Je les détruirais
Je me réveille avec un terrible mal de tête, le jour filtre à travers la fenêtre mettant à nue la poussière en suspension. Je cligne des yeux et essaye de remémorer ce qu'il s'est passé... une explosion, une fusillade... un choc derrière le crâne et un vide, aucune mémoire de la suite. Je remarque rapidement que je suis couchée sur un lit, en balayant du regard la pièce je constate être dans une chambre d'hôpital. Il y a une silhouette qui se tient sur au niveau de la porte, je la fie et peu à peu ses traits deviennent plus net, il s'agit d'Adeline Alsina. Je ne sais pas ce qu'elle fait là, mais elle s'approche lorsqu'elle me voit bouger, je remarque qu'elle me fait un sourire quelques secondes avant de reprendre une expression faciale neutre, presque froide. Elle est en uniforme, elle utilise son HolopIA pour une quelquonque raison, et peu après Hiroko Kanazawa et deux médecins entrent dans la chambre.
- Que se passe t'il ? demandé-je alors que les médecins s'affaires autour de moi.
- Un attentat, me répond simplement Hiroki, d'une voix douce et basse.
Il jette un oeil à Alsina avant de reprendre des explications plus fournies, avec un timbre plus assuré et professionnel.
- Tu es restée sans connaissance pendant plusieurs heures. Lors du compte à rebours du Nouvel An, une explosion a eu lieu. Au même moment, plusieurs personnes, hommes et femmes, sont arrivées devant l'entrée principale de la Mairie, et d'autres à l'entrée secondaire. Ils étaient armés, visage camouflé. La fusillade a éclaté, ils ont tiré à vue sur les Europans. La fusillade à durée quelques minutes, en étant la plus meurtrière possible. Ils étaient assez bien organisés et expérimentés pour donner du fil à retordre à nos forces policières qui ont eu des blessés et des morts. Les attaquants sont rapidement repartis en ayant peu de pertes et en réussisant à prendre des otages. Nous sommes toujours à leur recherche mais il est probable que nous ne parvenions pas à les retrouver... c'est un véritable coup dur pour Europa, cette attaque a été implacable et minutieusement préparée ça n'en fait pas douter.
- Comment se sont-ils introduits dans Europa ? Hiroki, tu es Gestionnaire du Recensement, tu n'as aucune info ? s'exclame Adeline.
- Nous avons identifié les attaquants décèdés, ils sont enregistrés dans la base de donnée d'Europa. Depuis plusieurs mois, à des moments différents... je ne sais pas pourquoi cette attaquant, ni comment ils ont eu des armes. Teresa peut peut-être nous en dire plus, c'est elle la Gestionnaire des Frontières et Examens, s'agace Hiroki.
- Quoi qu'il en soit, il ne faut pas les sous-estimer. Ce qu'ils viennent de faire est la preuve que ces assaillants sont compétents et motivés, peu importe la raison.
- Combien de victime, questionné-je à Hiroki.
- Actuellement, 86 décès et 47 blessés confirmés. Pour les enlèvements, moins de dix mais nous ne sommes pas sûrs.
- Où est ma soeur ? Pourquoi elle n'est pas là ?! Et Lucien !
Ma voix trahit mon angoisse, mon estomac se noue face au silence qui pèse d'un seul coup. Hiroki, Alice se regardent sans un mot, mais un regard complice. Les médecins ne disent rien, ceux-là même qui connaissent certainement Aleksandra. Après une trentaine et longues secondes, Adeline prend la responsabilitée de répondre, d'une voix pesante, d'un visage grave.
- Lucien est décédé lors de l'explosion. Aleksandra est introuvable, considérée comme enlevée lors de l'attaque.
La chose me tombe dessus comme un coup de hache sur le cou. Chaque mot se répercute dans ma tête, et chaque fois c'est un coup supplémentaire que le bourreau m'assène, me faisant souffrir encore et encore, sans que ma tête ne puisse se détacher pour mettre fin à la souffrance. Ca continue... décédé... enlevée... décédé... enlevée... je voudrais que cette voix fantomatique de mes pensées s'arrête. Je voudrais enttendre celle de Lucien me réveiller du cauchemars, et le retrouver là, avec Aleksandra, à la place d'Hiroki et Adeline.
Et rapidement, mon voeux se réalise, ce n'est plus l'incompréhension, ni le choc qui se grave, mais la colère alors que je revois Lucien se faire dévorer par les flammes, je revois Aleksandra qui crie juste après qu'elle est vu son copaine se faire tirer une balle dans la tête. La colère, le dégoût... la haine... font que je formule à voix basse, presque pour moi-même... je les détruirais.
Personne ne dit quoi que ce soit. Adeline me jette un simple regard compatissant. La porte claque derrière Hiroki - qui se tient au palier de la chambre - Evans vient d'entrer, portant l'uniforme de l'armée Europanne. Il dépasse Hiroki et s'approche de moi, je me sens mise à nue et en position de faiblesse, couchée ainsi dans le lit, agacée de ces légères blessures et de ne pas pouvoir sortir d'ici... Il me regarde quelques secondes sans dire un mot, et se retourne vers les deux autres Gestionnaires.
- Quand elle sera rétablie, il faut que nous réunissions le Conseil d'urgence. Nous avons de la chance, tous ses membres sont en vie... presque tous.
- Que devons-nous faire, Evans ? demande Hiroki.
- Je me suis entretenu avec les autres,je crois que la majorité veut élire un Dictateur pendant la gestion de crise, nous sommes actuellement en position de faiblesse. Il représentera Europa par interim, le temps de mener l'enquête et... en tirer les conclusions.
- Un Dictateur... souffle doucement Alsina. Ce n'est pas un peu trop...
Elle suspend sa phrase, Evans garde son visage grave. Son expression répond déjà à Adeline, elle finit par soupirer de dépit et se retourne vers moi. Elle me fait un bref signe de tête en direction de la porte.
- Tu te dépêches de sortir d'ici, ok ?
- Bien sûr, lui souris-je.
- Elle en a pouç peu de temps, cette après-midi elle devrait être sur pied, ne vous en faites pas, annonce l'un des médecins.
Evans semble s'en réjouir, ils sort alors de ma chambre suivit d'Hiroki et d'Adeline. Il me rappel juste que dès que je suis sortie, j'ai rendez-vous à la Mairie, sans faute. Je passe alors le reste de ma matinée ici, en observation et finalisation des soins. Finalement, en début d'après-midi je suis autorisée à me lever et sortir de ce maudit endroit qui me détruit les os. Car c'est ici qu'étais Aleksandra, jusqu'à hier, et qui sait où elle se trouve désormais ? Toutes ces questions... Est-elle en vie ? Que vais-je dire à mes parents ? Ces questions me pertubent, me hantent, mon angoisse et mon mal-être, ma tristesse, ma colère... ces sentiments de deuil ne s'arrêtent pas lorsque je pénètre le hall de la Mairie.
Il y a encore l'odeur de la mort qui ère ici, il y a encore les traces de l'attaque : du sang sur le sol, les murs brulés de là où eu lieu l'explosion, les impacts de balles... j'en ai vue des choffres affreuses en Russie, entre les exécutions sommaires de la part du gouvernement, ou des bandits, des viols, des personnes torturées, des cadavres dans un état lamentable abandonnés sur un bord de route. Tant d'horreurs que je ne pourrais pas lister tout ce que j'ai vu, des traces de l'anarchie de la guerre que le gouvernement n'essaye même pas d'atténuer en dehors de la nouvelle Moscou et ses belles tours comme l'on en trouve dans toutes les villes d'Europa... la Moscou d'Or comment ils l'appelle. Et malgré tout ce que j'ai vu là-bas, j'ai envie de vomir... parce que cette fois, ça me touche en plein le coeur.
On me laisse passer en me reconnaissant, car la Mairie a été fermée à tous le temps du netoyage, exception faite aux Gestionnaires et aux policiers. Je prends donc l'ascenseur pour me retrouver dans la salle du Conseil. Ils sont tous déjà là, à se chamailler sur ce que nous devrions faire, à qui devrait être Dictateur... il n'y a qu'Evans qui reste impassible et me voit donc entrer. Il se lève alors, et demade le silence aux autres avant de me saluer et m'inviter à m'asseoir, ce que je fais. Ils sont tous déjà-là, oui... sauf Lucien. Il ne sera plus là, à deux fauteuils du miens.
- Maintenant que nous sommes au complet, nous pouvons redevenir sérieux, si ce n'est pas trop demander ? Car nous sommes en situation critique après cette mystérieuse attaque, et nous devons choisir un Dictateur, annonce Evans.
- Je suis d'accord ! Nous ne pouvons pas laisser cette crise nous malmener, reprenons nos esprits, se lance Adeline en soutient.
Je reste silencieuse, je sens que les discutions pour choisir un Dictateur vont être longues... c'est la porte ouverte aux opportunistes du Conseil. Et il y en a un particulièrement virulent parmis nous : Samy Bazinet. Il détestait Lucien, il me déteste et il n'apprécie pas Evans Brooke. Il m'a déjà prouvé à maintes reprises son hostilité. Il est dangereux, les Dictateurs ont les pleins pouvoirs en temps de crise, et je suis certaine qu'il ne se gênerait pas de m'écarter du Conseil, car il sait très bien que je serais la première à m'opposer à chacune de ses décisions. C'est pourquoi il faut absolument que Samy ne soit pas choisit.
Cela dit, il n'est pas le seul opportuniste dans cette salle... il y en a une autre dont le coeur brûle de vengeance.
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