Révélation
J'attends Chari devant la porte de la maison de Lefko et Gykos, il est 15h17. Elle est en retard et elle va le payer cher car j'ai hâte de découvrir la ville et que si je ne veux pas me perdre, je vais avoir besoin d'un guide et je n'ai pas en vie de déranger mes nouveaux parents pour ça.
Il est désormais 15h32 et je vais rentrer quand je vois une forme indistincte approcher une fois qu'elle n'est plus qu'à quelques mètres, je reconnais Chari qui marche d'un pas nonchalant, une fois qu'elle est devant moi, je lui crie :
-Tu es en retard ! C'est quoi ton excuse ?
-Je n'ai pas à te fournir d'excuses, tu n'es pas ma mère, Ouli.
Je ne réponds pas, légèrement impressionnée par son arrogance qui est égale à la mienne.
Oui, je sais que je suis d'une arrogance rare et je m'en fiche totalement car je ne veux pas brider mon caractère. Je suis comme je suis et c'est comme ça ! Je sais que mon point de vu a irrité bon nombre de gens et si il ne vous plait pas c'est tant pis pour vous.
-Donc, fis-je en ne répondant pas à la provocation de Chari que vas-tu me faire visiter ?
-Un peu partout, ça ne devrait pas être long car c'est assez petit. Quels endroits as-tu déjà vu ?
-Le marché et le centre d'entrainement.
-Wah, t'as pas vu grand chose, moi, le premier jour j'ai visité des tas d’endroits super.
-J'avais un peu peur de me perdre.
-Tu as peur de te perdre ! Moi qui pensais que tu n'avais peur de rien !
-Je donne vraiment l'impression de n'avoir peur de rien ?
-Bah oui, on a l'impression que rien ne peut t’arrêter !
-Ben c'est totalement faux ! J'ai peur de tas de trucs ! ajoutais-je par pur esprit de contradiction
-Comme ?
-... Les sauterelles !
-Quoi ! s'exclama Chari en éclatant de rire, toi, peur des sauterelles ?
-Oui lui répondis-je, en regrettant un peu de lui avoir avoué ma plus grande peur.
-Ne t’inquiète pas, je ne le dirais à personne.
-Et pourquoi est-ce que je te croirais ?
-... J'avoue que je ne trouve aucune raison valable de me faire confiance donc tu devras t'en tenir à ma parole.
-Je sais ! Tu vas me dire un truc que tu ne dirais qu'à une personne de confiance.
-D'accord mais il faut d'abord que je trouve un truc qui va te convaincre.
-Et ne ment pas ! ajoutais-je sévèrement.
-D'accord madame la commandante en chef répondis Chari en souriant.
Nous nous promenons longtemps et ma nouvelle amie me montre toute la ville. Maintenant que j'y pense, elle n'a plus l'air aussi inhospitalière une fois qu'on connait un peu mieux le coin. Chari et moi discutons beaucoup, elle me dit qu'elle a été accueillie par une famille assez sympa où elle a une grande sœur à qui elle veut ressembler et qui s'appelle Chrysos. Que sa famille au Grand Quartier lui manque car elle a peur que sa petite sœur soit aussi une Stochastis. Elle me posa alors une question qui me gêna :
-Ce matin quand j'ai parlé de tes vrais parents tu m'as répondu "ma mère", ton père est mort ?
-Oui, c'était il y a 7 ans.
-T'avais que 7 ans ! Il est mort comment.
-Tué par une femme du Petit Quartier qu'il voulait aider car elle avait le bras cassé, si elle vit ici je vais le lui faire payer.
-Je suis vraiment désolée. Mais comme on est sur les questions indiscrètes, comment tu as eu ça ? me questionna Chari en désignant ma cicatrice.
-Je l'avais à la naissance, d'après ma mère. Mais... m’interrompis-je
-Mais quoi ?
-Mais je ne la crois pas.
-Pourquoi ?
-Elle... elle... Je ne crois pas que je sois prête pour te le dire, je veux dire, je viens juste de te rencontrer et les sauterelles, c'est rien par rapport à ça.
-Tu peux me le dire, même si je n'en ai pas l'air, je suis une bonne confidente.
-Mais je te connais à peine !
-OK, je sais bien que c'est dur de tout me dire mais on est pareille !
-Nous ne sommes pas du tout pareille, toi, tu as eu une enfance heureuse ! hurlais je
-Pas toi ?
-Non m'écriais-je pas avec se que faisait ma mère !
-Que faisait-elle pour que tu n'es pas une enfance heureuse ?
-Elle... Elle buvait et elle me frappait !
-Quoi, mais pourquoi ?!
-Je n'en ai aucune idée ! Je n'habite pas dans sa tête ! rétorquais-je à sa remarque un peu stupide.
-Je sais bien que tu ne lis pas dans les pensées des gens, je me demandais juste ce qui la poussais à faire cela et si elle te l'avait dit.
-Désolée de m’être énervée pour si peu, je suis un peu sur les nerfs en se moment me justifiais-je.
-Ne t’inquiète pas, tu as toutes les raisons du monde de ne pas être bien, tu changes de vie et tu apprends que tu es différente des autres, je pense que c'est pardonnable.
-Désolée quand même Chari.
-Pas grave soutint-elle en souriant.
Je la regarde et je me dis que j'aimerai bien être aussi insouciante et heureuse qu'elle, ne pas avoir grandi un peu trop vite à cause de ma mère. Ma mère, elle a gâché ma vie pensais-je rageusement en serrant les poings. Elle m'a fait grandir trop vite, elle m'a blessée autant mentalement que physiquement et elle n'a jamais été une mère aimante, même quand papa était là listais-je mentalement.
Ce ne fut que lorsque Chari m'interpela que je me rendis compte que je m'étais arrêtée et que j’avais fermé les yeux en serrant les poings à m'en déchirer les jointures.
-Tu viens ?
Je leva la tête et je lui répondis :
-Quoi ?
-Je te demande si tu viens.
-Désolé, j'étais dans mes pensées.
-J'avais bien remarqué !
Je souris à sa remarque sarcastique. J'étais heureuse d'avoir une amie à qui je pouvais tout dire, même les choses les plus gênantes. Skotadi n'avais jamais été une vraie amie car je la trouvais assez superficielle et quiche. Alors que Chari n'est pas superficielle et elle est intelligente, je sais que je peux compter sur elle et ça me rassure un peu car tout ce que je vis dans ce nouveau Quartier est totalement inconnu et assez terrifiant il faut bien l’avouer : j'ai peur que quelqu’un découvre ce que je suis et que l'on me tue, même si je les connais à peine je ne voudrais pas décevoir Lefko et Gykos. Je pense que je ne veux pas les décevoir car j'ai toujours déçu ma mère.
Soudain Chari me demanda :
-T'as jamais pensé à t'enfuir ?
-Si mais, je me suis faite rattrapée par les fylakes que ma mère avait appelé et ils m'ont dit que si je recommençais, ils m’enverraient en prison et comme je n'avais que 9 ans j'ai eu très peur et je n'ai jamais re-songé à partir.
-Même récemment, ça ne t'ai pas revenu à l'esprit ?
-Encore moins car à partir de 12 ans, les fylakes peuvent te condamner à mort !
-Ah bon ? Chez moi, c'est seulement à partir de 15 ans.
-Quoi ! Je ne savais pas que les règles changeaient en fonction du Quartier !
-Si tu veux savoir ici la peine de mort est pour tout le monde, même les plus jeunes.
-Mais, c'est.. c'est abominable ! Donc même si t'as 6 ans les fylakes peuvent te tuer !
-Malheureusement oui.
-Mais comment les gouvernement peut laisser faire ça !
-Je te rappelle qu'on ne peut plus compter sur les Sages après qu'ils nous ai exilé juste car on est différentes !
-T'as raison, on ne peut vraiment pas compter sur le gouvernement. OK, on est peut-être dangereuses mais ils pourrait tout nous expliquer au lieu de nous exiler !
-Je suis d'accord, mais on ne peut pas regrouper tout les autres.
-Ouais, je me vois mal aller frapper aux portes des gens et leurs demander : Vous êtes un Stochasis ? Alors qu'ici, les gens les connaissent et le redoutent !
-Mais comment les regrouper ?
-Il faut découvrir nos pouvoirs donc on ira dans la bibliothèque dont tu m'as parlé et on va chercher !
-Tes parents serons d'accord ?
-Je pense que oui, ils me laissent faire ce que je veux tant que je ne fais pas de bêtises. (Ces précisions on été apporté à midi, quand je suis rentrée du marché avec les courses dans les bras.)
-Alors on ira demain ou après-demain en fonction de ce que veulent tes parents et les miens.
-Ça me va. On se retrouve à 7 heures 30 devant le centre, OK ?
-OK.
Je regarde ma montre et découvre qu'il est 18h30 et que, je dois rentrer chez moi à l'heure si je veux manger. Je dis rapidement au-revoir à Chari et je m'en vais en direction de la maison.
Je frappe à la porte et entre, Gykos est dans la minuscule cuisine et fait chauffer des pommes de terre coupées en carré dans une vieille poêle. Je vais la saluer en souriant et je monte dans ma chambre. C'est une petite pièce beige, un peu moisie dans laquelle a été calé dans un coin un lit et en face un bureau bancal en bois avec une petite chaise. Je vais ouvrir la fenêtre et je m’assois à mon bureau et ressasse dans ma tête tout les événement que j'ai vécu depuis que je suis allée au centre ce matin là ; Ammos qui m'a regardé faire ma session, la brute qui m'a assommée, le jugement sans procès, mon arrivée ici, ma rencontre avec Chari et cet après-midi. Ma vie n'était pas normale avant, mais elle était moins, nettement moins mouvementée que maintenant. Gykos m'appelle pour manger, je descends en vitesse et remarque que Lefko n'est pas là, alors je demande à ma mère adoptive :
-Pourquoi Lefko n'est pas là ?
-Il travaille.
-Quand est ce qu'il va rentrer ?
-Tard, ma chérie.
-Mais pourquoi ?
-Il fait des heures supplémentaires pour gagner plus et nous nourrir du mieux qu'il peut.
-Pourquoi, toi tu ne travaille pas ?
-Car je... Je... En fait, je travaille bredouillât-elle
-Alors pourquoi tu restes tout le temps à la maison ?
-Je travaille la nuit.
-Et c'est quoi, ton travail ?
-C'est sur un projet top secret me dit mystérieusement Gykos.
-Tu peux me dire ce que c'est, je ne le dirai à personne.
-Je ne dois en parler à personne, même pas à ma famille.
-Lefko ne sais pas ce que tu fais ?
-Non, donc il ne sert à rien de l'interroger, je ne l'ai dis à personne.
Mince, je songeais bien à cuisiner Lefko pour en savoir plus !
Je changeais radicalement de sujet et demandai à ma mère :
-Est ce que je pourrais aller à la bibliothèque de la ville voisine avec une amie.
-Bien sur, mais, dit moi, qui est cette amie.
-Elle s'appelle Chari.
-Chari ! Tu es devenue amie avec elle !? Elle n'est pourtant pas très sympathique.
-Maman ! Chari est vraiment gentille.
-Comm... Comment est ce que tu viens de m’appeler ? me demanda Gykos.
-Je t'ai appelé maman... oh désolé ! m’exclamais-je en me rendant compte de mon erreur.
-Tu... tu n'as pas à être désolé, c'est juste que tu m'as surprise, je ne pensais pas que tu me considérais déjà comme ta mère.
-Mais tu es ma mère ! Enfin, pour moi...
-Non, mais ça me fait très plaisir que tu me considère comme tel.
-C'est... c'est juste que mon ancienne mère ne me témoignais aucune affection.
-Et ton père ?
-Il est mort quand j'avais 7 ans.
-Oh... je suis vraiment désolé ma chérie, tu as du avoir une enfance assez difficile.
-Ça aurais pu être pire, non ?
-Oublions tout cela, donc, tu voulais aller à la bibliothèque avec Chari demain ?
-Oui, c'est ça ! Tu es d'accord ?
-Bien sur ! Je veux juste que tu soit sage et que tu fasse attention à toi !
-OK, je ferais attention à moi. J'ai le droit de rester dehors jusqu'à quelle heure ?
-Disons que tu partiras demain à 7 heures et tu sera à la maison à 7 heures du soir, ça te va ?
-Oui, parfaitement.
J'allais me coucher, guillerette comme je ne l'avais pas été depuis des années.
Le lendemain, mon père me leva bien avant que le soleil ne se lève. Je descends dans la cuisine où m'attends une Gykos fatiguée. Elle ne cesse de bailler tandis qu'elle me donne mon petit déjeuner. Je prends en vitesse mes affaires de sport et vais au centre d'entrainement. Je prends la première salle inoccupée que je trouve et me branche rapidement, j'espère que ce ne sera pas un niveau trop difficile : je n'ai que deux heures trente devant moi.
Une fois branchées, je me retrouve dans un grand désert de sable blanc et brulant. La voix me dit que je dois le traverser jusqu’à ce que je trouve de quoi survivre. Mais, comment est ce que je suis censée survivre quand ce n'est pas une illusion assez réelle
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