Steve nous emmène a Adélaïde,
Jane se retourne et, avec un plaisir dont elle rêvait depuis des années, accroche le panneau CLOSED sur la seule pompe de la station.
— Amber ! Stacy ! Dépêchez-vous ! Steve nous emmène a Adélaïde, dans le Sud, Jack nous y attend. Le voyage sera long.
Toutes, elles jettent leurs sacs de voyage dans le coffre du pick-up et claquent les portes, espérant ne jamais revoir cette vielle bicoque perdue au bord de la 87.
Steve accélère et déjà la station commence de s'effacer de leurs souvenirs. Le cœur de Jane rajeunit de kilomètres en Kilomètres. Tous les ressentiments amassés depuis trois ans semblaient s’être envolés par magie.
— Hé Steve ! Tu disais (avec la voix de Jack) qu'il avait gagné le gros pactole. Tu sais de quoi il parlait ?
— Je ne suis pas Jack, je ne suis qu'un médium, un porte-voix en quelque sorte. Je ne sais pas de quoi il voulait parler avec son pactole.
— Ce que je sais c'est qu'il était sincère, un médium ne peut raconter des mensonges.
— Whao ! Je n'aurais jamais cru que Jack nous donnerait signe de vie, c'est trop merveilleux.
— Roule, roule Steve ne t'arrête pas !
Le Toyota avale des tonnes de poussières, le Soleil en est rouge même à son zénith. Le bush défile immuable, comme si le temps s'était arrêté.
Après deux jours de route, ils quittent enfin la 87 pour l' A1 qui file tout droit sur Adélaide. Déjà l'air a changé. L'ambiance sèche et poussiéreuse du Bush a laissé place une atmosphère douce et parfumée.
— Hé Steve ! Au fait, tu sais où il crèche, Jack.
— J'ai une vague adresse c'est sur Barcoo Road vers l'aéroport d'Adélaïde, ça ne devrait pas trop être compliqué à trouver.
Jane n'en reviens pas. Steve a pris la route du front de mer pour aller vers l'aéroport.
— Vous avez vu les filles, toutes ces maisons face à la plage.
— C'est génial d'habiter ici, Mam ! Tu prends ta planche, tu traverses la route et tu fonces direct dans les vagues.
— C'est sûr les filles ! On habitera face à l'océan.
— Hé ! S'exclame Steve, regardez le Boeing, il va se poser. Nom de dieu, mais il va toucher la route !
— On ne doit pas être loin, tu nous as dit que Barcoo Road était à côté de l'Aéroport.
— Voilà, regardes ! On est sur la route, mais je n'ai pas de Numéro. On va bien trouver un Motel ou un bar pour demander, il n'y a pas beaucoup de baraques dans le coin.
— Tiens, regarde ! Au bout de la route il y a l'Adélaïde Sailing Club.
— Whao, quelle vue les filles ! S'exclame Jane en descendant du Pick-up.
— Je vais demander si quelqu'un connait Jack dans le coin, crie Steve en courant vers le Bar du Sailing Club.
— Amber, Stacy, sans Jack on ne serait jamais venu ici ! Votre père est un chic type finalement !
— On vient de m'indiquer une baraque derrière le Hangar à bateau à 500m, parait que c'est la qu'il habite, fit Steve de retour du bar.
— Derrière un hangar à bateau ! S'étouffe Jane
Rapidement ils arrivent vers le hangar situé en bout de piste juste sur la ligne d'arrivée des jets qui passent à 50 mètres à peine au dessus de la toiture.
Derrière le bâtiment trois mobiles homes défraichis roussissent en plein soleil.
— C'est quoi ce plan Steve ? Jack ne peut habiter ici. Tu t'es bien planté pour un médium !
— Attendez-moi ici ! Je vais demander au hangar, c'est ouvert.
Jack discute avec un homme, casquette de marin vissé sur la tête, il fit signe à Jane de s'approcher.
— Bonjour Mdame, vous êtes la femme de Jack me dit ce monsieur ?
— Ouais, il habite ici ?
— Je lui loue ce vieux mobile home là-bas, enfin façon de parler ça doit faire deux ans qu'il ne paye plus rien.
— Quoi ! Et c'est pour me montrer ça, une baraque pourrie, qu'on vient de se taper 2000 km, non mais je suis en plein cauchemar avec ce médium de mes deux, je n'aurai jamais du me séparer de ma carabine !
— M’dame, calmez-vous, les pompiers sont venus chercher Jack ce matin, il n’était vraiment pas bien. Ils l'ont transporté au St Andrew's Hospital 350 South Terrace, c'est vers le Kurrangga Park.
— Oh merde, alors c'est vrai Steve il va pas bien !
— Je vous emmène à l'hôpital, montez, je crois qu'il n'y pas un moment à perdre.
— Oh merde, repris Jane, c'est quoi ct’ histoire ! Jack va nous claquer dans les doigts et ton histoire de pactole c'est du vent !
Steve range le Toyota face au bâtiment de briques rouge sous les Eucalyptus Géant qui bordaient le Parc.
Il s'adresse à l'accueil de St-Andrew.
— Bonjour, ce matin les pompiers vous ont déposé un homme. Il s'appelle Jack mais je n'ai pas son nom.
Sa femme et ses deux filles voudraient le voir.
— Merci de patienter quelques minutes, j'appelle le chef des urgentistes.
Du fond du couloir un médecin se dirige vers eux.
— Madame, vous êtes la femme de Jack ?
— Oui et voici Amber et Stracy nos filles.
— Comment va-t-il ?
— Il souhaiterait vous parler, je ne voulais par car il est très faible, mais il a voulu se lever quand il a su que vous étiez la.
— Venez, uniquement la famille précise le médecin à l'attention de Steve.
Il leur ouvre la porte de la chambre.
Jack essaye de se redresser, mais les forces lui manquent.
Jane se précipite à son cou. Ambert et Stracy, encore sous le choc, ne reconnaissent pas leur père devenu un fantôme dans leurs souvenirs.
— Oh Jane ! Je pensais ne jamais te revoir, j'ai pensé si fort à toi, comment as tu fait pour me retrouver ?
— C'est Steve qui nous a conduit à toi, par sa voix je t'ai entendu parler du pactole que tu avais réussi à récolter.
— Steve ? Interroge-t-il
— Pourquoi ne nous a tu jamais donné de tes nouvelles, Jack, ? Je croyais que tu nous avais abandonné complètement toutes les trois dans cette foutue baraque sur la 87.
— A quoi bon si je t'avais parlé de ma passion tu m'aurais ri au nez et traité d'imbécile. Si je t'avais dit que je passais mes jours et mes nuits à écrire l'histoire d'un peuple qui n'habite même pas la terre, tu n'aurais rien compris.
— Mais maintenant j'en ai fini avec ça, le pactole est arrivé, je te jure !
— Regardes, prends ! C’est dans le sac plastique sous mon lit, il y a un très gros cahier, tout est dedans, prends le avec toi, je t'en supplie ! C’est pour toi et les filles.
Jack serre très fort la main de Jane et tends l'autre vers ses filles qui la saisissent. Un sourire extraordinaire illumine son visage et dans un dernier soupir ferme les yeux pour son dernier voyage avec le masque de la paix retrouvée sur le visage.
Jane et ses Filles ne peuvent contenir leurs larmes.
Jane serre contre elle le gros cahier de Jack.
Le médecin les raccompagne doucement vers la sortie.
Steve est toujours là.
— Je suis désolé, Jane j'aurai du faire plus vite.
— Vous n'avez rien à vous reprocher Steve, nous avons tous été réunis pour ses derniers instants et il est parti avec le sourire, en me donnant son pactole !
— Tenez, dit-elle, prenez son gros cahier, je ne sais pas ce que c'est.
En tendant le cahier à Steve une lettre tombe sur le sol.
Steve la ramasse, la déplia et commence de la lire.
— Jane, Ambert Stracy ! Ecoutez ca ! Jack avait raison.
— Cela vient d'Hollywood et c'est signé Francis Ford Copolla
"Monsieur,
J'ai pris un immense plaisir à lire votre manuscrit, dès les premiers mots j'ai été captivé et jamais je n'aurai pu imaginer la suite. Votre Histoire "Life Guards" mérite vraiment d'être portée à l'écran, c'est pourquoi je vous propose de nous rencontrer à Sidney ou je suis invité pour un festival dans un mois.
Vous remerciant de prendre contact avec moi comme je n'ai pas votre téléphone......"
— Il a vraiment décroché le Pactole, Jane
— Mais Jack n'est plus là ! Pleure Jane
— Ce n'est pas Jack qu'Hollywood veut c'est son scénario et tu en es l'héritière avec tes filles, insiste Steve.
Le monde vient de basculer pour Jane. Elle ne sait si c'est un rêve ou un cauchemar, mais le sourire de Jack, lui était bien réel. Il restera à jamais gravé dans sa mémoire.
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