"Toute rencontre est un risque : à la première minute, aux premiers mots échangés, l'histoire est déjà en marche."
Raphaëlle Billetdoux

Lance a chargé sa voiture. Heureusement, il a gardé de la place pour sa passagère. Après tout, comme toute femme, il faut s'attendre au pire, deux, trois, quatre, ... sept valises, pourquoi pas ?

Comme toujours, la circulation est saturée. Il a pourtant bien pris un peu de sécurité sur le temps, lui qui déteste être en retard, lui pour qui la ponctualité est l'une des bases de la politesse et du respect. Prenant tous les raccourcis, il espère pouvoir rattraper un peu du temps perdu dans ce maudit accident. Ces vacances commencent très bien, décidemment.

Il arrive au point de rendez-vous, avec cinq minutes d'avance, mais lorsqu'il passe en voiture, il ne voit personne. Pour quelques minutes à attendre, peut-être est-il possible de rester en double file ? Du moins, cela se tente, tant que la police ne se montre pas.

Au bout de quelques minutes, Une place de parking se libère. Après tout, y aller permettra de moins passer pour un goujat en faisant monter sa passagère dans la voiture en enjambant le caniveau. Surtout si elle est en jupe courte ou en robe. Elle pourrait être mal à l'aise d'avoir à montrer ces jambes pour grimper sur le siège.

Lance quitte donc le point de rendez-vous quelques instants pour prendre l'emplacement libéré, puis retourne à l'endroit convenu. Il ne semble y avoir personne pour l'instant. Alina lui a parlé d'une femme blonde, petite, menue. Comment s'appelle-t-elle, déjà ? Lance a oublié. Alina lui parle toujours de Val, mais n'a jamais dit son prénom complet. Valérie ? Valentine ? Dans le doute, il l'appellera Val, tout comme le fait son amie.

Il aperçoit soudain une femme tirant une valise, un sac pendant à son épaule, et avec une sorte de planche de carton dans les mains. Probablement une affiche. Dans le quartier se trouvent de nombreuses agences de pub, elle y travaille surement. C'est dommage, elle est plutôt mignonne, et ressemble à la description faite par Alina, et bien plus encore. Des jambes fuselées, une poitrine menue exactement comme il les apprécie. Et elle doit pratiquer le step ou les abdos-fessiers, vu de derrière.

Lance se dit qu'il faut arrêter de fantasmer, ce n'est certainement pas elle. Et de toute façon, il s'est promis de ne rien faire, vis-à-vis d'Alina. Il jouit déjà d'une réputation de Don Juan, cela suffit comme ça. En plus, il a besoin aussi de vacances, sur ce plan-là. Parfois, trop, c'est trop, même pour les meilleures choses de la vie.

Tiens, la jeune femme s'arrête et semble hésiter. Elle tend sa pancarte en l'air. Une flashmob ? Une opération publicitaire ? Lance se rapproche, par curiosité, pour pouvoir lire ce qui est écrit. "Lance". Mince, son prénom. Se pourrait-il que cette poupée soit Val ? Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.

Lance se dirige vers la jeune femme, pour l'aborder en douceur.

• Bonjour. Je suis Lance. Tu es bien Val ? Comment vas-tu ?

La jeune femme rougit instantanément, la rendant encore plus craquante. Ses yeux verts pétillants hésitent entre le regarder ou observer ses pieds. Elle reste un instant là, sans bouger, sans savoir quoi dire, comme surprise. Se serait-il trompé ? Non, impossible, pas avec cette pancarte. Lance va donc lui prendre délicatement le panneau des mains pour le poser sur la valise.

• Bonjour. Oui, c'est bien moi. répond la jeune femme.

Elle semble troublée. Si cela commence ainsi, le temps de voyage pourrait être long.

• Je suis garé juste en face. Allons-y, je prends votre valise si cela te convient. Je me permets de te tutoyer.
• Aucun problème. Merci.

En gentleman, Lance fait arrêter les voitures avant de laisser Val traverser, lui ouvre la portière, l'aide à s'asseoir avant de mettre la valise dans le coffre, et son sac sur la banquette arrière. Que faire de la pancarte ? Dans le doute, il la place au-dessus de la valise.

Lance regagne ensuite le siège conducteur, puis en s'adressant à Val

• Allons-y, si tu es prête.