Les Îles Sombres : Suite I.
Nous étions encore à un bon mile des côtes, lorsqu’une explosion provînt de celles-ci. Je distinguai une forme partir dans les airs, la suivis d’un regard inquisiteur, la vis se stabiliser, avant de redescendre en reprenant de la vitesse. Beaucoup de vitesse. Dans notre direction. Elisabeth, qui venait de sortir de la cabine, fut plus prompt que moi.
- Quittez le navire ! cria t-elle.
Il y eut un moment de flottement, où nous nous regardâmes, regardâmes le projectile, puis tout le monde courut vers le bastingage. Le bateau explosa quand j’étais en plein saut, me projetant une nouvelle fois contre la surface gelée. Je me mis instinctivement en boule, pour avoir le moins de surface de contact et me protéger de ma lame dorsale. Je sentis une lourde poutre me frapper le dos, mais le choc fut amorti par Styx. L’épais bout de bois m’attira tout de même vers le fond, et mes tympans commencèrent à me faire souffrir sous la pression. Sentant que la pluie de débris s’était calmée, je me dégageai du rondin, et esquivai les autres débris qui le surplombaient afin de rejoindre la surface.
J’émergeai au milieu des flammes qui couvraient l’océan, là où se trouvait quelques secondes auparavant notre navire. Criant à travers les flammes, je cherchai mes compagnons. Druss émergea, un gosse dans chaque bras, suivi par sa compagne. Mais ma chère Comtesse restait introuvable. Je replongeai alors, bravant les flots et les débris de bois, à sa recherche. Parcourant la carcasse du navire, je la vis en train d’essayer de se dépêtrer de deux rondins qui la maintenaient immobile. J’arrivai à sa rescousse, repoussant les bouts de bois, et réussissant à la libérer. Je la saisis pour l’aider à remonter, et nous émergeâmes à la surface aux côtés de Druss.
- Ce soir, c’est brochette de gobelins, dit-il avec un sourire carnassier.
***
Sur la berge, les gobelins couinaient de plaisir en admirant le navire brûler. Leur nouveau “Pet-de-Pétaure” était bien au point. Harguz regardait le spectacle, impassible. Soudain, il se retourna, décrivant un grand cercle de sa lame qui trancha trois gobelins au passage avant de buter contre une autre lame, dans un fracas métallique.
Styx vibrait dans mes mains, accusant le coup. Je regardai la montagne de muscles se dressant devant moi avec un peu d'appréhension, mais de voir mes compagnons donner l’assaut dans un beau carnage de gobelins de part et d’autre de la plage me mit en confiance.
- Toi, je vais t’arracher tes membres un par un, et je me ferais un cure dent avec ce ridicule bout de fer que tu oses brandir encore une fois contre moi, vociféra Harguz.
- Crois moi, ce n’est pas seulement d’un cure dent dont tu aurais besoin, mais d’au moins un bon bain de bouche à l’acide pour espérer atténuer l’odeur, rétorquai-je.
Et les lames s'entrechoquèrent à nouveau, emportant quelques têtes de gobelins au passage, pendant que d’autres volaient d’un bout à l’autre de la grève.
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