6

2 minutes de lecture

Angèle se jette dans mes bras lorsque je la récupère à la sortie de l’école. Son rire cristallin résonne à mes oreilles, son regard pétille. Je la serre contre moi et respire son odeur rassurante, celle de la maison.

Quand j’ouvre les yeux, je suis loin d’Angèle, et loin de la maison.

Des lumières blanches m’éblouissent. Les murs autour de moi sont gris et nus. Mes blessures encore douloureuses à l’abdomen, dues aux coups de couteau de Thelma, ne sont pas tout à fait guéries, malgré mon séjour à l’hôpital.

J’aurais dû appeler un avocat. Mais je ne l’ai pas fait. J’étais bien trop sous le choc. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Je n’avais jamais été en garde-à-vue auparavant. Je me serais passé d’en faire l’expérience.

L’enquêteur qui me fait face, ses yeux sombres luisant sous des sourcils aussi broussailleux que sa barbe, me jauge un instant du regard, avant de déclarer :

– Votre épouse, encore à l’hôpital après le choc que vous lui avez infligé sur le crâne, est revenue sur sa déposition concernant l’enquête que nous allons citer.

– Mais, enfin, vous… vous êtes au courant que Thelma n’est pas stable psychologiquement ?

– Peu importe sa situation, réplique le policier qui semble être le plus gradé, son témoignage, même s’il n’est pas fiable, apporte un nouvel élément à l’enquête, qui est encore ouverte. Alors on enregistre, on fera le tri après. Malheureusement, avec vous, il va falloir tout récapituler depuis le début…

Le flic aux épais sourcils me sonde une nouvelle fois du regard, puis dit d’une voix grave :

– Votre femme avance que vous avez délibérément tué votre fille, Angèle.

L’absurdité de son accusation me cloue au dossier de ma chaise. Comment peut-il prononcer une telle horreur ?

– Je… qu’est-ce que c’est que ce délire ? je rétorque en tentant de garder une voix mesurée. Vous déraillez, je ne sais pas de quoi vous parlez ! Ma fille a neuf ans, elle est en parfaite santé, et je ne vois aucune raison de penser le contraire !

Un silence ponctue mes paroles, suivi d’un regard entre les enquêteurs.

– Votre fille n’a pas neuf ans, réplique le flic, elle est morte quand elle en avait six.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Hedwige et sa plume ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0