11. COURIR
Le jeune homme se réveilla en sursaut et regarda autour de lui. Son lit était toujours à la même place et les étagères aussi. Le ventilateur tournait à plein régime. Tout était normal, à part quelques feuilles et des stylos gisant à terre. Reprenant peu à peu conscience de la réalité, il poussa un juron et massa sa nuque endolorie. Tant pis pour les études d’aujourd’hui. Le temps ne s’y prêtait pas mais, au moins, la journée s’annonçait tranquille.
A propos de temps… Il regarda machinalement sa montre et, réalisant qu’il allait être en retard, prit à peine le temps de se passer un coup d’eau sur la figure avant de traverser en trombe son appartement et de débouler dans les escaliers.
A plusieurs égards, aujourd’hui était un jour assez spécial. Le temps était anormalement chaud depuis plusieurs semaines, mais dès ce matin la chaleur était déjà particulièrement étouffante. Les rues étaient désertes, les rares personnes qu’il croisa se contentant de raser l’ombre des murs ou de squatter les magasins climatisés. Tous semblaient prendre leur temps ou comptaient rester dans leur refuge improvisé jusqu’à ce qu’un miracle se produise, mais pas lui. Il s’arrêta cependant dans une boutique au hasard, visitant quelques rayons frais et achetant une bouteille d’eau le temps de reprendre son souffle. Ne pas arriver en retard, d’accord, mais s’il se desséchait avant d’arriver à bon port cela ne servirait à rien.
Un aboiement le tira de sa rêverie. Puis un autre. Et encore un autre. Inquiet, Samuel tourna la tête vers le bruit, craignant le pire. Au loin, il vit un chien arriver vers lui puis s’arrêter, retenu par une laisse accrochée négligemment à un plot. Il souffla. Cela dit, même le fait de le savoir attaché ne rassurait pas le jeune homme pour autant, vu qu’il n’aimait pas ces animaux-là. Il en avait une peur bleue, même. Il resta cependant quelques dizaines de secondes pour reprendre son souffle et se préparer à reprendre sa route.
Et puis crac.
Crac?
La laisse avait cassé net. Sans se retourner, Samuel prit ses jambes à son cou sans demander son reste. Tu parles d’une journée tranquille…
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