"Qui se fie aux femmes écrit dans la neige"
Paul Flemming

Lance et Valentine marchent dans la neige, épaisse et grasse. Le froid monte dans leurs jambes. La jeune femme est sûre d'elle, et conduit le duo par monts et par vaux. Elle grimpe, saute. Pourtant il semble au jeune homme qu'ils tournent en rond. S'il en croit la carte, ils ne vont pas exactement dans la bonne direction, et devraient obliquer un peu le long de la crête pour ensuite redescendre.

La jeune femme ralentit de plus en plus la cadence, semble hésiter à l'un des carrefours. Pourtant, au début, elle ne montre aucune inquiétude, et continue d'avancer. Mais quelques centaines de mètres plus loin, elle s'arrête. Il n'y a plus de chemin, ils sont dans une impasse. Où se sont-ils trompés ? Demi-tour, allons de l'avant, gardons le cœur guilleret, il y aura bien un indice au carrefour précédent.

De plus en plus la belle se tend. Le froid semble commencer à avoir raison d'elle. Il est vrai que Lance n'en mène également pas large, et ne le montre surtout pas, pour ne pas l'effrayer. Au contraire, il l'aide, la soulève quand elle ne sait pas monter, la relève quand elle est tombée. Il faut continuer à avancer, coûte que coûte.

Au début, aider la belle fût assez facile, elle qui tient plus du moineau que de la grive. Il aurait pu soulever son poids plusieurs dizaines de fois de suite s’il avait été à la salle de sport. Mais le froid a engourdi ses membres, et elle devient de plus en plus lourde dans ses bras, malgré toute sa volonté.

Soudain, Valentine trouve un indice, une statue, et se met à courir, enchantée de sa découverte, sur le chemin. Lance peine à la rattraper, entre ses jambes raides et le lourd sac accroché à ses épaules. La belle, toute guillerette, se met à pépier, tel un pinson, lui racontant mille choses sur ses vacances adolescentes dans ces montagnes lors de ses vacances. Sans même le dire ouvertement, le jeune homme comprend qu'elle a perdu son innocence dans les parages. Où, quand, comment, avec qui ? Il n'en saura rien, du moins pas pour le moment.

Il ne peut que l'imaginer, nue, un beau jour d'été, gambadant dans les champs, un garçon courant après elle pour l'attraper. Jeu de chat, colin-maillard, découverte des corps. Le vent sur la peau, la chaleur réchauffant le dos. Un drap posé dans l'herbe, au milieu d'une clairière.
Deux jeunes gens seuls au monde. Ils s'embrassent, découvrent leurs corps. Les caressent procurent tant de frissons. Découvrir ses seins, les goûter, les sentir pointer sous sa langue.
L'entendre gémir, de plaisir. Sentir ses mains sur son sexe, découvrant la douceur de ses testicules imberbes, testant leur sensibilité. Voir son chibre se dresser, le premier qu'elle ait caressé. Lui embrasser le clitoris, plonger la langue dans sa fontaine, la première à laquelle il a bu. Se délecter de ce nectar tandis qu'il sent son gland parcourus de milles caresses de la langue de sa partenaire.
Venir ensuite au-dessus d'elle, le sexe à l'entrée de la grotte virginale. Hésiter à entrer, frotter contre la porte. La regarder dans les yeux, la voir sourire, confiante, consentante, en attente. Commencer la progression, buter contre son hymen, attendre, hésitant, ne voulant pas lui faire mal, étant aussi inexpérimenté qu'elle.
L'entendre dire "vas-y", sentir ses jambes entourer son bassin et presser d'elle-même sur ses fesses pour le faire pénétrer. Une simple poussée, un gémissement, c'est fait. Sentir cette chaleur, cette humidité. Ne faire qu'un, indissociables à jamais.
Commencer les va-et-vient, sans savoir comment maîtriser cette chaleur qui monte, la sentir se cabrer, se tendre, puis au paroxysme, tout lâcher dans son antre.
Finir par un câlin, regarder le soleil se coucher, fin de l'éternité, il est temps de rentrer.

Lance est sorti de sa rêverie et de ses souvenirs sentimentaux quand Valentine se met à sangloter. Elle ne retrouve plus le chemin, dit-elle, ils sont perdus. Le jeune homme n'en est pas vraiment convaincu, ayant suivi leur tracé approximatif sur la carte. Remonter sur les hauteurs permettra de confirmer son hypothèse. Il calme alors la jeune femme, et reprend la direction du duo, en direction de la crête.