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Angèle se jette dans mes bras lorsque je la récupère à la sortie de l’école. Son rire cristallin résonne à mes oreilles, son regard pétille. Je la serre fort contre moi et ferme les paupières en respirant son odeur. C’est celle, rassurante, de la maison.
Quand j’ouvre les yeux, je suis loin d’Angèle, et loin de la maison.
Des lumières blanches m’éblouissent.
– Tu l’as tuée, arrête de le nier. Ce n’était pas un simple accident, comme tu le prétends.
– Crache le morceau et tout sera plus simple.
– Tu grilles ta dernière chance de coopérer. À partir de maintenant, on sera plus aussi cools, je te préviens.
Je reste de marbre face aux enquêteurs qui me mitraillent de questions depuis ce qui me semble des heures. Les murs autour de moi sont gris et nus.
– Comment tu peux te regarder dans la glace ? T’es une ordure, une sacrée merde.
J’aurais dû appeler un avocat. Mais je ne l’ai pas fait. J’étais bien trop sous le choc.
– Il parlera pas, c’est mort, j’entends l’un des policiers souffler tout bas à ses collègues.
Je me retiens de soupirer : si je leur montre que je suis soulagé qu’ils lâchent prise, ils vont repartir à la charge de plus belle.
Je n’avais jamais été en garde-à-vue auparavant. Je me serais passé d’en faire l’expérience.
– On te ramène ici plus tard, et t’auras intérêt à être plus bavard, m’aboie l’un des flics. Parce qu’on va pas te faire de cadeau, tu peux me croire sur parole.
On me ramène en cellule sans délicatesse. Je grimace quand on me pousse entre les grilles, à l’intérieur de la petite pièce inhospitalière. Mes blessures à l’abdomen, dues aux coups de couteau de Thelma, ne sont pas tout à fait guéries, malgré mon séjour à l’hôpital.
Je m’affaisse sur le fin matelas qui recouvre le bloc de béton censé faire office de sommier. J’éclate en sanglots.
Des heures entières s’écoulent sans que personne ne revienne me chercher.
Seul, démuni, j’ai le sentiment que la vie en a vraiment contre moi. Elle me prendra tout, si je la laisse faire. Je ne peux pas capituler face à elle. Je ne dois pas lui donner raison.
Les yeux clos, étalé comme un cadavre sur mon lit de fortune, il me semble que plus de six heures sont passées lorsque j’entends une voix familière dans le couloir menant à ma cellule. Celle d’une femme, en pleine conversation avec plusieurs hommes. Je me redresse aussitôt, les sens en alerte. Quand on vient m’ouvrir la grille, mon cœur bondit dans mes côtes. « Qu’est-ce qu’elle fait là ? »
– Bonsoir, Guillaume.
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