S'installer en ville

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 Nous franchissons la porte. Je suis surprise de tomber face à une seconde à un mètre ou deux de la première. On se retrouve dans une sorte de sas. Le sol est totalement noir, j'ai l'impression de plonger dans les abysses... il s'illumine un instant d'une faible lumière blanche et une voix synthéthique nous annonce par nos Diplômes, avant de nous inviter à entrer et d'attendre.

 La bâtiment n'a pas d'étage, mais comme il s'étale sur une centaines de mètre le hall d'acceuil est assez vaste, en rectangle. Il n'est limité que par des murs derrières lesquels doivent se trouver des bureaux entre autre. Il y a des sièges en bois, une fontaine murale et une grande baie-vitrée sur le pan de mur latéral, au fond. On peut voir au travers le parc de la ville que le Bureau des Habitations surplombe. Le paysage est magnifique, me faisant passer à Central Park, à New-York que j'ai vu dans quelques uns de mes livres de géographie à la bibliothèque d'Astrakhan.

 Nous nous asseyons sur les chaises face à la baie-vitrée pour contempler ça, en discutant.

  • C'est tellement beau... remarque alors Aleksandra, les yeux émerveillés. J'aurai tant aimer que nos parents puissent voir ça.
  • Nous devons leur écrire que nous sommes arrivées ! Ils doivent être tellement inquiets !
  • Sans doute... il va falloir attendre encore un peu... conclut-elle avec tristesse. Nos parents doivent lui manquer, comme pour moi.

 La voix qui nous a acceuillit en arrivant appelle ma soeur.

Diplômée Médecine Avdeeva. Vous êtes attendue au bureau A.

 Elle se lève et me laisse seule. Je dois attendre mon tour même si nous cherchons à être ensembles, si possible. J'en profite pour contempler le parc de Müllrose dehors. Cette immense étendue verte, toute cette nature... il y a des dizaines d'espèces différentes : des des platanes qui longent les allées de sable pour se promener ; des saules pleureurs qui ombragent le magnifique gazon vert près des petits lacs ; amandiers, oliviers d'Europe, hêtres communs, laurier, chêne rouge d'Amérique, chêne vert et bien d'autres arbres et fleurs forment de magnifiques jardins ici et là.

 Les Müllrosoix - je ne sais pas comme appeller les Europans vivant à Müllrose - se reposent ici et profitent de ce cadre idyllique. Voilà comment ils profitent de leur temps libre. Les enfants s'amusent, il y a ici et là des balançoires... même si ça semble peu, ils apprécient se balancer et profiter des lois de la physique.

 Alors que je reste plongée dans mes rêves face à ce spectacle de nature que je n'ai jamais vu jusqu'alors dans ma vie, je suis à mon tour convoquée au bureau A. Etrange, ma soeur n'est pas revenue... elle doit être là-bas.

 Mes doutes se dissipent lorsque je la vois assise sur une chaise noire en cuir face à un bureau anthracite derrière lequel se tient un homme mur, d'environ cinquante ans. Il me salut par mon Diplôme et m'invite à m'asseoir.

  • Bienvenue, Diplômée Propagande Avdeeva. Votre soeur m'a expliquée que vous cherchiez un appartement en collocation toute les deux.
  • Effectivement.
  • Nous aimerions avoir un appartement bien placé de nos lieux de travails, l'hôpital de Müllrose pour ma part et l'école pour Lina... renchérit ma soeur.
  • Qu'entendez-vous par "bien placé" DIiplômée Médecine Avdeeva ? questionne t'il en inclinant la tête vers ma soeur. Je prends la parole pour elle.
  • Disons... à distance égale.
  • Je pense que je peux vous trouver ça mais il faut voir votre budget.
  • Nous n'avons que ce qu'il nous a été donné en arrivant...
  • Hum... c'est peut, fit-il séchemment. Donnez-moi quelques minutes que je regarde ce que je peux trouver. Si ça ne va nous devrons élargir la zone.
  • Faites donc, Diplômé Behnam.

Etrange nom, pensé-je alors.

 L'homme se met à tappoter sur le clavier de son ordinateur, le visage ferme et les sourcils fléchis. Nous nous échangeons de bref regard avec ma soeur, puis je jette un coup d'oeil autour de moi... petite pièce, décoration épurée tout ce qu'il y a de plus classique, une armoire en métal, un philodendron en arbre dans un coin de la pièce exposé à la lumière passant à travers la longue vitre verticale centrale.

 lI relève finalement la tête vers nous après quelques instants de silence à faire ses recherches pour nous trouver un lieu de vie dans nos critères et notre budget. Ses lèvres dessinent un léger rictus, comme pour souligner une fierté d'avoir trouvé.

  • J'ai ce qu'il vous faut ! Un joli petit appartement dans un immeuble. Dernier étage, petit couloir d'entrée, deux chambres séparées comme pour les toilettes et la salle de bain. Grand salon, cuisine juste à côtée... et un balcon. Niveau budget c'est un peuau-dessus de vos moyens mais à la vue de vos Diplômes ça devrait aller.

 Il nous fait faire une visite en 3D de l'appartement. De ce que j'en vois, il a l'air plutôt bien et assez grand pour seulement deux personnes. J'apprécie, et de toute façon ce n'est pas comme si j'avais le choix.

  • Ca se trouve bien au centre, à distance plus ou moins égale de l'hôpital et de l'école ?
  • En effet, c'est le mieux que je puisse faire pour vous actuellement. Ce n'est pas loin d'ici... Voilà l'adresse, dit-il en nous la notant.
  • Je vous remercie dans ce cas.

 Je me lève en le saluant d'un signe de tête, par politesse. Ma soeur fait de même.

 Comme annoncé, l'appartement n'est pas bien loin du Bureau des Habitations... peut-être un quart d'heure à pied. Ca ne paye pas de mine vu de dehors, l'immeuble en question est entouré d'autres donnant lieu à beaucoup de vis-à-vis. Cependant, à l'image du reste de la ville, il est propre et possède une architecture simple et classique. Rien de trascendant, tous les bâtiments de cette ville - peut-être même d'Europa - ont la caractéristique d'être simpliste et origineaux à la fois. Mais conformèment à ce que nous avons observé lors de la "visite", l'intérieur est très agréable. Et entièrement meublé.

 En plus de tous le matériel nécessaire à la vie, il y a aussi des ordinateurs dans chaque chambre, nous permettant donc de pouvoir travailler ou faire nos affaires personnelles. J'espère vivement qu'il y a moyen de communiquer avec l'extérieur.

 Tous les appartements appartiennent à Europa et sont distribués par les différents Bureaux des Habitations de chaque ville. De cette façon tout est contrôlé. Je ne connais pas en détail le fonctionnement politique gouvernemental d'Europa, mais comme tous les Europans sont fichés alors ils savent où nous habitatons très rapidement. L'un des Diplômés Gestionnaire des Habitations de Müllrose, que nous avons rencontré aujourd'hui donc, nous a donné les clés de l'appartement. Nous sommes donc temporairement domicilées ici, jusqu'à ce que nous changions de lieu de vie. De fait, nous pouvons nous y installer et y dormir dès ce soir... après quelques courses pour remplir les placards.

  • Ca te plaît Lina ? Moi j'adore perso !
  • Je dois avouer que c'est... coquet. En tout cas c'est bien aménagé et on a de l'espace, remarqué-je.
  • Ca c'est une bonne chose. Et les chambres séparées aussi ! Même si la vue de dehors n'est pas génial... Aleksandra regardait par la vitre d'une des chambres. Je penserais à augmenter l'opacité extérieure pour ne pas qu'on puisse voir.
  • L'opacité extérieure ? Qu'est-ce que c'est ?
  • Ah ! Tu ne connais pas ? s'exclama t'elle fier de pouvoir m'apprendre quelque chose. C'est ce boitier de commande sur le mur là, tu peux régler l'opacité des vitres de dehors ou dedans... ou les deux côtés. Comme ça, de dehors les gens ne peuvent pas voir, mais toi tu peux ! Ils utilisent ça à l'hôpital pour cacher les patients des chambres. C'est mieux qu'un volet !

 J'observe ma soeur et son visage éclairé du bonheur de m'avoir appris quelque chose. Intéressant en effet. Elle se lève pour aller modifier la commande de baie-vitrée du salon, donnant accès au balcon. Elle m'invite à faire le tour pour comprendre, je m'exécute et constate effectivement que de l'intérieur je peux voir l'extérieur, mais pas l'inverse. Ca semble fonctionner comme une vitre sans tain mais modifiable à volontée. De plus, ça ne semble pas filtrer la lumière du soleil qui continue d'éclairer la pièce.

 Je retourner dans l'appartement alors qu'elle remet la vitre à son aspect de base. Je me place en face d'elle pour la ramener à la réalité de notre situation : nous devons aller faire quelques courses pour manger ce soir !

 Elle me regarde, perplexe, et se rend compte qu'il n'y a rien à manger dans cet appartement.

  • Oh, fait-elle, dommage je voulais voir comment fonctionnent les ordinateurs et...
  • Et sans doute tous les gadgets de l'appart, je te comprends, coupais-je alors Aleksandra. Mais faut qu'on puisse manger de temps en temps tu penses pas ?

 Sans lui laisser le temps de répondre, je l'agrippe par le bras et la traine avec moi dehors. Elle proteste quelque peu sous l'effet de la surprise mais continue à me suivre une fois que je l'ai lâchée. Elle devra patienter avant de pouvoir envoyer un message à nos parents...

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