J’observais la ville depuis la Chambre de Présidence, mon bureau donc, en silence. Alexane était affairée à tapoter sur une tablette non loin de moi. Cela faisait environ un an et demi que l’opération menée dans le réseau de bunker pour éliminer définitivement Sojusz avait été menée.

Bien des choses se sont passées depuis. J’avais épousé officiellement Alexane dans un premier temps et Aleksandra était devenue maman en même temps, et avait retrouvé le père, qui était un civil ayant trouvé refuge auprès de Sojusz et travaillant aussi comme infirmier auprès des blessés. Nous avions célébré cette nouvelle, mon mariage et la naissance de mon neveu, en grande fête à Europa et notamment en invitant nos parents depuis la Russie. Bien sûr, c’était quelque chose d’exceptionnel de faire venir des non diplômés, mais ils ne pouvaient pas rester alors ils sont rentrés à Astrakhan où ils avaient toute leur vie. Non pas sans leur offrir quelques cadeaux pour leur donner une vie plus confortable. Nos parents étaient fiers de nous, même s’ils jugeaient mes action comme Dictatrice moralement horrible, ils avaient eu du mal à m’accepter encore comme leur fille mais voyant qu’Aleksandra me pardonnait, même son époux qui aurait toutes les raisons de m’en vouloir, et que les gens m’appréciaient, ils ont finis par capituler.

La crise était terminée et conformément au Code Europan je n’étais plus Dictatrice, mais j’avais conservé mon rôle de dirigeant et avait été nommée Présidente, surtout grâce au nouveau Conseil mis en place et qui m’était fidèle. J’y avais fait élire démocratiquement Alexane par ailleurs, d’où sa présence ici? Mais c’est surtout grâce à la victoire que j’avais apportée à Europa qu’ils m’avaient élue. Pendant l’année écoulée de ce mandat, j’avais continué de faire surveiller les frontières et l’accès aux examens n'avait été ouvert que récemment. En parallèle, la Légion poursuivait la recherche et l’élimination d’éventuels miliciens anti-Europa désirant reprendre le flambeau de Sojusz, mais aussi les potentielles trahisons internes. Tout cela se faisait cependant de façon officieuse et n’était pas considéré comme une situation de crise pour la Fédération d’Europa.

Même si la situation était revenue à la normale, les puissances internationales meurtries par mes actions en tant que Dictatrice ou désirant toujours voir Europa s’effondrer pour se libérer des chaînes invisibles du Code Europan étaient toujours présentes. Elles ne pouvaient pas oublier les humiliations subies depuis des décennies par Europa… et encore moins la douleur causée par ma faute pour les concernés. Même si le temps était actuellement à la paix, une terrible et intense guerre de libération du monde se préparait dans l'ombre. Le sang allait encore couler. Et je devais défendre Europa. Suis-je le mal ou le bien ? Cette question n’était pas destinée à obtenir une réponse. Tout n’était qu’une question de point de vue.

Le regard vide vers les magnifiques gratte-ciels de La Capitale. A cette époque de l’année, à cette heure-ci, le soleil couchant illuminait ces tours d’un feu ardent, tel celui qui anime mon cœur pour défendre ma maison. C’était l’été, il faisait chaud. Le ciel était d’une rosâtre était magnifique et calme. Alors que les derniers rayons de soleil allaient disparaître pour laisser place à l’obscurité d’ici quelques dizaines de minutes, je me tournais vers Alexane pour lui adresser un agréable sourire.

FIN D'EUROPA