Bonbon Violette
Je l'ai d'abord pris dans le petit sachet transparent, dans un bruit de papier froissé. J'étais quelque peu déçue d'avoir, dans ma hâte, déchiré l'emballage.
Ce bonbon à la violette était tout l'objet de mon désir, chaque jour, un bonbon. Je le choisissais soigneusement, au milieu de ses congénères. Il ne fallait pas se tromper, un seul était autorisé dans la journée. Le nez à quelques centimètres à peine, je pouvais sentir les effluves de violette. Dès l'instant où je le déposais sur ma langue, je tombais en extase. Les bords craquelés et dentellés, légèrement coupants, irritant doucement mon palais.
Son goût, si sucré et acidulé, reste gravé dans ma mémoire. La délicatesse de ce bonbon fait de lui le graal de la sucrerie. Caressant mes papilles, diffusant dans ma bouche son arôme exquis, je le sentais devenir de plus en plus petit. J'entendais le léger cliquetis lorsqu'il venait cogner contre mes dents. Oh ! Comme il est doux ce tintement à mes oreilles. Il devenait si petit que je me sentais obligée de le croquer. Pas en les broyant avec les molaires ! Certainement pas, le reste du bonbon adulé serait resté collé entre les dents, gâchant les derniers instants de plaisir. Je le prenais plutôt délicatement entre les incisives, puis le rongeais, détachant de minuscules morceaux.
Une fois le bonbon terminé, il restait ce goût si particulier, vous savez, celui qui donne envie d'y retourner. À vrai dire je mourais d'envie de le faire. Seulement j'avais bien trop peur de la voix parentale, cette voix qui sait tout, et qui vous gronderait si vous mettiez à nouveau la main dans le sachet.
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