Une vraie foire aux trémas.
Michaël fêtait Noël en Israël pourtant, cette fête n’était pas très hébraïque. Ismaël son meilleur ami et Gwenaël sa petite amie étaient de la partie. Le plus amusant dans tout ça, il était païen. Être à Jérusalem lui changeait de Boësse sont petit village perdu dans les Deux-Sèvres. Seul son chat Azraël lui manquait.
Ils avaient loué une petite maison exiguë qui n’avait qu’une chambre. Dans la salle de bain, au sol, une mosaïque de faïence de style grec attirait le regard. Le camaïeu allait du bleu marine au turquoise caraïbe. La chambre et le salon cuisine étaient des plus archaïques. Ils l’avaient eu pour une bouchée de pain. Bien moins cher que leur précédent voyage à Dubaï.
Michaël avait ouï-dire que le temps était plutôt gris et frais mais cette année semblait exceptionnelle. La température frisait les 25°C et le soleil pointait haut dans le ciel. Quelques naïades prenaient des bains dans les piscines de la ville. Ismaël les prenait secrètement en photo avec son polaroïd.
La coïncidence avait voulu qu’ils rencontrent l’aïeul d’Ismaël. Un grand oncle expatrié là, par conviction. Le vieil homme avait eu son épopée héroïque lors de la guerre du Kippour, il avait même été témoin de la signature de l’accord sur le Sinaï à Genève. Il se vantait d’avoir percé quelques ennemis avec sa baïonnette. L’ambiguïté d’un personnage qui prônait la religion et l’amour. Malheureusement, en cet endroit du monde, les guerres n’avaient pas cessé. Haïr était plus fort. La paranoïa, la peur de l’autre, transpirait de toute part. L’homme restait stoïque face aux critiques de son petit-neveu, jouant aussi de son ouïe défaillante. Les adieux ne furent pas difficiles.
Quand ils retrouvèrent le capharnaüm de leur vie provinciale française, ils éprouvèrent un soulagement haïssable. Soulagement des naïfs qui refusent de voir la noirceur du monde.
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