L'éclat du jour
Sous mes paumes la douceur de la mousse
Sous mes yeux le bord de la falaise écorchée
Comme une berceuse le chant des vagues rousses
Comme une confiserie le soleil fondu dans leurs reflets
*
Mes frissons par l’écharde du froid
Par la morsure cruelle du vent
Glissent sous la caresse de ses doigts
Que viennent saler les embruns de l’océan
*
Dans mon cœur la mélopée de l'espoir fragile
Roule et s’enroule au rythme de ses battements
Tandis que des perles s’accrochent à mes cils
Pour couler en longs filets d’argent
*
La vie a ainsi été imaginée
Pour que seul du présent nous soyons certains
Une seconde suffit pour basculer
Et bourgeonner d’un autre chemin
*
Les paupières placidement closes
Les sons en écho me reviennent
Les couleurs s’éclaboussent en osmose
Contre le torrent de ma mémoire corallienne
*
La lumière perce l’écorce de ma mélancolie
Mes sens rencontrent la saveur de souvenirs heureux
Cette errance m’a paru comme mille homélies
Et le silence plus lourd que le poids des cieux
*
Là-bas au loin l’avenir m’appelle
Je me vois plonger dans ses blandices
Noyer ma douleur dans un tourbillon d’étincelles
L’essouffler jusqu’à ce que ma liesse l’étourdisse
*
Les rochers crevant les flots
Prennent un aspect éburné
Lorsque les rayons les frappent dans un sursaut
Et blanchissent leurs viles aspérités
*
Par ce nouvel éclat naissant
S’évanouissent sans un cri l’opprobre et l’âpre gyre
Qui souillaient mon cœur comme un juron insolent
Et aigrissaient jusqu’alors mes sourires
*
Ainsi ce n’est pas par ivresse futile de l’utopie
Que je décide aujourd’hui de croire
Ni pour jouer les matamores de la vie
Mais pour ne plus donner raison à l’abîme du désespoir
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