Rapport de la psychologue scolaire Marine LOBLAT-HIFON.

Dossier tenu secret par le pacte de confidence avec l'enfant.

Jeudi 22 novembre, de 12:30 à 13:04

Lorsqu'Estelle est entrée dans mon bureau sans convocation, j'ai été intriguée par la personne. Je l'avais déjà croisée dans les couloirs et m'étais aperçue de ce regard sombre, mais il va sans dire qu'Estelle est une personne très triste, bien qu'elle ne veuille pas le laisser voir.

Je l'ai questionnée sur la raison de sa venue. Elle n'a pas vraiment répondu immédiatement, timide sans doute, mais j'ai reformulé : Qu'est-ce qui ne va pas ?

Estelle a répondu qu'elle ne se sentait pas bien dans son corps, que chaque jour la vie lui rappelait qu'elle n'était pas née normalement, qu'elle en avait marre de la fausse ignorance que ses parents portaient à ce sujet. Elle m'a également dit qu'elle en avait assez d'entendre les gens l'appeler Estelle, car elle n'aimait pas son prénom.

Et quand je lui ai demandé : Est-ce que tu aurais préféré être un garçon ? elle m'a répondu « Oui, je souhaite être un garçon. Mais je ne sais pas si c'est les autres qui ne l'accepteraient pas, ou si c'est moi ».

J'ai répondu que j'examinerai la question, tout en lui donnant quelques conseils pour, par exemple, prendre plus conscience de ses véritables sentiments, pour savoir si oui ou non, elle était prête à changer de sexe et d'identité, lorsque le moment viendrait. Je ne pense pas que notre entretien l'ait apaisée, mais j'imagine que se confier à une personne totalement neutre sur tous les sujets permet également d'enlever un certain poids sur la conscience.

J'ai recommandé à Estelle de revenir me voir dès qu'elle en sentirait le besoin.

Mais je pense qu'écrire un mail à ses parents serait également judicieux, pour leur parler de la situation de leur fille. Tout en ayant son accord au préalable, bien entendu.