Quatre mois ou la destruction de mon âme
Bonjour.
Comme ce message va être long ! Tu ne le liras pas en entier c’est certain et tu en rigoleras ! « Quelle sotte cette fille ! » te diras-tu. C’est exactement cette mauvaise pensée que j’avais de moi pendant les quatre mois durant lesquels nous étions ensemble.
Quatre mois de bonheur fabulé par une souffrance intérieure.
Quatre mois ou la destruction de mon âme.
Te rends-tu compte de toute la peine que je ressens en pensant à la manière dont tu me traitais ? Je paraissais inférieure à toi, et moi, je ne savais qu’acquiescer à tes discours.
Oui tu as raison je ne dois pas faire ça.
Oui tu as raison je dois changer. Changer pour qui ? Changer pour toi. C’était la seule réponse à cette question possible.
À croire que tu étais un saint qu’il fallait croire, prier, idolâtrer. Je me remettais en question pour toi, et c’est l’une des plus grosses erreurs que j’ai pu commettre avec toi. Je te donnais raison. Sur tout.
Absolument tout.
Tu aimais me rabaisser alors j’ai fini par me sentir ridicule. Tu ne supportais pas ma joie de vivre, mon petit comportement enfantin lorsque j’étais contente de voir quelque chose ou quelqu’un. Tu ne me supportais tout simplement pas. Tu ne m’acceptais pas. Alors tu as voulu me modeler à ta façon. Je me suis laissée faire et j’en ai souffert. Je me suis perdue en moi-même pour que tu m’apprécies réellement. Finalement, telle une œuvre dont le résultat ne te satisfaisait pas, tu m’as détruite et abandonnée. Comme ça, un matin du 19 mars 2020. Je me suis sentie vide. Mais je savais que tu finirais par me quitter. J’avais peur constamment que cette situation arrive et elle s’est produite. Je me rappelle du stress que je ressentais quand je voyais un des rares messages de ta part.
Jugement austère ou ignorance. C’étaient ça tes messages.
Ah !
Ok.
D’accord.
Ce n’est pas ça la vie de couple. Mais moi, je n’osais rien t’envoyer car je savais que tu trouverais encore quelque chose à critiquer. Les week-ends sans toi étaient durs. Je ne te parlais pas. C’était comme une interdiction. Si tu lui écris, tu vas finir malheureuse, une pensée trop réaliste.
Tu portais la faute sur moi. Comme d’habitude je me remettais en question.
Oui tu as raison je suis une connasse.
Tu étais toujours colérique et toujours pressé. Rares étaient les moments à deux. Plus rare encore que de gagner le jackpot à la loterie. Tu paraissais un gros lot à obtenir. Je t’ai eu, j’ai souffert.
J’ai appris hier que tu ne m’avais jamais aimée.
J’étais un jouet.
Non, j’étais encore une fois une œuvre inachevée.
Je souffre. Parce que je m’étais reconstruite en avançant dans ma vie, en tombant amoureuse d’un autre garçon. Mais toi, tu as toujours un poignard dans la main et tu vises tout le temps mon cœur.
J’ignore tous tes messages. Je lis tes « sinon tu vas bien ». Quelle audace ! Tu oses tout, toi ! Tu n’as aucune pitié. Ah non, c’est vrai, tu n’as pas d’empathie comme t’aimes bien dire. Pour une fois, tu dis quelque chose de vrai !
Une fois, tu as dit douter de mes sentiments ! Quel culot quand même en sachant désormais que toi tu ne ressentais rien à mon égard ! Tu me faisais porter le chapeau. C’est de ta faute. C’est ta façon de t’en moquer des autres. Tu te déculpabilises comme ça.
Tu te prétendais être le garçon le plus intelligent. Je te croyais. Mais j’étais en concurrence constante avec toi. Faut le battre. Faut que je sois plus forte que lui. Parce que si j’étais plus nulle que toi -et ça arrivait tout le temps- tu me tuais l’âme à nouveau. Et à ce moment-là, je me sentais affligée.
Il est beau ce gars. Tu parles, t’es surtout le plus con ! Indigne d’un petit ami. Indigne d’être en couple !
Ça me fait chier que tu ne souffres pas de notre rupture. Je dis notre mais c’est plutôt la mienne. Je me suis brisée non pas parce que je t’ai perdu, mais parce que tu m’as utilisée. Tu sais que j’étais heureuse le 19 mars ? Je me suis sentie libre, comme si je pouvais embrasser la vie à pleine bouche. J’ai même dansé avec la brique de lait. Chanson en fond. C’était hilarant mais au moins je paraissais heureuse.
J’ai l’impression de pouvoir aller n’importe où avec toi. Elle voulait exprimer ça la musique. Aller n’importe où avec un autre garçon, pas avec toi. Parce que tu me ramenais en enfer, pas ailleurs.
On me dit que j’ai du talent.
On me dit que je suis plus forte que toi.
Que je suis plus intelligente.
Pas besoin de vouloir devenir ingénieur, de comprendre la physique-chimie.
Loi de la statique des fluides qui me faisait pleurer.
Loi de Boyle-Mariotte qui m’embrouillait le crâne.
Je voulais te suivre, mais j’ai échoué dans cette matière. J’ai remis mon orientation en question. Tu n’as pas adhéré. Savoir que je me dirigeais vers des études littéraires, ça ne t’as pas plu. Pas grave, ça me plaît.
Au début j’ai hurlé quand la prof de physique a dit que c’était mort pour moi.
Mort les grandes écoles scientifiques. Prépa maths ça existait plus. J’ai pleuré.
J’ouvrais davantage mon classeur, je faisais tellement d’exercices. Mais ces calculs, je les saisissais pas. Tout se mélangeait en moi alors qu’autrefois je comprenais tout.
Quantité de matière. Volume. Masse molaire. L’intensité de pesanteur. Champ de gravitation. Trop de choses que jamais je ne pourrais énumérer. Tacher de larmes, mes cours. Tacher de larmes ces quatre mois. Manuel balancé contre le mur. Je saturais. Je pouvais tout faire pour toi. Mais tu n'as vu aucun de mes efforts. Selon toi, ils n’étaient pas suffisants. Ou trop peu sincères.
Maintenant, bonjour à hypokhâgne dans deux ans. Adieu les mathématiques. Je les aimais, moi. Mais pas la physique.
T’écrire me libère. Les larmes ont cessé de couler. Mes yeux sont bouffis. Tant pis, maintenant c’est fait. Je déteste dire ça, mais tu m’as fait du mal. Toi et uniquement toi. Je souffre à cause de tes conneries. De tes jeux enfantins. Moi je suis un homme. Toi t’es surtout un gamin.
Je ne sais pas quand je vais te pardonner. Ça arrivera parce que pour tourner la page je dois le faire. Tu ne viendras jamais t’excuser, c’est certain ça aussi. Trop dur de te remettre en question, t’es parfait, hein ? Je m’arrête à là, je vais finir par tourner en rond dans mes propos.
Ne reviens plus me parler,
Juge-toi sévèrement maintenant. C’est ta tasse de thé de faire ça normalement.
Au revoir.
P.S. : Je te cite quelques unes de tes méchancetés qui m’ont faites du mal.
Tu finiras caissière au Macdo.
Est-ce que t’as une licence en lettres ? Non, alors tu peux pas dire que ce livre est bien ou non.
T’avais cas avoir des amis.
On a déjà une journée de merde et tu arrives à la rendre encore plus merdique. (Je devais accompagner une amie à une porte ouverte dans un lycée.)
Au lieu d’essayer d’apprendre une autre langue, prends ton manuel de physique et révise.
T’as cas te payer un prof particulier parce que sinon t’y arriveras jamais.
Moi je connais quelqu’un a qui a pris cette option, elle a fini par détester ça. (Je veux prendre l'option dont il parle.)
Écoute, mon père écrit très mal parce qu’il est ingénieur alors je suis capable de lire n’importe quelle écriture.
T’as peut-être eu 19 au contrôle mais moi j’ai pas besoin de réviser pour un contrôle de maths pour y arriver. Concentre-toi sur la physique plutôt. Tu sais clairement pas gérer ton temps. Au lieu de réviser les maths, tu révises la physique. Je savais déjà faire des opérations à virgule petit.(Oui, tout ça dans une même conversation)
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