Face-à-face
La tempête est sur moi. Sombre nuée parcourue de terribles décharges, bête aveugle qui emporte tout sur son passage. Les sages se sont préparés. Ils ont fait des offrandes, se sont barricadés derrière leurs murs, ou ont fui vers des contrées plus clémentes. Et moi… Moi, je me tiens immobile, démuni devant l’orage.
Tout ce qui me reste est ma rage, mon angoisse, mon amertume. Je maudis la tempête, les sages, le monde… Je me maudis moi-même ! Je voudrais me cacher, mais à quoi bon ? C’est trop tard maintenant, tout va être emporté. Le vent hurle autour de moi, la pluie fouette mon visage. Je plonge une dernière fois les yeux dans la gueule du monstre et crois reconnaître un visage familier.
Alors que la tourmente m’enveloppe, contre toute attente je me tiens debout, face à la mer. Les éléments se déchaînent avec une joie d’enfant. Ma colère se fait tonnerre, ma tristesse devient ondée ! Je ne fais qu’un avec la tempête et l’évidence s’impose. Mon cœur est l’œil du cyclone.
Alors d’un coup, les bourrasques se calment et la quiétude revient. La tempête est passée. Le ciel est clair, lavé de tout ce qui le troublait. Je reste seul sur la grève, en paix avec moi-même, à contempler la beauté aride du monde. Je me dis que la sagesse, c'est peut être d'accepter sa tempête. J’ai bien fait de rester dehors finalement...
Annotations
Versions