Cette femme venue en thérapie à mon cabinet.

J’aimerais te parler d’une femme, d’une femme très gentille, mais qui crie sans arrêt.

Elle crie sur tout le monde, elle crie sur tout ce qui bouge.

Et puis un jour, elle m’a fait lire un poeme qu’elle avait écrit, dans ce poeme elle mettait :

"je crie, je crie pour qu’on m’entende, je crie parce que par le passé, je n’ai pas parlé

Par le passé je me suis tu…

Par le passé, j’ai tenté, avec des signes, de me faire comprendre et de me faire entendre,

Mais personne au monde ne m’a entendu.

Je crie pour dévoiler ma douleur.

Je crie pour travailler ma voix.

Je crie pour qu'on m'entende.

Je crie pour réveiller les indifférents.

Je crie pour vous faire entendre la douleur d'un coeur broyé, à l'âme déchiqueté.

Je crie pour vous témoigner la haine qui baigne dans mon coeur noir.

Je crie pour vous partager ce poison , le gôut amer de la trahison.

Je crie pour vous rappeler que le pardon n'existe plus.

Je crie pour nous éloigner de la corruption.

Je crie la vérité au monde entier.

Je crie pour ne pas pleurer.

Je crie pour ne pas mourir.

Je crie pour dénoncer ces endormis , ces corrompus, ces insolants et apathiques .

Je crie, la haine dans les veines, je crie ce monde à pendre , ces âmes à vendre.

Je crie ma rage, ma haine, mon dégôut, mon injustice, ma colère et je dénonce, j'accuse, je piétine tout, quand je passe tout trépasse alors je cours , je crie et malgré tout, je vis et j'avance , je respire, la rage au ventre , je marche encore, pieds et poings liés, cher Docteur ."

Je crois que je vais avoir du travail, elle est bien loin d'être idiote ...