre. Mon esprit divague rapidement sur les sensations de notre baiser...
Gabriel :
"Bonjour Miss Mystère !"
(Oh !)
Sortie brutalement de ma méditation, je sursaute et j'en fais tomber mon sac par terre ! Je me baisse rapidement, embrassée.
Gabriel se baisse à ma hauteur pour m'aider à ramasser les affaires qui se sont déversées sur le sol. Ma vie se retrouve étalée devant les yeux de mon supérieur...
Le regard de mon manager semble amusé lorsqu'il ramasse mon petit porte-clefs porte-bonheur en peluche.
(Quoi ? Même à mon âge on a le droit d'avoir sa petite peluche porte-bonheur, non...?)
Gabriel :
"Week-end difficile ?"
(Je vais peut-être éviter de raconter jusqu'au bout. Mais pour autour, je ne sais pas mentir...)
Miss Mystère :
"Et bien... Un peu mouvementé."
Gabriel me tend la peluche, un sourire en coin. J'attrape l'objet, rouge de honte, et le fourre rapidement dans mon sac. Je me relève et m'arrange maladroitement. Je me sens toujours tellement emportée lorsque Gabriel me parle !
Gabriel :
"Dis-moi... Tout se passe bien avec Mathilde ?"
(Oh mince !!!)
Je me fige sur place ! Mon sang ne fait qu'un tour ! Pourquoi il me demande ça ?! Il a senti quelque chose ! C'est sûr !!
Tout à coup l'histoire du changement dont m'avait parlé Mathilde me revient à l'esprit ! Qu'est-ce que Mathilde lui a dit ?! J'imagine furtivement les deux personnes dans le bureau de Gabriel en train de parler de moi.
(Arrête Miss Mystère ! C'est ridicule !)
Miss Mystère :
"Bien sûr ! Pourquoi ? Il y a un problème ?!"
(Bien jouer Miss Mystère ! Si tu voulais avoir l'air calme, je crois que c'est raté !)
Gabriel fait tournoyer sa chevalière comme il en a l'habitude lorsqu'il réfléchit. Et plus il reste silencieux, plus je me décompose.
Gabriel :
"Pas du tout."
Miss Mystère :
"Oh..."
J'ai l'étrange sentiment qu'il y a chose sous ce "pas du tout", ou alors je suis en mode : "Tous aux abris, le patron est au courant...?"
Gabriel :
"Tu fais du bon travail Miss Mystère... Pourquoi ne pas aller déjeuner ensemble cette semaine pour faire un point sur ces derniers mois ?"
Miss Mystère :
"Cette semaine, ça va être compliqué, j'ai..."
Gabriel :
"Je ferais en sorte que tu puisses te libérer pour un déjeuner..."
Gabriel m'adresse un sourire charmeur avant de faire volte-face puis je vois son corps robuste stopper net devant l'entrée du box. Il se penche pour ramasser quelque chose par terre, sans doute l'un des multiples bibelots qui prolifèrent dans mon sac. Parfois j'ai même l'impression qu'ils se reproduisent...
Lorsqu'il se relève et se tourne vers moi, je ne saurais dire exactement la lueur qu'ont ses yeux... Il me tend un petit emballage noir et caractéristique. Autrement dit : "Une bague..."
(Celle de mon ex...)
C'est certain, même la sauce tomate de Felipe est fade à côté de la couleur de ma peau en cet instant précis. Oui, c'est bien à moi...
Gabriel :
"Tu as oublié ça."
Gabriel s'approche doucement de moi. Puis, il ouvre délicatement le tiroir de mon bureau pour y glisser la bague.
Devant mon air d'hallucinée qui s'est échappé de l'asile, il fait demi-tour et quitte le petit espace.
Lorsque j'arrive, encore troublée, devant la machine à café, je vois Cassidy en pleine conversation avec Mark. Comme d'habitude, et lorsqu'il s'agit de la compagnie des hommes et, plus forte raison des supérieurs, notre harpie se change en créature adorable et mielleuse...
Mark Leviels est le directeur de notre département. Il fait partie des jeunes cadres dynamiques qui ont gravi les échelons vitesse grand V toujours pressés et esclaves de leur téléphone. Il n'en reste pas moins quelqu'un d'aimable et humain, pour le peu que je le connais.
Mark Leviels :
"Mademoiselle, bonjour."
Cassidy m'adresse à peine un regard. Le contraire m'aurait étonnée !
Miss Mystère :
"Bonjour monsieur, bonjour madame. Comment allez-vous ?"
J'insiste sur le mot "Madame" avec une déférence dégoulinante. C'est mal, je sais. Mais ça me fait du bien !
Dans mon champ de vision, je vois les mains de Cassidy se crisper sensiblement sur sa tasse. J'aime jouer la petite employée modèle, elle déteste ça.
Mark Leviels :
"Très bien ! Gabriel me vante toujours les mérites de votre travail ici, mademoiselle."
(Ok. Alors là ! Je jubile ! La morue à côté de moi exulte de rage !!!)
Miss Mystère :
"Oh... Je ne fais que mon travail, vous savez..."
Je ne peux m'empêcher d'envoyer un rapide coup d'œil à la garce qui, je pense, va bientôt faire exploser son gobelet dans ses mains à force de le presser entre ses ongles.Mark détourne un instant les yeux vers Cassidy. Puis il regarde rapidement son téléphone.
Mark Leviels :
"Mesdames, je m'excuse, je dois partir en meeting. Passez une bonne journée."
Nous répondons en chœur à Mark de passer aussi une bonne journée, avec un sourire de circonstance, puis nous le regardons partir en silence, prêtes à dégainer.
Cassidy :
"Ne vous jouez plus jamais de moi mademoiselle."
Sa voix est glaciale.
Cassidy :
"C'est sans doute difficile pour vous mais... Tâchez de garder un comportement professionnel."
Miss Mystère :
"Je vous demande pardon ?!"
La garce ne se fatigue pas davantage et me laisse plantée là, pendant qu'elle quitte la pièce. J'hallucine ! C'est quoi cette nouvelle attaque ?!
Alors que je touille nerveusement ma boisson en me demandant ce qui va encore me tomber dessus aujourd'hui, Colin et Mathilde entrent dans la pièce.
Contre toute attente Colin me sourit, tandis que Mathilde se dandine comme une gamine à ses côtés, mal à l'aise.
Miss Mystère :
"Salut."
Mathilde :
"Salut Miss Mystère."
Mathilde semble hésiter à s'approcher de moi pour me faire la bise et va finalement vers la machine pour se faire un café.
(OK...)
Je décide de bouder Mathilde. Franchement, elle m'agace à se comporter comme une collégienne !!!
Miss Mystère :
"T'as passé un bon week-end Colin ?"
Colin :
"Ouaip. Et toi ?"
C'est le monde à l'envers là ! Moi qui fais la conversation à Colin pendant que Mathilde reste Muette !
Miss Mystère :
"Assez mouvementé... Vendredi soir, la soirée au Starlite s'est un peu mal... terminée..."
Je jette un regard hésitant à Mathilde. "Mal terminée"... A vrai dire, tout dépend de quelle partie on parle... Pendant que Colin me regarde avec de gros yeux, je vois Mathilde se crisper.
(Ne t'inquiète pas je vais pas rentrer dans tous les détails.)
Miss Mystère :
"Le type m'a agressée sur le parking... Je ne me suis pas laissée faire et... euh Mathilde m'est venu en aide."
Colin se tourne un bref instant vers Mathilde qui semble tout à coup passionné par ses chaussures, puis il se tourne à nouveau vers.
Colin :
"T'as rien ?"
Je montre rapidement à Colin ma petite cicatrice à la joue.
Colin :
"Meuf, j'espère que tu lui a fait regretter de toucher à Miss Mystère à ce fumier ?"
Mathilde semble sortir de ton silence et s'éclaircit la voix avant de répondre à Colin.
Mathilde :
"Ouais t'inquiète. Mais Miss Mystère l'avait déjà un peu amoché."
Colin se tourne vers moi. Cette fois l'inquiétude a laissé place à de l'amusement.
Colin :
Une vraie petite dure à cuire !"
Je souris modestement à Colin pendant que j'essaie de scruter les yeux fuyants de Mathilde.
Mathilde :
"Euh... Je... Je retourne taffer !"
Colin :
"Ok."
Colin, égal à lui-même, répond calmement à Mathilde, pendant que moi je le regarde sortir de la pièce en silence. Mathilde, si prompt à se mettre au travail ? Vraiment ... ?
Colin se penche à côté de moi pour prendre son café. Puis il se plante devant moi.
Colin :
"Je m'disais, ça te brancherait de venir boire un verre ce soir ?"
Miss Mystère :
"Oh ? Vous faites un concert ?"
Colin :
"Non. Le groupe s'ra pas là. Juste toi et moi."
Cette journée a commencé vraiment bizarrement. Mais si Colin me propose un rencard maintenant, je dois dire qu'elle devient carrément paranormale !!
Quand j'arrive à mon bureau, je m'installe sans dire un mot. Je dois dire que le comportement de Mathilde m'a carrément vexée, je n'avais pas imaginé ce scénario là...
Heureusement pour Mathilde et pour tous les gens à qui je tiens en général, je suis incapable de bouder plus de cinq minutes. Mathilde se décale et me regarde un instant, mais je ne dis rien et ne regarde pas en sa direction. Je boude, j'ai dit.
Mathilde :
"Tu fais la gueule ?"
Miss Mystère :
"Non."
Mathilde :
"Eh bah... ! Heureusement ... !"
Mathilde a parlé à voix basse.
Miss Mystère :
"T'as dit quoi là ... ?"
Je marque un temps d'arrêt. Je me connais, je suis prête à lui déballer tout ce que j'ai sur le cœur...
Miss Mystère :
"Laisse tomber... J'ai... J'ai pas envie de me prendre la tête. Je suis fatiguée de tout ça..."
Le visage de Mathilde se ferme. J'ose espérer qu'elle a compris que j'en avais gros sur la patate et que ces blagues et sourires n'y changeraient rien ! Elle ne peut pas toujours tout prendre à la légère. Pas après ce qu'il s'est passé entre nous.
Mathilde :
"Ecoute Miss Mystère, je..."
Je continue d'espérer. Peut-être qu'elle va me faire une déclaration d'amour de folie en dans l'open space, comme dans les films...
Mathilde :
"Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé. Je... J'aurais pas dû. C'est "Space" entre nous maintenant..."
Génial... Comment écraser ce qui reste de mon petit cœur en une phrase. J'aurais mieux fait de continuer à bouder.
Miss Mystère :
"N'en parlons plus, s'il te plaît."
Mathilde :
"Comme tu veux princesse..."
Ce petit surnom que j'aime tant d'habitude dans sa bouche me laisse cette fois un goût amer.
Je me sens anéantie, à croire que je suis la seule à avoir ressenti quelque chose de si fort lorsque nous nous sommes embrassés...
La suite de la journée n'a pas continué mieux qu'elle n'avait commencé. Nos échanges avec Mathilde se sont résumés au boulot.
J'ai hésité à venir au rendez-vous de Colin mais je me suis forcée. Pour une fois qu'il m'invite, je ne voudrais qu'il interprète mal un désistement soudain.
J'ai fait ce que j'ai pu pour me rendre présentable, malgré tout ce qui me tourmente et les douleurs que me lance mon cœur dès que je pense à Mathilde. Lorsque j'entre dans le bar, je vois mon collègue, assis à une table, perdu dans ses pensées.
Miss Mystère :
"Salut Colin ! Ça fait longtemps que tu es là ?"
Colin :
"Non. Cinq minutes."
Je m'installe doucement sur la petite banquette, en face de lui.
Colin :
"T'as l'air vannée."
Miss Mystère :
"Un peu... Les derniers jours ont été chargés."
Colin :
"Ouais. J'veux bien te croire. Putain c'est dingue... J'aurais été là, j'te l'aurais démonté, le type."
Miss Mystère :
"Oh ! T'inquiètes, il a eu son compte..."
La serveuse nous apporte les boissons et se poste devant nous. Je fouille dans mon sac pour trouver de la monnaie.
Colin :
"Arrête, tu rigoles ou quoi ?! J't'invite."
Miss Mystère :
"Merci."
Je trouve la situation un peu bizarre. Finalement je connais très peu Colin. Je l'ai toujours vu avec Mathilde ou lors de ses concerts. Je ne sais même pas comment engager la conversation...
Miss Mystère :
"Je... Je t'avoue que suis un peu surprise par ton invitation. Je croyais que tu... m'aimais pas."
Colin me fixe sans un mot. Bravo, je viens de mettre ce rendez-vous par terre. Je me demandais si j'avais touché le fond aujourd'hui. Maintenant c'est fait !
Colin :
"J'dois t'avouer. Au début j'me méfiais de toi."
J'arque un sourcil et croise les bras en me reculant contre le dossier. Je me demande si j'ai eu raison de venir finalement.
Colin :
"J'pensais que t'étais juste une de ces p'tites nénettes bien roulées qui tournent autour de Mathilde, mais sont chiantes à mourir tellement elles sont superficielles..."
(OH merci, c'est trop de gentillesse...)
Colin :
"Mais j'dois dire que tu m'as surpris."
Miss Mystère :
"Ah eh bien... Heureuse que tu aies changé d'avis..."
Colin :
"Te vexes pas miss. J'suis pas du genre à prendre des gants..."
Miss Mystère :
"Au moins j'étais bien roulée... Je me contenterais de ce compliment."
Colin :
"Ouais ça j'avoue... J'ai pas changé d'avis."
(OH !!!)
Il se penche en arrière et repousse une mèche de cheveux derrière son oreille. Il fait jouer sa paille entre ses longs doigts tout en me fixant.
Colin :
"Mathilde m'a raconté comment t'as géré à l'hôpital."
(Mathilde lui a parlé de moi ... ? Voilà qui ravive la douleur que j'avais oubliée pendant quelques courtes secondes...)
Colin :
"C'est cool c'que t'as fait pour elle. Que t'aies été là. C'est dans les coups durs qu'on voit la vraie nature des gens, et où sont nos amis, pas vrai ?"
Miss Mystère :
"Ouais. Je suis bien d'accord avec toi..."
Colin :
"Bref, j'me suis trompé sur toi miss. Faut dire que Mathilde arrête pas d'm répéter qu't'es une fille super. Y a un moment, j'arrête de lutter."
("Une fille super" ? Une bonne amie voilà tout...)
Miss Mystère :
"Ouais une bonne copine..."
Colin :
"J'suis pas vraiment là pour lui arranger le coup... À la base, si j't’invite pour boire un verre, c'est plutôt prêcher ma paroisse..."
(Hein ?!)
Je manque de m'étouffer avec ma paille ! Est-ce que Colin est en train de me draguer là ?
Colin :
"Mais c'est mon amie, j'vais être sympa et te dire que j'suis pas certain que tu sois qu'une amie pour elle. Si elle a encore rien tenté, c'est dommage pour elle."
(OH !!!)
Voilà que mon petit cœur se remet à accélérer. Colin se cale, avec une attitude bien à lui contre la banquette et se contente de me fixer. Il sait très bien qu'il m'a troublée. Je me demande s'il est sérieux ou s'il s'amuse.
Miss Mystère :
"Euh... Tu... Tu répètes souvent... Avec le groupe ?"
Colin :
"Ouais. On s'fait des répètes deux à trois fois par semaine, en dehors des concerts le week-end."
Miss Mystère :
"J'aime beaucoup votre musique et... tes textes aussi. Et visiblement, de ce que j'ai pu voir au concert, je suis pas la seule !"
Je souris à Colin avant d'avaler une gorgée. Je me détends à nouveau, comme au début de notre échange.
Miss Mystère :
"T'as toujours vécu à New York ?"
Colin :
"Non, j'vivais chez mon père dans l'Ohio. Mais j'ai été repéré par Carter Corp et j'suis parti."
Miss Mystère :
"Et ta mère ?"
Colin :
"Ma mère était une junkie elle s'est jamais vraiment occupé de moi."
Miss Mystère :
"Oh je suis désolée..."
Colin :
"Pas de souci. Elle me manque pas."
Colin parle toujours des choses avec désinvolture. Mais je suis sûre que la blessure est bien plus importante qu'il ne veut le laisser paraître.
Nous avons passé un très bon moment avec Colin. Il m'a raconté ses premiers amours avec la musique. Et moi ce qui m'a poussé à venir m'installer ici.
Assez étrangement, j'ai passé un très bon moment... Colin peut être un jeune homme charmant et intéressant. Il a même réussi à me faire sentir mieux. Nous sortons du bar. La pluie tombe, ce qui nous pousse à ne pas faire traîner les au revoir.
Colin :
"Bon j'vais y aller. Le groupe m'attend..."
Miss Mystère :
"A cette heure ?"
Colin :
"Nous sommes des oiseaux de nuit, miss..."
Colin se courbe théâtralement une main sur le cœur, puis me fait un clin d'œil avant de se retourner et de partir. 10
Alors que je me tourne vivement pour partir rapidement chez moi, je percute quelque chose ou plutôt quelqu'un.
Daryl :
"Tiens, tiens..."
Miss Mystère :
"Daryl ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!"
Daryl :
"J'ai rencard avec un pote... Mais dis-moi c'est pas, le gars que tu viens de quitter, là !"
Je le regarde en hochant la tête avec une mine faussement agacée. En plus de ça la pluie commence à ruisseler sur mon visage.
Miss Mystère :
"Daryl... Je suis juste venue boire un verre avec un collègue."
Daryl :
"Tu fais ce que tu veux princesse... Si les collègues de bureau c'est ton truc... Je juge pas, du coup, je vais peut-être postuler dans ta boîte..."
J'envoie un coup dans le bras de Daryl.
Miss Mystère :
"C'est pas possible ! Tu t'arrêtes jamais toi !"
Daryl :
"Je ne lâche jamais ma proie une fois que je l'ai repérée..."
Daryl me fait sa tête de beau gosse avec un sourire crétin incrusté sur le visage. Des gouttes de pluie viennent s'écraser contre ses lèvres que je me surprends soudain à fixer.
Miss Mystère :
"Ne me confonds pas avec une biche Daryl, je pourrais t'envoyer dans le décor, si tu l'approches de trop, toi et ton fusil."
Daryl :
"Oh ? Mais voilà qui rend la chose encore plus excitante..."
Je soupire devant la persévérance tenace de Daryl. Mais je dois avouer que, quelque part, je me sens flattée. Surtout après le gentil râteau que Mathilde m'a envoyé...
Miss Mystère :
"Daryl ce n'est pas que discuter chasse avec toi me déplaît, mais je n'ai pas envie d'être complètement trempée avant d'arriver chez moi."
Daryl :
""Ma biche", je ne voudrais pas que tu prennes froid... Rentre vite te mettre à l'abri, on remet notre partie de chasse à plus tard..."
Miss Mystère :
"Daryl... Je te le déconseille de l'utiliser sur ce..."
Daryl s'approche doucement de moi et caresse ma joue du bout de son index en me faisant un sourire taquin. Pour une raison que j'ignore ce geste me déconcentre et je perds tout mon aplomb.
Daryl :
"A bientôt... Ma biche."
Lorsque je le regarde partir sous la pluie battante avec sa démarche assurée, je fulmine sur place. Il m'énerve !!!!
Sur le chemin du retour, tous les gens normaux pressent les pas pour éviter de se mouiller, mais moi, je traîne, perdue dans mes pensées.
Qu'est-ce qui se passe dans ma vie en ce moment... ? J'ai l'impression d'être au centre de l'une de ces comédies romantiques aux multiples possibilités...
Mathilde m'embrasse passionnément puis m'évite, Daryl tente toujours de me séduire, Gabriel me propose de boire un verre et enfin Colin se révèle charmant... Est-ce qu'il y'a quelqu'un, là-haut, qui se moque de moi... ?
Tout à coup, la sonnerie de mon téléphone me sort de ma rêverie. Je me protège sous un porche prendre l'appel, je décroche presque machinalement, sans prêter attention à l'identité de l'appelant.
Miss Mystère :
"Allô...?
Mathilde :
"Miss Mystère... C'est Mathilde."
Tout à coup je reçois une décharge dans la poitrine. Pour le coup, je reviens très rapidement dans le concret.
Miss Mystère :
"Qu'est-ce qui se passe Mathilde ? Un problème ?"
Je suis inquiète. Il est tard et je me demande pourquoi elle m'appelle à cette heure-ci !!!
Mathilde :
"Désolée de t'appeler si tard mais... Je me sentais mal par rapport à ... enfin tu sais..."
Je déteste ce sentiment, je sais que la chute va être encore plus douloureuse.
Miss Mystère :
"T'inquiètes ça va. J'étais sortie boire un verre avec Colin, je rentre là... Il pleut comme pas possible ! Qu'est-ce que tu voulais me dire... ?"
Mathilde :
"Avec Colin ?"
Miss Mystère :
"Oui avec Colin. Il m'a invitée à boire un verre. Il a vu que j'avais pas la forme, je pense... Bref, c'était sympa de sa part..."
J'entends Mathilde soupirer à l'autre bout du fil. Mon cœur se serre, une boule caractéristique commence à se former dans ma gorge. Pourquoi est-ce elle me torture comme ça...?
Mathilde :
"Écoute Miss Mystère... Je suis désolée... Tu me plais... vraiment beaucoup... Mais je me sens... complètement perdue..."
Miss Mystère :
"Je ne comprends pas... Pourquoi... ? Je veux dire, c'était bien... chez-moi... toi et moi... enfin..."
Mathilde :
"Oui... C'était... Mais je... c'est... c'est compliqué Miss Mystère..."
J'ai les larmes au bord des yeux... Je ne comprends pas. Pourquoi faut-il que ce soit si compliqué pour elle...?
Miss Mystère :
"Ton frère a bien raison..."
J'ai lâché ça après quelques interminables secondes de silence, la voix tremblotante. Je sais très bien pourquoi je fais ça. J'ai envie de la blesser comme elle me blesse.
J'entends un souffle, comme si elle encaissait le coup. Au moins j'ai réussi. Mais pourtant ça ne me soulage pas. Au contraire...
Mathilde :
"Daryl... encore et toujours..."
Miss Mystère :
"Lui, au moins il sait ce qu'il veut."
Mathilde :
"Je ne sais pas ce qu'il te raconte sur moi ou... Mais il ne faut pas lui faire confiance..."
Miss Mystère :
"Et voilà, c'est reparti pour un tour !!!"
Cette fois, je n'en peux plus. Si ça continue je vais lui raccrocher au nez !
Mathilde :
"Très bien tu me crois pas ?!"
Mathilde a changé de ton, elle est clairement sur la défensive. La colère a pris le dessus, je suis sans doute allée trop loin.
Mathilde :
"Son accident de voiture. C'était pas un simple accident..."
Miss Mystère :
"OK... C'était quoi alors...?"
Mathilde :
"Le prends pas à la légère... C'est grave !"
Mon cœur se serre. Je ne peux qu'imaginer l'état dans lequel je l'ai mis.
Mathilde :
"C'était pas un accident ! Quelqu'un a essayé de... de le tuer ! Au début j'ai cru que c'était après son pote... Mais non c'était bien Daryl la cible..."
(Quoi ?!)
Miss Mystère :
"Le tuer ?"
La voix de Mathilde semble se radoucir devant le choc de sa déclaration mais je n'écoute plus ce qu'elle me dit.
Mathilde :
"Daryl se met toujours dans de sales situations Miss Mystère, fais-moi confiance ! Je suis aux premières loges pour découvrir et couvrir ses conneries..."
Je reste sans voix. Je fixe le sol. Mon cœur s'emballe, ma tête tourne. J'ai l'impression que c'est le truc de trop. Mathilde va trop loin...
J'ai éloigné le téléphone de mon oreille, le regard perdu dans le vide... Je ne sais plus quoi penser et cette fois, j'arrive pas à retenir un sanglot...
Je sais plus ce que je dois faire ni comment je dois réagir... Est-ce que c'est à cause de toutes ces histoires que Mathilde me tient éloigné d'elle ?
Annotations
Versions