Alex attendait depuis environ 10 minutes que Caleb ait enfin fini de lire la lettre. Non, il ne le suivait pas... Il avait juste pris le même chemin, et atterrit au même endroit. C'est tout. Il avait vu le visage de son ami passer du dégoût, au sourire, à l'étonnement, à la colère, et à l'effroi. Impossible que ce soit une lettre d'amour, pas avec autant d'émotions. D'ailleurs, c'était une des premières fois qu'il en montrait autant. C'en était presque... Flippant. Caleb avait le teint encore plus livide que d'habitude, et le regard perdu dans le vide. Ses lèvres murmuraient des mots qu'Alex ne pouvait entendre d'où il était placé. D'après lui, Caleb avait déjà fini de lire. Il se décida donc à approcher doucement, ne voulant pas faire peur à son ami. Malheureusement, une branche installée dans son passage craqua bruyamment sous son poids, faisant sursauter Caleb. Grand premier ça aussi, il ne sursautait jamais.

• Que..... Qu'est-ce que tu fais là ? S'étonna Caleb.

• Je..... euh.. Rien, je me balade.

• Alors qu'on a fini les cours ? Tu me prends pour un idiot ou quoi ?

• Bon ok, avoua le blond, je t'ai suivi.

• T'es sérieux ? s'écria Caleb, énervé.

•  Calmes toi vieux. C'est juste que je sens bien que t'es pas comme d'habitude. Et je suis ton meilleur ami, alors c'est normal que je m'inquiète. Et puis..

• Quoi encore ? l'incita Hayes à continuer sa phrase.

•   Ce matin, j'ai vu quelqu'un mettre une lettre, celle que tu tiens en ce moment, dans ton casier. Et vu que ça fait plusieurs fois que je te vois avec je me suis dit que ça avait un rapport... Donc je t'ai suivi pour essayer de comprendre.

• Quoi ? Tu l'as vu ? Elle ressemblait à quoi !

• J'en sais rien, déclara Alex en haussant les épaules. Elle s'est enfuie dès que je l'ai vu. Pourquoi, ça t'intéresse ? »

Bon sang, Alex est moins débile qu'il en a l'air se dit Caleb . Là, pour le coup, il était vraiment coincé. Il ne pouvait pas nier, puisqu'Alex avait vu les lettres. Et puis, il pouvait bien lui expliquer, tant qu'il ne lui montrait pas les lettres ce n'était pas comme s'il la trahissait non ... ?

• Laisse tomber, soupira Caleb.

• Tu vois ! Dès que je veux t'aider, tu te renfermes et m'envoies bouler. C'est chiant, tu le sais ça ? Alors maintenant, tu vas me d...

• Je reçois des lettres d'une fille, le coupa son ami.

• (...) ire ce qu'il se passe, continua Alex avant de comprendre ce qu'avait dit Caleb . Quoi ?

• Y a une fille, qui m'envoie des lettres tous les jours depuis dimanche.

• Mais des lettres... D'amour ?

• Non, pas du tout. Des lettres, sur sa vie.

• T'es son confident ?

• Un peu ouais... Enfin, je sais pas trop pourquoi elle fait ça. Apparemment, elle me raconte sa vie parce que je suis son « contraire » quelque chose dans le genre. Mais il lui est arrivé des trucs horribles, tu vois... Et j'essaye de trouver qui s'est pour savoir ce qu'elle me veut vraiment.

• C'est pour ça que t'as séché l'autre jour ! S'écria Alex, comprenant tout. Tu lisais ses lettres, c'est ça ?

• Ouais.

• Je vois... Elle ne laisse aucune signature ?

• Non. Sauf une phrase qui veut rien dire.

• Quelle phrase ?

• « Regardes ce que tu ne vois pas ». C'est débile non ?

• Ça à l'air d'être un truc philosophique. Je suis sûr ça veut dire quelque chose... Faudrait en parler à Andrew , il devrait sûrement comprendre, proposa Caleb.

• Surtout pas ! Tu n'en parles à personne d'accord ? Personne.

• Merci.

• Dit, demanda Alex . Elle te parle de quoi exactement dans ses lettres ?

• Bah, elle me raconte sa vie. Elle me dit tout ce qu'il s'est passé, raconta Caleb . Dans sa première lettre, y avait de marqué que j'étais « sa dernière chance en l'humanité »... Elle m'a raconté son enfance, la séparation de ses parents, et là un de ses étés... »

   Caleb avait choisi de ne pas parler du viol de l'auteur de ces lettres. C'était vraiment trop personnel, et lui en parler serait un peu comme la trahir. Alors il avait préféré garder ce passage de sa vie pour lui. Peut-être qu'un jour, il lui en parlerait. Alex était plongé dans une longue réflexion. C'était assez étrange de le voir comme ça. Le blond avait beau joué au plus idiot, il était bien plus futé que n'importe qui. Et surtout, il avait un tel pouvoir sur les gens... Il arrivait à les rallier à sa cause rien qu'avec des paroles. Pouvoir dont il avait usé sur Caleb.

• Caleb , j'étais en train de me demander quelque chose...

• Ouais ?

• La fille qui t'écrit, est-ce qu'elle parle comme si... Je sais pas, un peu comme si elle était dépressive, pas sûr d'elle ou quoi ?

• Si, répondit Caleb , étonné que son ami le sache. Et en plus dans la première lettre, elle m'a indiquée qu'elle souhaitait m'expliquer comment une « fille aussi banale qu'elle avait pu tomber dans la depression ».

   À ces mots, les yeux azur d'Alex s'écarquillèrent de stupeur. Il avait raison, il avait trouvé ce que Caleb était incapable de comprendre...

• Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais flipper là, s'inquiéta Caleb .

• Caleb , je crois que cette fille te lance un appel au secours. Je sais pas pourquoi toi, mais elle veut que tu la retrouves... C'est pour ça que t'es son dernier espoir. Peut-être qu'elle te laisse des indices, j'en sais rien. Mais à ton avis, que font les dépressifs en stade final ? »

   Caleb était plus que livide. Il venait de comprendre lui aussi. Bon sang, dire que ça ne lui était même pas venu à l'esprit ! Les dépressifs... Et elle est dépressive... Alors...

• Elle va tenter de mettre fin à ses jours, murmura alors le blond, comme une évidence. »