Guerre pour la Pologne
La salle de Commandement est merveilleuse, à des kilomètres de l’emplacement de l’armée d’invasion je peux visualiser en direct leur déplacement sur le radar-cartographié et en images satellites. Les drones donnent aussi des points de vus plus précis. La salle est en amphithéâtre, cinq rangées de cinq sièges avec des ordinateurs à chaque poste de contrôle, et en bas un gigantesque écran holographique retransmettant toutes les informations primordiales. Tout en haut de la salle, où je me trouve, il y a aussi des ordinateurs et plusieurs serveurs. Comme lors de la réunion du Conseil d’Armée, il y a beaucoup de haut-gradés mais aussi des opérateurs qui sont pour la majorité des androïdes, ils ont beau ressembler à des humains leurs uniformes abordent fièrement IA en fluorescent afin d’être discernables. Il en va de même avec les androïdes médecins.
J’ai ce privilège de pouvoir commander, aux côtés d’Evans, la progression de notre armée d’invasion. Des Conseillés, il n’y a que Lucas Alves Ribeiro, le Gestionnaire Réseau, pour coordonner les opérateurs.
L’Opération 4Clover a demandé la présence de milles soldats de l’armée conventionnelle, épaulés de chars de drones. Mais aussi d’une centaine d’androïdes-médecins et autant de Légionnaires. Les Assassins, déjà sur place, sont une cinquantaine. Toute cette masse armée s’avance à travers les restes des champs d’avant-guerre, près de Geesow dans la Zone Morte… jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent à hauteur de Mescherin, juste avant un pont qui enjambe la rivière, suite… à des explosions sur leurs positions.
- Dictatrice, nous avons une demande de communication venant Colonel Meric, m’annonce un des opérateurs.
- Je lui ordonne d’affiche le rapport, il s’exécute. Le Colonel nous apparaît, il est caché à l’arrière d’un des chars, je peux entendre des impacts de balles à plusieurs reprises.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Nous sommes tombés dans une embuscade, halète-t-il, nous… nous étions attendus, ils sont de l’autre côté du pont… des tireurs d’élites et aussi des tirs balistiques. Nous avons eu des pertes, pas mal de pertes…
- Bon sang, une armée de mille soldats ne passe pas inaperçue mais comment ont-ils eu le temps de se préparer… Et de connaître votre trajectoire…
- Je pense… Il s’arrête, une balle vient de toucher le char. Je vais devoir faire reculer les troupes, ils sont vraiment nombreux en face !
- Combien de pertes selon toi ?
- Je ne sais pas… Nos éclaireurs sont probablement morts, et la première ligne a été durement touchée… Peut-être une cinquantaine de morts, peut-être plus. Et quelques chars détruits.
- Fais reculer les troupes et tenez la position. Nous réfléchissons pour vous sortir de là.
Il est impossible que l’armée Polonaise puisse connaître les positions de nos troupes sans en avoir eu l’information bien avant. Les images satellites montrent nos troupes reculer. Avec les drones et les images thermiques nous pouvons aussi voir les embusqués… Je ne peux que constater avec effroi le nombre de soldats présents juste en face du pont, les moyens mis indiquent clairement qu’il s’agit d’un va-tout pour arrêter l’armée d’invasion… mais aussi qu’ils étaient parfaitement au courant du nombre de soldats et de la force qui la composerait. Je ne peux que me rendre à une seule évidence : ils ont été prévenus, il y a un traitre à Europa. Un traitre ayant accès à des informations confidentielles et qui était présent lors du Conseil d’Armée.
Les stratèges présents dans la salle de Commandement dictent les positions ennemies à nos troupes et cherchent un moyen d’avancer. Mais étant donné la géographie du terrain et la force qui oppose l’armée d’invasion, les solutions avec le minimum de pertes ne sont pas simples… L’idée d’envoyer des vaisseaux d’attaques a été évoquée mais l’ennemi possède aussi du matériel anti-aérien si j’en crois les images que nous avons. Décidément, ils sont réellement bien informés jusqu’à la moindre possibilité. Un traitre qui a quelque notion militaire… Le Général Evans ? Non. Il est le plus ancien des Conseillés, il est un fervent défenseur d’Europa et il ne peut pas sentir Sojusz, je ne vois pas pourquoi il nous trahirait.
- Dictatrice, il n’y a pas des Faucheurs présents sur zone ? Me questionne un stratège.
Je détourne le regard de l’écran hologramme pour le fixer quelques secondes.
- Mais oui… Je lui réponds avec un sourire sadique aux lèvres. Les Assassins sont sur place à Gryfino, ils me l’ont affirmé ce matin.
Même si le traitre savait que les Assassins devaient partir en éclaireurs, je n’ai pas dit où, quand et comment lors de la réunion. Les Assassins sont partis peu de temps après, avec des vaisseaux furtifs. Le traitre n’a visiblement pas eu le temps de prévenir de leur présence, ni d’avoir beaucoup d’informations. Nous allons pouvoir envoyer les Assassins prendre cette embuscade à revers. Je contacte immédiatement Astronaut pour lui commander d’amener une poignée de Légionnaires venir en aide à nos troupes, Redsky reste sur place avec d’autres pour surveiller Gryfino où il semble y avoir aussi des soldats polonais.
Sitôt fait, je reprends contact avec le Colonel Meric pour lui demander de tenir le plus longtemps possible jusqu’à l’arrivée des Assassins. Il semble soulagé de l’apprendre.
- Toi, le stratège, quel est ton nom ?
- Arthur Pasquiet, Dictatrice.
- Je te félicite, tu as probablement sauvé beaucoup d’Europans.
- Je… Si tu le dis, Dictatrice.
Je note son nom sur mon HolopIA, je n’oublierais pas ce stratège. Grâce à sa question nous allons pouvoir décoincer la situation et même renverser la vapeur. Les Légionnaires Assassins sont des tireurs d’élites de haute-volées, avec leur équipement c’est une balle, deux morts. Ils sont à peine à trois kilomètres, ils devraient y arriver entre 15 et 30 minutes. Cette bataille va devenir une boucherie une fois les troupes polonaises prisent en étaux. Pendant ce temps, Horus doit être déjà arrivée à Varsovie, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne remplisse sa mission.
Les soldats restent à l’abri des tirs ennemis le temps de l’arrivée des renforts, le temps passe, lentement. Je peux entendre le claquement des tirs au loin via la vidéo, et les détonations des mortiers qui bombardent la zone sans pouvoir atteindre l’armée d’invasion. Nos soldats cherchent à riposter, notre armement est largement supérieur mais le nombre de soldat inférieur… Ce jeu du chat et de la sourie dure, des échanges de tirs n’ayant aucun intérêt, dans le seul but d’empêcher l’ennemi d’avancer pour nous, et de tuer nos soldats pour eux. Jusqu’à ce que l’on entende de nombreux et nombreux tirs et des cris venant des bois d’en face. Les embusqués ne tirent plus vers les retranchements de l’armée d’invasion… Au contraire, certains s’avancent vers le pont en courant. Ils fuient… et sont accueillis par une salve de balles de notre première ligne.
Au même moment Astronaut contacte la radio du Colonel. Les renforts sont là, c’est la débandade totale pour les embusqués. Un véritable massacre, en une poignée de minute, les cris et les tirs laissent place au silence et gémissements des blessés.
- Astronaut, je prends contact avec sa radio, bravo pour ton intervention. Je fais savoir que le Colonel peut avancer.
- Merci Dictatrice, que faisons-nous pour les blessés ennemis ?
- Exécutés ceux que vous croisez, les autres crèveront dans leur coin.
- Et pour ceux qui ont fuis ? Certains, ils ont eu le temps de fuir.
- Il y a des Traqueurs de la Légion dans l’armée d’invasion. Ils s’en occuperont.
J’ordonne au Colonel de faire avancer les troupes. Le danger maintenant dégagé, nous avons une voie royale vers Gryfino où attendent sagement Redsky et l’autre moitié des Assassins. Le Colonel prend cependant soin de bien inspecter les corps… Et comme nous le savions, la présence de ces mercenaires rebelles miliciens de Sojusz ont combattus aux côtés des militaires polonais… Bien informés, bien entraînés, nous avons peut-être sous-estimé l’ennemi au final. Avec un meilleur équipement, nos pertes seraient bien supérieures.
Nous récupérons les armes des ennemis, et leurs provisions, ce serait dommage de gaspiller ça. Les troupes récupèrent nos morts, ils vont être rapatriés à Europa. Les blessés, ce sont les androïdes médecins qui s’en occupent. Ensuite, l’armée se remet enfin en marche. Le reste du trajet est sans encombre, et peu de temps après enfin Gryfino apparaît. Ce lieu était autrefois une petite ville de campagne en Pologne, c’est désormais une base militaire à la frontière de la « zone interdite ». Avec le satellite nous voyons l’ensemble du complexe : des murs hauts de protection, des moyens de transports tels que des camions mais aucun char ou transport aérien, des terrains d’entraînements, des pas de tirs, et des bâtiments probablement des dortoirs et des lieux administratifs.
L’attaque est rapidement donnée, une fois les Assassins d’Astronaut en place. Les ennemis étaient au courant de notre arrivée alors ils se sont barricadés. En peu de temps les défenseurs sont submergés par notre supériorité autant numérique qu’en armement… Les défenseurs sont tués au combat, quelques-uns se rendent et sont capturés. D’autres sont parvenus à prendre la fuite, mais une fois encore les Traqueurs se lancent à leur recherche.
Le truc, c’est que les Traqueurs ce ne sont pas des anges. Ce sont des brutes, de véritables grosses brutes sanguinaires qui me terrifient moi aussi. Le genre de personnes sur qui tu ne voudrais pas tomber… Avec le corps couvert de la tête aux pieds, drapés d’une cape kaki ou noire, le visage sous un masque à gaz intégral et la lumière rouge émise depuis les orifices visuels, ils semblent ressembler à des monstres… Et c’est ce qu’ils sont !
- Il paraît qu’ils sont vraiment violents, me souffle ce stratège, duquel je suis resté à côté depuis tout à l’heure. J’ai du mal à comprendre comment ces types sont des Europans.
- Ils ont un Diplôme, on ne rentre pas dans la Légion sans passer par l’armée…
- En tout cas, il est dit qu’ils torturent les victimes. Du genre à pratiquer des démembrements…
- Bon sang…
J’espère que ce ne sont que des rumeurs. Mais quand je vois avec quelle froideur les Assassins peuvent agir, sans poser de question, je crains que ce ne soit véridique… Et justement, je reçois un contact HolopIA d’Horus. Elle s’affiche en hologramme.
- Mission accomplie, me fait-elle. Ils ne vont pas tarder à trouver le corps. Qu’est-ce que je fais ?
- Bien joué. Tu peux rentrer à Europa. Gryfino a été capturée, c’est une victoire.
- Bien reçu. Je rentre. Terminé.
Les deux missions bien menées, il ne faut pas longtemps pour que nous recevions une demande de la part du gouvernement polonais. Ces derniers demandent un « cessez-le-feu ». Je leurs réponds immédiatement :
- Je crois avoir laissé assez de chances à la Pologne, je ne fais plus confiance en vos mensonges désormais. Vous avez jouez, vous avez perdus. Quant au traitre qui vous a donné les informations de l’attaque, il ne saura tarder être découvert, je m’assurerais personnellement que vous vous retrouviez tous deux dans l’autre-monde. Au revoir, et profitez bien de vos derniers instants.
- Comment osez-vous refus…
Je coupe les communications. Mon nouvel ordre est clair : direction Varsovie, dégagez moi leur gouvernement de menteurs d’une balle dans le crane. Pas de prisonniers. Alors, l’armée d’invasion se mis en marche, et la traversée du pays jusqu’à Varsovie se fait quasiment sans problème. Des petites escarmouches de Sojusz mais une balle calme rapidement les ardeurs. L’armée polonaise, aucun signe.
Quand enfin, la belle Varsovie apparaît à l’écran. Une ville dont les traces de la guerre sont encore visibles. Le Colonel me contacte.
- Que faisons-nous pour la suite, Dictatrice ?
- Vous savez ce que vous devez faire, réponds-je distinctivement. Ecrasez-les, massacrez-les… Allez jusqu’au gouvernement et tuez-moi ces clowns.
- Bien compris. Que faisons-nous pour les civils ?
- Il n’y a pas de civils.
- Que… Mais Dicta…
- C’est un ordre !
En tant que Russe, je sais que la notion de « civils » n’existe pas dans le monde extérieur. Et s’ils en ont l’occasion ils n’hésiteront pas à tirer sur les soldats. Je demande à faire passer un message à l’ensemble de nos soldats et d’Europa.
- Je m’adresse à Europa. Vous savez qu’un groupuscule dénommé Sojusz, ceux-là même à l’origine de l’attentat du Nouvel An, est soutenu par le gouvernement polonais. Et nous menons dès maintenant une armée d’invasion pour prendre et soumettre la Pologne ! Si d’autres pays venaient à ne plus respecter leurs engagements, à remettre en question le Code Europan qu’ils ont signé ! S’ils venaient à tous s’allier contre Europa, ça en serait terminé de votre vie idyllique. Vous avez travaillés dur pour être là où vous êtes, et ces ennemis-là voudrez, par jalousie, par haine, vous retirez tout ça ? Il en est hors de question ! Nous ne serons tolérer ceux qui aideront ou soutiendront les ennemis d’Europa !
L’ordre est donné, l’attaque sur Varsovie est lancée. Avec les satellites nous pouvons inspecter la ville, nous ne voyons que quelques soldats et membres de Sojusz courir dans les rues, des barricades montés ici et là forment un semblant de résistance vaine. Je fais ordonner un bombardement des zones où se trouvent les déchets pendant que l’armée avance, rue par rue, immeuble par immeuble. Chaque centimètre est fouillé, chaque résistant est exécuté. Ceux qui se rendent sont capturés, ceux qui ne se rendent pas, éliminés. Peu importe qu’il s’agisse de femme, d’homme, d’enfant ou de vieillard. Les Traqueurs se mettent en chasse de ceux prenant la fuite, mais pas au-delà de la fin de la ville.
Alors que je me régale de voir la panique s’instaurer chez Sojusz, de voir les derniers survivants essayer de fuir le combat, je reçois un appel d’Horus.
- C’est fait.
- Parfait, met toi à l’abri, les troupes arrivent à la Chancellerie.
Le Président du Conseil de Pologne est mort. L’armée atteint la Chancellerie, la victoire n’a jamais été aussi proche. La dernière poche de résistance qui protège l’endroit ne tarde pas à être débordée par la supériorité d’Europa. Ils se rendent les uns après les autres en voyant leurs camarades tombés au combat alors qu’ils n’ont tués qu’une poignée de soldat Europans. Selon Horus, les autres membres se sont réfugiés dans le bunker car ils n’ont pas eu le temps de fuir.
L’ouverture du bunker ne pose pas de problème, la porte est trouvée rapidement et forcée avec des explosifs. Pour éviter tous contacts avec de potentiels ennemis, ils jettent des gaz lacrymogènes en bas. Les rats sortent rapidement du trou, avec quelques derniers soldats.
- Vous n’en garderez qu’un seul en vie, ordonné-je.
Les soldats s’exécutent et éliminent alors les six membres du Conseil, sauf un seul gardé en vie. Horus représente ma personne là-bas, elle fait ordonner à ce dernier de signer les traités de « paix » s’il souhaite sauver le reste du pays.
- Si tu ne signes pas, on peut te jurer qu’il n’y aura rien d’autre que des cendres ici ! Et je te brûlerais en premier ! Menace-t-elle le conseillé, la haine dans la voix.
- Je vais signer, ne me faite pas de mal ! Je vais signer !
Je peux voir la scène avec la caméra d’Horus, le conseillé chiale comme un enfant. Il se met sur le bureau afin de signer ce qui doit marquer la fin de cette « guerre ». Tout est filmé et retransmis en direct à l’ensemble d’Europa. Le conseillé doit aussi lire les termes du traité. Il commence par lire son texte, la voix tremblante.
- Le traité de la Paix d’Europa, si présent que j’ai signé, déclare les conditions suivantes : la Pologne… La Pologne renoncer à ses droits souverains sur l’ensemble de son… territoire. L’économie et la productivité polonaise est désormais pleinement consacrée à… Europa. Les… les travailleurs polonaise produiront, sans contrepartie, pour les seuls intérêts d’Europa. La population est désormais sous surveillance Europanne, la présence d’une armée d’occupation et d’une police Europanne… permanente. Les rebelles, ou toutes personnes soupçonnée d’aider les rebelles, de Sojusz ou de n’importe… quel ennemies… d’Europa… sera…
- Lis plus vite ou je te casse les doigts bordel ! S’énerve Astronaut qui a rejoint la Chancellerie, tandis qu’Horus tient en joue le rat.
- Oui, oui pardon… Ces personnes seront détenues et jugées avant d’être ou non condamnées. Bien sûr, il n’est pas question de la présence d’une force armée polonaise jusqu’à nouvel ordre.
Une fois la chose faite et le direct coupé, j’ordonne à Horus d’exécuter ce dernier. Sans broncher, sans poser de question, elle sort son arme et tire une balle dans la tête de ce chialeur sans qu’il n’ait le temps de comprendre. C’est à mon tour de prendre le relais et de me faire enregistrer en direct depuis le centre de commandement pour la déclaration de victoire.
Cette attaque sur la Pologne est légitime, maintes fois j’ai ordonné à leur gouvernement de nous remettre les membres de Sojusz en raison de l’attentat et des multiplies attaques sur Europa. Mais la Pologne, en plus d’avoir mentit, venait même en aide à ces rebelles ! Pour cela, pour la rupture du Code Europan qu’ils ont signé après la guerre, ils ont été punis. Il sera porté garant au bon traitement des civils polonais malgré la dureté des conditions du traité de Paix. Une fois Sojusz éliminés, nous nous retirerons de la Pologne.
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