A l'ancienne
J’ai jamais voulu être une poupée
Chiffon broyé dans les ténèbres
Masque de porcelaine sur une peau tâchée
Je voulais pas me regarder comme ça
Fermer les yeux devant cette éclaboussure
Vasque fontaine de sauce à la mer
Montagne asséchée par nos prières
Tronc laissé à sa mère
Y mourir ne semblait pas si mal
Là où je ne pensais pas
Libre de toute corde à mon cou
Pouvoir s’envoler, rejoindre les feuilles
Et parler aux écureuils
Tomber amoureuse du muguet
Devenir princesse au bord du ruisseau
Et dompter le faon qui s’arrête
Oh comme j’aimerais me retrouver
Se croire soldat de ma propre existence
Ne pas penser à l’intérieur de la maison
Oublier les pleurs de chacun
Le carrelage de la cuisine
Et le parquet de la famille
Sentir la vanille de l’évier
Admirer la fée sur le bois, l’esprit dans la cheminée
Se croire félin sous les cadeaux
Et brosser les cheveux de ma soeur
Plastique entre les doigts mais légume dans le coeur
Je ne veux pas oublier la moquette
Les céréales du matin scolaire
Accompagnées du lait paternel
Je voudrais y revenir, me glisser sous l’escalier
Me rouler dans les rideaux filaires
Et retrouver mes rêves et mes écrits
Crier dans mon royaume de verdure
Partir au Japon et revenir au téléphone
Quand famille voulait dire ne pas manger
Quand un chien n’existait pas vraiment
Quand je stressais pour une faute
Pleurais par peur de la vie
Quand je ne cherchais pas encore
Quand je fus comprise et prise par l’ange
Et m’envolais pour la première fois hors de moi
Je regrette ne pas avoir profité
De l’instant où j’étais moi
Et moi n’était qu’une fille
Et une fille était simple
Et simple était ennuyant
Je préfère encore l’ennui au désespoir
Et à la peur de ne plus savoir, jamais
Qui je suis.
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