Le cycle politique
Les démocraties du 22e siècle sentirent leurs fondements s'effondrer. Peut-être ce système était-il devenu dépassé? La lutte des classes semblait révolue, le communisme avait échoué vers la fin du 20e siècle face aux démocraties libérales de l'Occident. Puis vinrent des attaques plus sournoises : de la désinformation, des fake news, du populisme triomphant hors de tout contrôle politique sur les réseaux sociaux omniprésents. Le complotisme avait été plus fort que le communisme en son époque et avait mis la démocratie à genoux. Désormais, le taux d'abstention battait des records année après année, décennie après décennie...
C'est alors que les dernières démocratie survivantes firent le choix de mettre plus de raison, plus de sagesse et d'intelligence dans toutes les strates de la société afin de remédier à ce mal qui paraissait impossible à maîtriser. Des sages décidèrent de s'inspirer de la République de Platon pour ériger un nouveau système politique qui guiderait l'humanité vers un nouvel âge de la raison, à l'instar du siècle d'or athénien ou de la pensée des Lumières au 18e siècle...
C'est ainsi que le pouvoir fut donné aux philosophes. Comme Platon l'avait envisagé dans la République, ces derniers furent placés à la tête de la "cité". Non pas seulement de la cité, mais de pays et de continents entiers...
À chaque niveau de l'habitation humaine (ville , pays, continent , Terre, colonies sur exoplanète ) ces philosophes débattaient, argumentaient, et au bout de quelques décennies, ce nouveau système démontra son efficacité. Tout le monde semblait heureux. La raison avait triomphé de la bêtise, de la haine, du racisme et des problèmes écologiques.
Tout était si beau, si parfait...
Mais ces sages, s'étaient entièrement inspirés de la pensée de Platon, philosophe ayant atteint le statut de prophète laïque, de quasi-Dieu. On lisait les lignes qui avaient traversé les âges comme les livres sacrés des religions désormais disparues. Et chez Platon, les poètes, les artistes n'avaient pas droit de cité.
Donc la "milice platonicienne" pourchassait toute forme d'art, mettait les artistes en prison et les condamnaient à l'exil.
On avait détruit tous les musées, brûlé dans tes autodafés citoyens jubilatoires des milliers de livres de poètes du monde entier, et de toutes les époques. Les artistes étaient devenus les intouchables de cette nouvelle société. Une caste de vivant en marge de l'humanité.
Ce que n'avaient pas pas prévu ces philosophe platoniciens, c'est que l'art est une soupape de sécurité, le lieu le plus propice à l'évasion de l'esprit et de l'âme. C'était l'endroit où on peut tout transgresser, et ainsi affirmer sa liberté absolue.
Et comme tout régime politique, la République platonicienne eut un début, une apogée et une fin. Vint alors la cité des poètes, au 23 ième siècle... à l'heure où j'écris actuellement. Mais ce régime politique pourra t-il survivre éternellement ? J'en doute ...
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