Le malade imaginaire
(point de vue externe).
Dans le manoir de Boris Tire-lanus, toute la famille est réunie autour de Frigigonde, la belle-mère cinglante. Celle-ci, dans son cercueil, semble à l'agonie. Difficile à croire pour une vampire, mais là n'est pas la question. Qu'importe le mal dont elle souffre, ses proches affichent un air inquiet sur leurs visages. Tous ? Non, un vampire résiste encore et toujours à l'idée d'accorder la moindre compassion, la moindre parole gentille à Frigigonde. Cette dernière regarde sa fille d'un air supplicieux.
Frigigonde (main tendue vers Cunégonde) : Aaaaah ! Ma fille ! Je me meurs.
Cunégonde (triste) : Mère ! Vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes une immortelle, comme nous.
Frigigonde (agonisante [?]) : Ha oui, c'est vrai. Mais ma fille, je me meurs quand même !
Boris (heureux) : Bon débarras. Enfin c'est que je dirais si c'était vrai.
Cunégonde (choquée) : Boris ! C'est ma mère ! Tu vois bien qu'elle ne va pas bien !
Boris (feignant l'indifférence) : Mais enfin chérie, tu vois bien qu'elle fait semblant ! Si elle était vraiment en train de mourir, je serais déjà en train d'organiser un grand grand bal pour célébrer l'événement.
L'assemblée est choquée, mais Boris s'en fiche. Après tout, de son point de vue à lui, c'est de bonne guerre. Cela semble avoir redonné quelques « forces » à Frigigonde. Suffisamment pour qu'elle puisse se plaindre de Boris, comme à son habitude.
Frigigonde (cinglante) : Ma fille ! Je me meurs de te voir marié à cette chose !
Cunégonde (lassée) : Boris, ma mère vit peut-être ses derniers instants ! Pourrais-tu te montrer plus « conciliant » ?
Boris (arrogant) : Avec le truc qui te sert de mère ? Jamais ! Mais même si elle fait semblant, je vais quand même organiser un bal, juste au cas où. Puis, ce sera toujours l'occasion de trouver un mari à notre fille.
Clitorine (outrée) : Père ! J'ai bien dû vous répéter au moins une centaine de fois que je ne voulais pas me marier !
Boris (insistant) : Mais tu pourrais au moins faire l'effort de laisser une chance à quelques prétendants, et aviser ensuite.
Frigigonde (cassante) : Mais bordel ! Mon gendre ! T'as toujours pas compris que ta gamine elle jouait dans l'équipe des brouteuses !
Clitorine (déconcertée) : Oui... Voilà... C'est dit de façon vulgaire, et scandaleuse, mais c'est la bonne réponse...
Boris (choquée) : Oh ! Tu veux dire avec le fouet et tout ? Comme le Bon bourreau ?
Clitorine (outrée) : Quoi ? Mais pas du tout ! Qui a osé dire ça de moi ? Je n'ai été au temple des déesses Sado et Maso que pour des raisons purement professionnelles !
Frigigonde (agonisante) : Aaaaaaaaah ! Ma fille ! Je défaille ! Tant de stupidité dans cette pièce !
Cunégonde (inquiète) : Mère ! N'y a-t-il donc rien à faire pour vous sauver?
Frigigonde (désespérée) : Aaaaah ! Ma fille ! Seule une bonne nouvelle pourrait me sauver la vie ! Comme par exemple... Si tu quittais enfin cette vieille carpette qui te sert de mari !
Cunégonde (choquée) : Mère ! Vous n'allez pas recommencer vos bêtises ! Pas maintenant !
Frigigonde (déçue) : Mais ma fille ! Pourquoi tu refuses ? Dans la famille, les femmes ont toujours buté leurs maris quand ils devenaient cons ou chiants ! Le tien, c'est carrément les deux en même temps ! Tu pourrais au moins le quitter à défaut de le buter.
Cunégonde (exaspérée) : Merci de me rappeler que vous avez tué mon père sans le moindre scrupule.
Frigigonde (fière) : Et aussi tes deux beaux-pères. Aaaah ! Tradition familiale.
Le pire c'est qu'elle dit vrai, la mère Frigigonde, en comptant aussi les deux prédécesseurs du père de Cunégonde, elle en était au moins à cinq maris tués. Pour une fois, Boris est bien content qu'une tradition ne soit pas respectée. Mais celui qui résume le mieux le sujet, c'est Bitoven.
Bitoven (sombre) : De toute façon, les traditions c'est trop conformiste.
Frigigonde (amusée) : Ah, encore un que tu ne pourras pas marier, mon gendre !
Boris (choqué) : Oh ! Lui aussi il joue dans l'équipe des brouteuses ?
Bitoven (sombre) : Père ! Je suis un garçon !
Clitorine (amusée) : Par contre, ça ne l'empêche pas de... enfin comme vous dîtes, père.
Boris (heureux) : Oh ! Mon fils ! Une prétendante ?
Bitoven (gêné) : Heu... Quoi ? Non... Enfin... Peut-être...
Clitorine (provocante) : C'est pas toi, qui passes BEAUCOUP de temps avec Loupina ces derniers temps ?
Bitoven (gêné) : Bah quoi... C'est seulement parce que c'est anticonformiste les relations entre vampire et loup-garou.
Boris (choqué, tombant au sol, main tendue vers Bitoven) : Aaaaaaaaah ! Toi aussi, mon fils ! Aaaaaaaaah ! Je me meurs !
Frigigonde (se redresse en entendant Boris) : Bon bah si l'autre con il se meurt, bah moi je revis !
Frigigonde est debout à présent. Toute sa force vitale semble lui être revenue. Elle regarde Boris, sa main sur le cœur, agoniser sur le carrelage. Elle en exulte même de joie.
Frigigonde (heureuse) : Enfin, c'est pas trop tôt ! Bon débarras !
Cunégonde (exaspérée) : Boris. Tu ne vas pas me faire croire que tu meures. Tu étais en pleine forme il y a une minute !
Boris (remit miraculeusement) : Bah quoi ? Ta mère elle a bien le droit, elle. Et tu ne lui dis rien.
Cunégonde (exaspérée) : Boris, c'est ma mère !
Boris (provocant) : Justement, c'est ta mère ! Elle pourrait au moins faire l'effort de mourir pour de vrai !
Cunégonde (outrée) : Boris !
Frigigonde (agonisante) : Aaaaaaaaah ! Ma fille ! Je me meurs ! C'est la faute à ton mari ! Ça me tue chaque jour à petit feu de voir sa sale tronche !
Cungonde (furieuse) : Mère ! Vous ne pensez tout de même pas que je vais vous croire une deuxième fois ?
Frigigonde (nonchalante) : Hé merde ! J'aurais au moins essayé.
Bilan de la journée, deux « malades » remis miraculeusement. Aucun est mort, et tous deux ont suffisamment de force vitale pour s'invectiver pendant encore plusieurs millénaires. Au minimum. Mais au moins, on aura appris des choses.
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