Lettre d'Amort
Un jour, quand dans ton miroir
Tu verras que je ne suis pas morte en vain,
Tu chériras les souvenirs, bribes de ma présence,
Qui laissèrent des sillons invisibles sur ton visage.
Des sillons de bonheur, de confiance, de maturité, d'amour...
Tu m'aimeras par-delà le ciel
Et je le saurai mais n'y serai pas ;
Tu me chériras, bravant la terre et la poussière,
Et je le saurai, écrasée par la mort.
Mais toi, écrasé par le deuil, tu m'aimeras encore.
Ton désespoir n'aura d'abord eu
De cesse de te tourmenter
Mais je sais que tu ne le laisseras
Jamais détruire ta vie
Car je t'ai fait plus intelligent que moi
Ainsi, tu réfléchiras
À la vie, à la mort
À ta vie, à ma mort
Ainsi, tu comprendras
Que je suis toujours là
Que je vois tout
Que je sais tout
Que je suis fière
Et que je t'aime.
Ou que je ne vois rien, que je ne sais rien, -mais que je t'aime-, qu'avec la vie j'ai perdu l'âme, la raison, l'existence. Qui sait ? Et qui sait ce que tu penseras ? Je t'ai fait, puis je t'ai aimé. Je ne t'ai jamais appris à être moi, c'est toi qui as choisi cette voie. Moi, je n'ai fait que t'aimer.
Alors, si tu crois que je ne suis plus là. Si tu crois que je t'observe d'en haut. Si tu crois que j'erre sans but ici-bas. Ou que je hurle de douleur plus bas encore, tout en bas. Si tu crois que je suis devenue une autre, un autre, un être, une chose, une pensée...
Retiens alors
Une chose
Une seule
Juste
Ces trois
Mots
Je
T'aime
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