Mardi 5 février 2019 (suite) et FIN

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Le temps s’écoule, interminable pour Geneviève. La forêt enserre la route d’un écrin vert, transpercé par de multiples lances de lumière. Sébastien la regarde.

— Geneviève, ça va ?

C’est vraiment exceptionnel qu’il l’appelle par son prénom ; mais là, il sait qu’elle est très fragile et il faut la protéger. Il sait également qu’il peut compter sur toute l’équipe. Les trois voitures se garent face à la maison de Cathy. Geneviève fait signe à tout le monde de ne pas bouger. Elle frappe à la porte, c’est une femme d’un certain âge qui lui ouvre.

— Vous êtes Geneviève, je suppose, entrez.

— Et donc vous, vous êtes Léontine.

— Peut-être pouvons-nous nous asseoir un petit instant, elle n’est pas loin.

— Oui, mais je vais demander à mon équipe de fouiller la maison.

Geneviève sort et fait signe.

— Sébastien, Jean et Laura, fouillez la maison, mais soft, OK ?

Pendant que les trois policiers s’activent autour d’elles, Geneviève et Léontine restent face à face.

— Elle vient de tout me raconter. J’avoue que j’ai eu de plus en plus de doutes avec des éléments troublants dans son comportement. Mais elle a eu une vie difficile, vous savez ?

— Je sais, j’ai vu le dossier.

Sébastien s’approche.

— Madame, je pense qu’il faut que vous lisiez ça et ce n’est pas la peine que ça tombe dans toutes les mains.

Il tend une feuille de papier sur laquelle elle reconnaît immédiatement l’écriture de Julien.

Cathy, mon amour.

Tu sais que je t’aime plus que tout au monde et je sais que c’est réciproque. Et pourtant, je n’ai pas encore réussi à te libérer suffisamment pour que tu me confies ce qui te tourmente. Quels que soient les démons qui te hantent, tes peurs et même l’inavouable ; tu peux me les dire, notre amour est plus fort que tout ça.

Comme dit le poète : « je veux être un homme heureux », mais ce ne sera possible que si tu es une femme pleinement heureuse.

Je t’aime, Julien

Elle relève la tête, les yeux humides.

— C’est un vrai grand amour, vous savez, dit Léontine.

— Oui, je l’ai compris depuis que je les ai vus tous les deux. Bon, maintenant il faut que j’aille la chercher.

— Elle est au cimetière sur la tombe de sa grand-mère, elle vous attend.

Geneviève se lève en hochant la tête.

— J’y vais.

Sébastien intervient.

— Madame, je vous accompagne.

— Non, Sébastien, ce n’est pas la peine.

— Mais quand même, elle a tué...

— Je vous assure que la jeune femme que l’on va arrêter maintenant n’a plus rien à voir avec cette… tueuse.

— Alors, prenez ça.

Il lui tend un talkie-walkie.

— D’accord, si ça peut vous rassurer.

Geneviève sort et reste un moment à apprécier le décor. La lumière est splendide et répand un air jovial dans le paysage. Elle devine, sans difficulté, le chemin que lui a indiqué Léontine. Les chants d’oiseaux sont à l’unisson de la gaîté ambiante. Elle progresse tranquillement à travers le petit bosquet et débouche dans la clarté éblouissante de la prairie. Le sentier reste visible au milieu de l’herbe, elle aperçoit le petit cimetière à une centaine de mètres. Avant de franchir le portail, elle voit Cathy, immobile, face à une tombe. Elle s’approche.

— Bonjour, Cathy, je crois que tu as perdu ça. Et elle montre la boucle d’oreille.

Cathy se retourne et prend doucement le bijou.

— Je suis contente que vous l’ayez trouvée. Je la croyais perdue à jamais.

— C’est un cadeau de ta grand-mère.

Cathy hoche la tête. Elle regarde Geneviève. Elle a envie de l’embrasser, mais se retient. Ce n’est plus le moment. Les deux femmes restent silencieuses.

— Bon, il faut y aller maintenant.

Cathy hoche la tête et se met en route à côté de Geneviève.

— Il va falloir s’occuper de Julien. J’espère qu’il me pardonnera, mais il m’a… sauvée.

— J’ai bien compris ce qui a touché Julien chez toi. Il a bien vu la vraie Cathy cachée.

— Alors vous pourrez dire à Julien que je suis une femme pleinement heureuse.

Elles sortent du petit bois. L’équipe se tient en ligne devant la maison, ils attendent le retour. Ils voient les deux femmes auréolées de lumière par le contre-jour. Elles marchent, côte à côte, en discutant comme de vieilles connaissances.

— Cette histoire aura été atypique jusqu’au bout, murmure Jean Wolff.

— Ouais, dit simplement Laura.

Léontine regarde depuis le pas de la porte. Cathy lui fait un petit signe lorsqu’elles arrivent. Sébastien se dirige vers elle avec les menottes.

— Voilà, Cathy, je dois te laisser maintenant, je ne peux plus m’occuper de cette enquête. Avec Julien, on ne va pas te lâcher.

Tout le monde regagne les véhicules. La maison est sous scellés. Léontine regarde les voitures s’éloigner. Il lui faudra longtemps pour tourner les talons et rentrer chez elle. Quelques personnes s’étaient approchées, ne comprenant rien à cette histoire.

Le cortège file à toute allure sur l’autoroute, emportant Cathy vers son destin. Geneviève, dans la deuxième voiture, sait qu’elle ne peut plus repousser ce moment, elle prend son téléphone et appelle Julien.

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