Ce n'est qu'un téléphone
Ce n'est qu'un téléphone, me direz-vous. Et pourtant...
Mon coeur s'emballe, il palpite. Comme si ma vie se jouait à cet instant présent.
À l'autre bout du fil, il y a aura forcément quelqu'un. À qui je ne saurai pas parler. À qui je raconterai n'importe quoi. Je bafouillerai. Si la personne me pose une question, vais-je pouvoir répondre ? Vais-je réellement bien expliquer ce qui semble clair dans ma tête ?
La réponse est non. Je le dis après coup, après en avoir fait l'expérience. Après avoir pris sur moi. Après avoir posé toutes mes questions, d'une voix tremblante. Après avoir ressenti un malaise intense pendant trois minutes, durée de l'échange.
Je ne le dis pas avant de l'avoir fait. Je ne crie pas défaite avant d'avoir essayé. Je crie défaite après.
Mais je crie aussi victoire. Victoire, parce que je l'ai fait. J'ai pris le téléphone, composé le numéro, posé des questions, expliqué ma situation. Bien sûr, que j'ai bafouillé. Bien sûr, que j'ai mélangé des mots, oublié des choses. Mais c'est une victoire, parce que j'ai parlé à quelqu'un. Parce que j'ai affronté un ennemi.
L'anxiété sociale. Groupe composé de plusieurs ennemis, chacun venant vous rendre visite quand il le souhaite.
Aujourd'hui, mon ennemi, ce n'est qu'un téléphone.
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