56. Patience
Benji et Cyril ont dormi chez Clémence et sont repartis vers paris vers midi. Giulia a pris un hôtel pour une partie de la nuit vient tout juste de rentrer.
Je suis avec Clémence devant son ordinateur. Bernard ne l’a pas relancée sur le forum. Nous tournons la tête vers Giulia qui verrouille la porte. Je lui dis calmement :
— Je me demandais si tu rentrerais.
— Pour Jean-Luc, ça va être facile. Si ça se confirme le week-end prochain, on le tue dans deux semaines. Sauf si vous voulez que je le fasse seule.
— Clairement pas, réponds-je. Je veux voir ça de mes propres yeux.
— Pareil, dit Clémence. Je ne pense pas que j’oserai le tuer moi-même, mais je veux être là.
— Vous avez dîné ?
Clémence opine.
— Et toi ? questionné-je.
— J’ai pris un Mac Do. Vous êtes occupées ?
— Non, on discutait de déco, réponds-je.
— T’es dispo ?
— Oui.
Elle dépose dans ma main une bouteille de sirop d’érable et une feuille papier, puis esquisse en sourire avant de poser sa bouche sur la mienne.
— Je vais prendre une douche. J’en ai pour dix minutes. Après, ce sera à toi.
Elle s’éloigne vers la chambre en fredonnant. Je déplie la feuille et découvre ce qu’elle a appelé « gage de cocufiage. »
Clémence reste muette, alors que je découvre une silhouette de femme, de dos, tracée au stylo bleu. Au feutre rouge un g majuscule en écriture calligraphiée est ajouté. La pointe de la barre termine entre ses fesses. Des points numérotés m’indiquent les étapes à suivre. D’abord être nue, préparer le chronomètre, ensuite verser le sirop suivant le motif, puis lécher le sirop en commençant par le haut du G. Bien suivre le parcours en s’assurant qu’aucune trace collante ne perdure. Le parcours doit prendre au minimum dix à quinze minutes. Elle a indiqué de poursuivre jusqu’à jouissance.
Un peu confuse que Clémence ait lu, je dis :
— Bon, c’est une punition sympa.
— Ça donne envie de la faire.
— Faut lui lécher le trou. Je trouve ça un peu dégueu.
— Elle va être douchée. Si vous voulez, je le fais pour vous.
— Je pense que c’est important que ça soit moi qui le fasses.
— Vous lui bandez les yeux, et elle ne le saura pas.
Je capte la malice dans ses yeux. Voir la véritable Clémence derrière, je souris.
— T’es une vraie… coquine.
— Vous vouliez choisir un autre mot ?
— Non.
Ses yeux qui me fixent pétillent de malice. C’est tellement rare de la voir sourire. Je ne résiste pas à l’envie de goûter son bonheur, et j’embrasse tendrement ses lèvres. Elle n’affiche aucune surprise, et ne se défausse pas de son sourire, alors je lui dis :
— Tu es belle quand tu souris.
Je me lève pour rejoindre la chambre, et elle me retient par les mains, son air sérieux revenu, presque angoissé :
— Est-ce que je vous plais ?
— Pourquoi tu poses la question ? Ce n’est pas assez évident ?
— Ce n’était pas juste physiquement que je pensais.
— Beaucoup de filles me plaisent. Ce n’est pas une question de physique. Mais il n’y en a qu’une que j’aime, si c’est ta question.
— Ce n’était pas ma question… Juste sur une échelle des filles qui vous plaisent, je suis en quelle position ?
L’interrogation me fait sourire, du coup elle sourit aussi.
— Je pense que ça peut varier selon mes humeurs. Pour le moment t’es la numéro 2.
Elle penche la tête fièrement sur le côté. Je me rassois, puis lui pose cette question qui me taraude, l’idée d’avoir un pouvoir de séduction surnaturel.
— T’es hétérosexuelle… Je m’explique. Est-ce qu’avant de me rencontrer, t’avais déjà eu une attirance pour une fille ? — Elle secoue la tête. — Et maintenant, est-ce qu’il y a…
— Giulia est ma numéro 2.
Je réfléchis aux filles que j’ai séduites avant elle. Marion avait toujours été tentée d’embrasser cette inconnue qui lui avait écrit un poème au collège. Élisa avait déjà embrassé des filles pour aiguiser l’attention des garçons. La tatoueuse était déjà en couple avec une fille. Mais Giulia et Clémence ne s’étaient jamais posé la question avant de me rencontrer.
— T’as pas une copine très hétéro que je pourrais essayer de séduire ?
— Parce que ?
— Je voudrais savoir si je n’ai pas un super pouvoir.
Clémence pouffe de rire. La douche cesse de couler dans la salle de bains, alors je me lève. J’observe une dernière fois mon amie. Après ce qu’elle a vécu, jamais je ne pourrais lui refuser un peu de tendresse, pour la faire sourire ainsi. Je lui fais un clin d’œil, puis ouvre la porte de la chambre. Giulia est déjà allongée. Elle a mis un coussin sous ses hanches, recouvert par sa serviette de bain, accentuant le cambrement somptueux de ses reins. Elle me regarde me déshabiller avec un air absent. Je sens sa rétine passer d’une fée à l’autre jusqu’à ce que je sois en tenue d’Êve. Je passe un doigt léger sur sa fesses ronde et ferme. Je suis jalouse de ce corps. Le mien a perdu sa surépaisseur, mais reste quelques sillons pâles sur mes hanches. Elle, on la croirait dessinée par un artiste Photoshop. Dans les creux des reins, un duvet à peine visible surmonte la tête de mort tatouée.
Je passe à califourchon sur ses cuisses et embrasse l’encre noire en remontant ses vertèbres. Sa peau dégage le parfum délicat du gel douche. Je dégage les cheveux de sa nuque, puis me redresse en laissant glisser mes griffes jusqu’à ses fesses. Elle soupire, alors je presse le flacon de sirop au-dessus de son omoplate. Je trace la grande boucle du G, remonte dans le creux de son dos, termine la boucle et descends droit sa colonne vertébrale. D’une main, j’ouvre son sillon et laisse couler généreusement sur son anus, jusqu’à ce que le sucre dégouline entre les replis de sa vulve, puis sur la serviette.
Le flacon à demi vide posé, je lance le chronomètre de mon téléphone, me place prudemment à quatre pattes pour ne pas que mon corps ne rencontre le sirop, puis je darde la langue sur son épaule.
Je prends mon temps, déguste le sucre tranquillement, vérifiant tous les dix centimètres qu’il n’y a plus que la trace de ma salive. Cette méticulosité permet de m’approcher aisément des dix minutes. Giulia frissonne de délice quand je descends le long de ses vertèbres, ronronne presque quand je passe son tatouage, puis inspire profondément lorsque mes deux mains écartent ses magnifiques monts. Malgré le sirop, je me force un peu. Je ferme les yeux, puis plante la langue au centre de l’orifice avant de tourner autour. Giulia émet un rire d’autosatisfaction.
Le corps de Giulia ne bouge presque pas, détendu, presque mort. Les dix minutes sont dépassées lorsque son souffle s’approfondit, soulevant ses épaules lentement. J’ouvre ses cuisses avec mes coudes et sa fleur détrempée s’ouvre à moi. Ma langue descend la vallée brûlante et ma reine gémit de plaisir. Mon menton s’écrase, mes papilles trouvent son clitoris dur comme une perle et le font rouler délicatement. Le corps de Giulia se bande. Je m’applique à quelques aller-retours aléatoires entre la commissure de sa vulve et son anus, absorbe tout le sirop d’érable et me régal du plaisir qui se lit entre chaque sursaut de son fessier, caché dans les vibrations infimes de son épiderme ou dans le trémolo de ses soupirs. Puis l’orgasme, la trahit, durcit tous ses muscles, révèle la Giulia intime et vulnérable. Je me redresse. Les spasmes de son ventre semblent d’éterniser. Aucune fille n’est moche quand elle se révèle dans le plaisir. Giulia a la beauté d’une déesse lorsqu’elle suffoque, la bouche entrouverte écrasée sur les draps.
Ses yeux se lèvent vers moi, elle ne sourit pas. Je m’allonge sur elle, pose un baiser sur sa joue.
— Et bien ! Ça a l’air de t’avoir beaucoup plus.
— Vivement que tu me trompes à nouveau.
Son rire agite son corps contre ma poitrine, me faisant rire moi-même. Je réfugie mon visage dans ses cheveux et lui murmure :
— Je t’aime. Je te refais ça quand tu veux.
Elle me fait basculer et je me retrouve allongée à côté d’elle. Elle passe sur le flanc et ses doigts pianotent de mon nombril jusque sur ma poitrine. Ses yeux rêveurs me dévorent. Alors elle dit.
— J’ai toujours cru que je demanderais à un homme de me le faire en préliminaire avant qu’il me défonce le cul.
— C’est le défonçage de cul qui t’a manqué ?
— Au contraire. Je préfère sans le côté désagréable.
— Ravie d’avoir embelli tes fantasmes.
— Si la moi d’autrefois me voyait avec qui je baise…
— Avec un monstre ?
— Avec une fille superbe. Une fille dont je connais le petits trucs…
Sa jambe emprisonne la mienne est ses doigts glissent dans mes creux inguinaux. Je frissonne de plaisir. J’ouvre mes cuisses à l’équerre et la laisse improviser.
— … Comment pourrait-elle s’imaginer connaître par cœur une autre chatte ?
Ses doigts s’enfoncent entre mes petites lèvres et patinent dans une cyprine épaisse.
— Comment pourrait-elle, sans être écœurée, se dire qu’elle en connaîtra le goût ?
Elle goûte ses doigts, me provoque d’un regard, puis s’assoit à califourchon, écrasant ses propres sécrétions sur mon pubis. Elle m’observe, et sourit à celle qu’elle a été :
— Comment pourrait-elle croire qu’elle aimera sentir cette odeur de fille ? Qu’elle aimera la sensation de sa poitrine qui s’écrase contre la sienne ?
— Je n’en sais rien. Elle peut se dire qu’elle est victime d’un ensorcellement.
Ses doigts galopent sur mes seins, chatouillent mes aisselles, glissent sur mes bras, puis les immobilisent. Son visage me surplombe, sa poitrine se pose délicatement sur la mienne et sa bouche souffle sur mon menton :
— Si c’est le cas, je ne veux pas être désensorcelée.
Elle m’embrasse langoureusement. Son ventre danse imperceptiblement au rythme de sa respiration. La nuit s’annonce réciproque.
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